Le Magazine du Trail - Generation-Trail
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THE TRACK OUTBACK RACE :<br />
AUSTRALIA’ S WILDERNESS<br />
Avant d’être transformés en Forrest Gump sur ces<br />
larges bandes de bitume, nous en avons parcouru<br />
des kilomètres, plus sauvages encore, à travers<br />
l’Outback. Avalés les dénivelés des premiers jours<br />
sur le rocailleux Laperanta <strong>Trail</strong>, vaincus les galets et<br />
le sable <strong>du</strong> lit de la rivière que nous avons suivie<br />
pendant plusieurs difficiles étapes.<br />
Ces 520 kilomètres ne sont pas roulants, loin de là.<br />
Surtout avec des sacs à dos chargés de la nourriture<br />
qui doit nous servir à nous recharger en énergie<br />
chaque soir au bivouac. La plongée dans l’Australie<br />
profonde se mérite. Nous en avons bavé : après les<br />
rocailles des deux premières étapes, ce sont les<br />
galets et le sable <strong>du</strong> lit de rivière qui nous ont ralentis.<br />
Nombreux sont ceux qui ont eu les pieds abîmés.<br />
<strong>Le</strong>s bivouacs, parfois installés dans de très beaux<br />
endroits, au bord de la rivière, parfois aussi posés<br />
sur les cailloux au milieu <strong>du</strong> bush, ne nous ont pas<br />
permis de récupérer de façon optimale. Qu’importe,<br />
tout le monde poursuit sa course. Certains, hors<br />
délais depuis longtemps, ne pourront pas effectuer<br />
toute la distance mais l’organisation s’est adaptée<br />
intelligemment et leur a proposé de faire ce qu’ils<br />
pouvaient, établissant un classement au kilomètre.<br />
A chacun son défi donc et tout le monde reste dans<br />
la course. Pour nous, le défi reste d’accomplir ces<br />
dernières étapes avec la meilleure performance<br />
possible, ou presque.<br />
En tous les cas nous avançons. Il faut dire que les<br />
distractions ne sont pas légions sur cette portion <strong>du</strong><br />
parcours. <strong>Le</strong> paysage de savane est certes beau,<br />
mais un peu monotone. Des arbustes, des herbes et<br />
une terre ocre rouge. Peu de bêtes : quelques<br />
troupeaux, des chevaux sauvages, des dromadaires.<br />
J’ai eu la chance de voir un kangourou hier, mais ils<br />
sont bien discrets par ici. Une voiture se porte à<br />
notre hauteur et ses occupants nous demandent ce<br />
que nous faisons. Nous leur expliquons. Ils sont tout<br />
à fait admiratifs et nous offrent à chacun une petite<br />
bouteille d’eau. Nous ne pouvons, devant leur<br />
enthousiasme et vu notre soif, qu’accepter cette<br />
légère entorse au règlement. Ils compteront ainsi<br />
dans les rares personnes rencontrés depuis notre<br />
départ.<br />
La plongée dans la «wilderness» australienne<br />
implique en effet une vie solitaire, ou en l’occurrence<br />
une vie de groupe en vase clôt. Bivouacs rustiques,<br />
feux de camp partagés sont au programme. <strong>Le</strong>s<br />
soirées ne sont pas longues, la nuit tombe vite et on<br />
vit avec le soleil, mais l’ambiance est conviviale. <strong>Le</strong>s<br />
conditions de vie sont rustiques, certains s’adaptent<br />
sans problèmes, d’autres vivent ça plus mal. Ça fait<br />
partie de la course. Christophe <strong>Le</strong> Saux, qui caracole<br />
en tête de l’épreuve et doit avoir à l’heure actuelle<br />
avalé cette ligne droite de bitume pour replonger sur<br />
les pistes en latérite, cailloux et sable qui mènent à<br />
l’arrivée de l’étape, est parfaitement à l’aise dans ces<br />
conditions. Dormir par terre ne le dérange pas, peu<br />
manger ne le prive pas d’énergie, courir avec un sac<br />
ne le soucie pas, ses pieds ne s’abîment pas sur les