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N° 2, 2008 - Imso.be

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JUBILATION.<br />

Un départ pour la retraite comme le mien, après si longtemps d’amour, ne<br />

commence pas, vous vous en doutez, à la fin de son dernier jour de travail,<br />

mais bien avant. Et, puisque partir c’est mourir un peu, j’avais décidé de<br />

commencer à mourir environ un an et demi avant le jour fatidique où, pour<br />

la dernière fois, je remettrais les pieds de mon dernier patient sur leurs<br />

repose‐pied. Ce moyen pour mourir un peu, ce fut, pour moi, d’écrire<br />

beaucoup.<br />

Les hommes ont fait, au cours de l’évolution des espèces, un pas important,<br />

celui de la réflexion. Ce pas entraîne, en corollaire, que l’homme n’a pas la<br />

liberté de ne pas réfléchir. Condamné, donc, à réfléchir, j’exprime ici le<br />

résultat de ma réflexion ; par le truchement de l’écriture, et non par celui de<br />

la conversation ; car avez‐vous remarqué, cher lecteur, que lors des échanges<br />

verbaux, les interlocuteurs s’emballent facilement, qu’on « tique » sur un<br />

mot, qu’on bute sur une phrase, que parfois les bons amis se regardent de<br />

travers ? Le texte a l’avantage sur la parole qu’on peut peser ses mots, ne les<br />

lâcher qu’après avoir tourné sept fois sa plume (Ou son ordinateur) dans sa<br />

main. Par la voie de l’écriture, on a le calme et le temps nécessaires pour<br />

essayer d’élaborer sa pensée et pour tâcher de la formuler de manière à ce<br />

qu’elle soit susceptible d’être bien comprise par autrui. Et, même ainsi, on<br />

risque encore d’être mal entendu, soit parce que le lecteur vous lit au<br />

premier degré, soit parce qu’il est de mauvaise foi, soit encore parce qu’il ne<br />

possède pas bien votre langue…<br />

Une réflexion de Voltaire m’est toujours présente à l’esprit : « Parlez ou<br />

taisez‐vous, de toute façon vous serez condamné ». J’avais donc entrepris de<br />

coucher sur le papier ce que j’avais vécu à M. pendant les trente huit ans et<br />

sept mois où j’y avais travaillé. Et puis, si j’avais gardé le silence, c’est que<br />

les hommes auraient fait ce pas de la réflexion pour rien. Par surcroît, si on<br />

reprend le texte de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de<br />

1789, (auquel la Belgique a adhéré), on trouve, à l’article XI : « La libre<br />

communication des pensées et des opinions est un des droits les plus<br />

précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer<br />

librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés<br />

par le loi. ». Ayant connaissance de cet article important, j’ai trouvé le<br />

IMSO 2008/2 41

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