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25.09.2015 Views

un film d’aventure, dans lequel deux hommes comme vous et moi sont conduits malgré eux à accomplir des exploits. Ce sont des personnages en reconquête d’une vie qui est en train de leur échapper. Bon, leur problème à eux n’est pas très commun, c’est sûr… Ils se retrouvent au cœur d’un récit fantastique. Oui et non. Le cinéma fantastique, ce n’est pas vraiment ce que je visais. C’était même plutôt le contraire. Je voulais traiter le Graal de manière assez prosaïque. En fait, les éléments extraordinaires, ça devient drôle quand vous commencez à les prendre au sérieux : concrètement, si ça m’arrivait, je ferais quoi ? Ça m’amusait d’imaginer deux types en train de manger un kébab et de discuter de leur problème de Graal comme on parlerait d’un dégât des eaux. De toute façon, si vous mettez le Graal entre les mains de Denis Podalydès, plutôt qu’entre celles de Harrison Ford, vous allez forcément obtenir quelque chose de décalé. Et c’est sur ce mode-là que je voulais traiter le fantastique. Le décalage, mais pas le désenchantement… Exactement. Les objets qui nous font rêver, quand on met la main dessus, c’est toujours un peu… pas forcément décevant, mais pas comme on l’imaginait. Quand j’ai commencé à écrire le film, je voulais mettre de côté l’aspect attendu du Graal, mystique et grandiose, mais je me disais que ce serait dommage de se priver d’un peu de magie. D’où l’idée d’en faire quelque chose d’humble mais qui produit de la légèreté. Littéralement, puisque, quand ils le tiennent, les personnages s’envolent ! Je voulais faire un film bondissant. Mon modèle, c’était le fantastique poétique de Buster Keaton, par exemple dans Cadet d’eau douce, quand il décolle à bord d’un arbre arraché par l’ouragan. Dans votre film, les personnages féminins, même s’ils ne sont pas au premier plan, sont tous des personnages vaillants, ce sont des femmes conquérantes. Pour quelles raisons avez-vous choisi de porter un tel regard sur ces femmes ? Il n’y a qu’au cinéma, franchement, que ça fonctionne encore, le partage classique entre hommes forts et femmes faibles. Dans la vie, dans la mienne en tout cas (j’ai trois soeurs-bulldozers), c’est plutôt tout le contraire. Alors, dans le cadre d’un film d’aventure, c’était amusant d’inverser le cliché patriarcal : Galaad et Noé ne sont pas taillés pour l’action, malgré des prénoms qui les relient à une tradition héroïque, à un héritage écrasant. Tandis que les jeunes femmes qu’ils croisent, elles, ont de l’aplomb et du caractère, des héritières d’Errol Flynn en quelque sorte ! Pourquoi vos héros sont-ils demi-frères ? Ma sœur aînée a dix ans de plus que moi, elle a quitté la maison alors que je n’avais que six ou sept ans. On ne se voit pas souvent, elle est chef d’entreprise, vit à Bordeaux, a un faible

un film d’aventure, dans lequel deux hommes comme vous et moi sont conduits malgré eux à<br />

accomplir des exploits. Ce sont des personnages en reconquête d’une vie qui est en train de<br />

leur échapper. Bon, leur problème à eux n’est pas très commun, c’est sûr…<br />

Ils se retrouvent au cœur d’un récit fantastique.<br />

Oui et non. Le cinéma fantastique, ce n’est pas vraiment ce que je visais. C’était même plutôt<br />

le contraire. Je voulais traiter le Graal de manière assez prosaïque. En fait, les éléments<br />

extraordinaires, ça devient drôle quand vous commencez à les prendre au sérieux : concrètement,<br />

si ça m’arrivait, je ferais quoi ? Ça m’amusait d’imaginer deux types en train de manger un<br />

kébab et de discuter de leur problème de Graal comme on parlerait d’un dégât des eaux.<br />

De toute façon, si vous mettez le Graal entre les mains de Denis Podalydès, plutôt qu’entre<br />

celles de Harrison Ford, vous allez forcément obtenir quelque chose de décalé. Et c’est sur ce<br />

mode-là que je voulais traiter le fantastique.<br />

Le décalage, mais pas le désenchantement…<br />

Exactement. <strong>Les</strong> objets qui nous font rêver, quand on met la main dessus, c’est toujours un<br />

peu… pas forcément décevant, mais pas comme on l’imaginait. Quand j’ai commencé à écrire<br />

le film, je voulais mettre de côté l’aspect attendu du Graal, mystique et grandiose, mais je me<br />

disais que ce serait dommage de se priver d’un peu de magie. D’où l’idée d’en faire quelque<br />

chose d’humble mais qui produit de la légèreté. Littéralement, puisque, quand ils le tiennent, les<br />

personnages s’envolent ! Je voulais faire un film bondissant. Mon modèle, c’était le fantastique<br />

poétique de Buster Keaton, par exemple dans Cadet d’eau douce, quand il décolle à bord d’un<br />

arbre arraché par l’ouragan.<br />

Dans votre film, les personnages féminins, même s’ils ne<br />

sont pas au premier plan, sont tous des personnages vaillants,<br />

ce sont des femmes conquérantes. Pour quelles raisons<br />

avez-vous choisi de porter un tel regard sur ces femmes ?<br />

Il n’y a qu’au cinéma, franchement, que ça fonctionne encore, le partage classique entre hommes<br />

forts et femmes faibles. Dans la vie, dans la mienne en tout cas (j’ai trois soeurs-bulldozers),<br />

c’est plutôt tout le contraire. Alors, dans le cadre d’un film d’aventure, c’était amusant d’inverser<br />

le cliché patriarcal : Galaad et Noé ne sont pas taillés pour l’action, malgré des prénoms qui<br />

les relient à une tradition héroïque, à un héritage écrasant. Tandis que les jeunes femmes qu’ils<br />

croisent, elles, ont de l’aplomb et du caractère, des héritières d’Errol Flynn en quelque sorte !<br />

Pourquoi vos héros sont-ils demi-frères ?<br />

Ma sœur aînée a dix ans de plus que moi, elle a quitté la maison alors que je n’avais que six<br />

ou sept ans. On ne se voit pas souvent, elle est chef d’entreprise, vit à Bordeaux, a un faible

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