28.08.2015 Views

T

partie 1 - Région Haute Normandie

partie 1 - Région Haute Normandie

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

INVENTAIRE DU PATRIMOINE<br />

T<br />

hermalisme<br />

&<br />

balnéothérapie<br />

en Haute-normandie au XIX e siècle<br />

S e soigner par l’eau et l’air marin<br />

au temps des impressionnistes<br />

Exposition réalisée par la Région Haute-Normandie, Service Inventaire et Patrimoine,<br />

dans le cadre de Normandie Impressionnisme<br />

Conception et textes : Viviane Manase, Edouard Chartier Duraincy<br />

Photographies : Christophe Kollmann, Yvon Miossec.<br />

Mise en page : Denis Couchaux.<br />

Sources iconographiques : Archives départementales de Seine-Maritime ; Archives<br />

Municipales de Dieppe ; Bibliothèque Nationale de France ; Bibliothèque Municipale<br />

de Rouen ; Château-Musée de Dieppe ; Collections particulières ; Médiathèque<br />

de l’Architecture du Patrimoine, Paris ; Médiathèque J. Renoir de Dieppe<br />

(Fonds ancien et local) ; Musée Canel de Pont-Audemer ; Musée de Fécamp ;<br />

Musée de Normandie, Caen ; Musée des Beaux Arts de Dijon ;<br />

Musée des Beaux Arts de Lyon ; Musée des Beaux Arts de Troyes ;<br />

Musées historiques du Havre ; Metropolitan Museum of Art, New York.<br />

© 2013, Inventaire général du patrimoine culturel, Région Haute-Normandie.<br />

Estivants sur la plage, détail,<br />

photographie, par les frères<br />

Séeberger, 1 er quart XX e siècle<br />

(Médiathèque de l'Architecture<br />

et du Patrimoine, Paris).


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

I<br />

ntroduction<br />

Les bienfaits de l’eau – en bains, en vapeur ou à consommer – se partagent entre besoins<br />

élémentaires d’alimentation et d’hygiène, vocation thérapeutique et plaisirs du corps, agrémentés<br />

pour ceux qui en profitent de temps consacrés au repos, aux promenades et aux<br />

divertissements en société. De ces pratiques médicales, ludiques et sociales sont nés ou se<br />

sont épanouis au XIX e siècle des lieux particuliers, conçus et aménagés en fonction d’une<br />

clientèle urbaine de curistes et/ou d’estivants venue spécialement y séjourner. Cette adaptation<br />

à un usage précis, pour un mode de vie original mais temporaire à l’attention d’une<br />

population exogène a généré une architecture nouvelle, des équipements et un urbanisme<br />

spécifiques. Elle est à l’origine d’une profonde mutation du littoral et des sites thermaux,<br />

mais constitue aussi le point de départ de ce qui deviendra plus tard notre propre société<br />

de loisirs.<br />

Cette exposition a ainsi pour ambition d’évoquer la dimension thérapeutique des stations<br />

de Haute-Normandie qui, tout au long du XIX e siècle, ont su attirer les malades et les<br />

baigneurs-estivants en leur proposant cures thermales et hydrothérapie, ancêtres de la<br />

thalassothérapie. Les établissements thermaux exploitant des sources minérales et ceux<br />

dévolus aux bains d’eau de mer - froids ou chauds, en mer ou en intérieur – révèlent ainsi<br />

une grande diversité de prestations et une attrayante richesse architecturale. Leur étude<br />

dévoile en filigrane la progressive évolution vers une spécialisation des services et édifices,<br />

dissociant soins, loisirs offerts par les casinos, et sports. La station thermale de Forges-les-<br />

Eaux fréquentée dès le XVI e siècle, la vingtaine de stations balnéaires apparue le long de la<br />

Côte d’Albâtre, à la suite de celle de Dieppe, pionnière en la matière, mais aussi le plus tardif<br />

Sanatorium des Grandes Dalles trouveront ainsi toute leur place dans cette exposition.<br />

1. Baigneurs sur la plage, vers 1880, dessin aquarellé,<br />

par Albert (Château-Musée de Dieppe).<br />

2. Vue du « Palais d’été » de l’établissement thermal<br />

de Forges-les-Eaux, projet en partie réalisé (grotte),<br />

attribué à Henri Fivaz, dessin aquarellé vers 1901<br />

(A. D. Seine-Maritime, Fonds Fivaz).<br />

3. Vue des Bains du Tréport, lithographie par Deroy,<br />

vers 1855, extraite de La France en miniature (Musée<br />

Canel, Pont-Audemer).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 2/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

Etablissement de bains édifié<br />

en 1822 : Vue des Bains<br />

de mer, lithographie par<br />

Ch. Rivière, vers 1850<br />

(Médiathèque de Dieppe,<br />

fonds ancien et local).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 2/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

F<br />

orges-les-Eaux<br />

station thermale<br />

Les vertus curatives des eaux ferrugineuses de Forges-les-Eaux sont découvertes en 1573, recommandées<br />

en boissons pour le traitement de la stérilité, de l’anémie et de l’hydropisie. En 1633 les cures de Louis<br />

XIII, de la reine Anne d’Autriche et de Richelieu assoient la célébrité des eaux « claires, lumineuses et<br />

bienfaisantes » de Forges. Du XVII e au XIX e siècle, la station thermale est fréquentée essentiellement par<br />

la Cour et la haute bourgeoisie parisienne, et devient un véritable lieu de mondanités. Les soins thermaux<br />

s’accompagnent très vite de festivités et de jeux.<br />

En 1783 les cures de Forges deviennent payantes sous l’impulsion de Pierre Cisseville, issu d’une longue<br />

lignée de médecins-fontainiers du site depuis 1692, désormais propriétaire des sources. Après la<br />

construction du premier établissement thermal de Forges en 1842, agrandi en 1847 (L. A. Flandre,<br />

entrepreneur), on peut désormais prendre les eaux de Forges sous la forme de bains. En 1872 le premier<br />

casino de Forges-les-Eaux est bâti mais, détruit en 1896 par un incendie, il est remplacé par un nouvel<br />

édifice dessiné par l’architecte parisien Henri Fivaz, et inauguré en 1902. Très transformé depuis, le<br />

casino est de nos jours la propriété du groupe Partouche.<br />

1. Plan du bourg de Forges, gravure de la Collection<br />

Gaignières, 1696 (Bibliothèque Nationale de France).<br />

Entouré de ses jardins, le couvent des Capucins était dès<br />

1650 le lieu privilégié des fêtes et divertissements des<br />

curistes. Une allée bordée d’arbres servait de promenade<br />

menant aux trois sources isolées par le fontainier du roi<br />

Louis XIII, l’italien Thomas de Francini.<br />

2. Plan parcellaire de l’établissement thermal de Forgesles-Eaux,<br />

appartenant à M. Baudry, propriétaire, par<br />

le géomètre-expert Henri Prestaux, le 13 août 1901.<br />

(A. D. Seine-Maritime, Fonds Fivaz).<br />

Reconstruction de l’établissement thermal par Henri Fivaz<br />

vers 1901-1902, au sein d’un parc paysager avec lac.<br />

On y découvre l’enclos des sources (1), un kiosque de<br />

dégustation (2), l’établissement hydrothérapique (3), le<br />

casino (4), des cours de tennis (5), la villa Richelieu (6),<br />

un lotissement de villas (7), un hôtel (8), la grotte (9).<br />

3. Vue de l’établissement des eaux de Forges, gravure.<br />

Premier édifice d’hydrothérapie de Forges-les-Eaux<br />

(Bibliothèque Municipale de Rouen).<br />

Vers 1842 est construit un édifice abritant des cabinets<br />

de bains avec baignoires et douches, de part et d’autre<br />

d’un « salon de conversation » élégamment meublé,<br />

donnant sur des jardins. De style classique, il sera<br />

régulièrement agrandi.<br />

4. Forges-les-Eaux, Etablissement d’hydrothérapie<br />

construit par Henri Fivaz, carte postale (Coll. part.).<br />

Ce bâtiment imposant comprenait à l’arrière une vaste<br />

rotonde abritant les cabinets de bains, donnant<br />

vraisemblablement sur un espace central largement<br />

éclairé par les baies du lanterneau.<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 4/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

En fond : détail de la vue du « Palais d’été »<br />

de l’établissement thermal de Forges-les-Eaux,<br />

projet en partie réalisé (grotte) attribué<br />

à Henri Fivaz, dessin aquarellé vers 1901<br />

(A. D. Seine-Maritime, Fonds Fivaz).<br />

L’architecte Henri Fivaz conçoit un<br />

spectaculaire projet, non réalisé, de casino,<br />

avec salle de spectacles, rappelant l’Opéra<br />

Garnier. Cette aquarelle propose une version<br />

simplifiée de ce projet non abouti, dans un<br />

style néo-classique. La grotte sera réalisée :<br />

les curistes y buvaient l’eau des sources.<br />

1. et 2. Vues du casino finalement bâti,<br />

avec l’entrée de la grotte surmontée<br />

d’un kiosque, cartes postales, vers 1910<br />

(A. D. Seine-Maritime).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 5/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

1. Gravure de la Collection Gaignières : Les sources (détail)<br />

(Bibliothèque Nationale de France) L’avenue menant du couvent<br />

des Capucins aux sources, aménagée en promenade, débouche<br />

sur l’enclos des trois sources nommées La Reinette, La Royale<br />

et La Cardinale, en l’honneur des curistes les plus illustres<br />

de Forges. Isolées chacune dans un bassin individuel, elles<br />

émergeaient au fond d’une cour en soubassement. Leur teneur<br />

en fer différait sensiblement, la plus ferrugineuse étant<br />

la Cardinale. A proximité un pavillon offrait aux curistes un abri<br />

et le confort de deux salles chauffées.<br />

2. Etablissement hydrothérapique, carte postale (coll.part.).<br />

A partir de 1842, le nombre de cabinets avec baignoires ne<br />

cesse d’augmenter, passant de 4 à 8 en 1851, à 16 en 1867,<br />

tandis que l’appareillage et les soins de l’établissement se<br />

perfectionnent, proposant des douches « locales ou intra-utérines »<br />

et des massages. En 1902, un nouvel édifice réservé à<br />

l’hydrothérapie présente une rotonde largement vitrée et deux<br />

ailes renfermant les cabinets de bains, à proximité immédiate<br />

de l’enclos où se trouvaient les sources.<br />

F<br />

orges-les-Eaux<br />

la cure thermale<br />

3. Grotte, buveurs d’eau, carte postale (coll. part.).<br />

La construction par l’architecte Henri Fivaz d’un « Palais d’été »<br />

à usage de casino et de salle de spectacles, ouvert en 1902,<br />

est l’occasion de creuser sous cet édifice une grotte artificielle,<br />

dans la veine des jardins pittoresques. Ce lieu rustique évoquant<br />

les entrailles de la terre était particulièrement adapté à la prise<br />

des eaux de sources.<br />

Dès 1631 le protocole de cure des eaux de Forges-les-Eaux est fixé : afin de soigner surtout<br />

les stérilités féminines, les calculs et l’anémie, il est conseillé de boire lentement les eaux<br />

ferrugineuses des sources tout en se promenant, et d’y associer une hygiène de vie faite de<br />

calme, de repos et d’occupations telle la conversation. Ce thermalisme « déambulatoire » et<br />

sociable est favorisé par la mise à disposition des jardins du proche couvent des Capucins,<br />

faisant aussi office de « salons » de jardin et d’espaces utilisés pour des spectacles de plein<br />

air. Ce même établissement proposait également des salles pour des divertissements moins<br />

« calmes », fêtes, bals et jeux. L’usage des eaux sous la forme de bains et de douches<br />

n’apparait à Forges qu’à partir de 1842, à l’intérieur de bâtiments hydrothérapiques<br />

successifs de plus en plus vastes, offrant des traitements de plus en plus sophistiqués.<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 6/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

L<br />

es eaux thermales<br />

de Rouen<br />

1. Vue de l’agréable situation des eaux<br />

minérales de Saint-Paul, extraite de Dissertation<br />

ou lettre écrite à M. Poirier… touchant la nature<br />

et les effets des eaux minérales et médicinales<br />

de Saint-Paul de Rouen, par Michel Estard,<br />

1707 (Bibliothèque Municipale de Rouen).<br />

A l’instar des sources de Forges-les-Eaux,<br />

celles de Saint-Paul de Rouen se situaient près<br />

d’un pavillon abritant les curistes, au sein d’un<br />

jardin. Une longue allée à usage de promenade<br />

y menait, formant une terrasse dominant la<br />

Seine, interrompu par un escalier avec fontaine.<br />

La mise en place dès le XVI e siècle d’une adduction d’eau performante<br />

permet la découverte à Rouen de douze sources minérales. Si celle de<br />

la Maresquerie est exploitée à partir du XVII e siècle à des fins<br />

thermales, ce sont les eaux du prieuré Saint-Paul et de ses abords qui,<br />

découvertes en 1604, seront les plus abondantes et les plus renommées.<br />

Durant deux siècles, leurs propriétaires successifs cherchent vainement<br />

à concurrencer la brillante station thermale de Forges-les-Eaux. D’un<br />

intérêt curatif moindre, ces sources finissent par être exploitées à des<br />

fins plus festives que thermales : leurs propriétaires y organisaient des<br />

fêtes et des feux d’artifices afin d’y attirer une clientèle plus nombreuse.<br />

Les eaux thermales de Rouen disparaissent définitivement en 1903.<br />

2. Les Eaux de Saint-Paul à Rouen, plan<br />

d’ensemble, par l’architecte Gilbert, 1763<br />

(A. D. Seine-Maritime).<br />

Près des fontaines, l’établissement abrite<br />

une salle de réunion séparant cabinets et<br />

« estuves », tandis qu’un grand jardin bordant<br />

la Seine invite à la promenade et aux jeux<br />

de quilles.<br />

En fond : plan de « Rouen. Ville capitale<br />

de Normandie », par Nicolas de Fer, 1709<br />

(A. D. Seine-Maritime).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 7/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

L<br />

a cure balnéaire<br />

Les origines<br />

Née en Angleterre au début du XVIII e siècle, la balnéothérapie, traitement<br />

médical basé sur la combinaison bains de mer-air marin, apparait sur le<br />

continent à partir des années 1770-1780, à Dieppe ou encore Boulognesur-Mer.<br />

Les bains de mer étaient prescrits pour soigner la rage, la folie,<br />

les maladies de peau, la stérilité féminine, les maladies des nerfs, les<br />

problèmes de motricité etc. Le « bain à la lame », c’est-à-dire l’immersion<br />

dans la mer, était une pratique à son origine assez éprouvante. Deux<br />

« guides-baigneurs » plongeaient brusquement chaque malade à la<br />

renverse dans les vagues, nu, à plusieurs reprises ; selon le corps médical,<br />

les contractions dues au froid et à la terreur ressentis participaient à la<br />

guérison. Ces « bains froids » pouvaient s’effectuer également à l’aide de<br />

cabines roulantes conduites dans la mer, inspirées des bathing machines<br />

anglaises.<br />

1. Guide-baigneur de Dieppe, lithographie<br />

(Médiathèque de Dieppe, Fonds ancien et local).<br />

Les guides-baigneurs existent à Dieppe dès<br />

le XVII e siècle. Nommés officiellement par<br />

les autorités, ils sont reconnaissables au XIX e<br />

siècle par un uniforme particulier, différent<br />

d’un site balnéaire à l’autre.<br />

2. Vue des Bains du Tréport, détail des cabines<br />

roulantes, lithographie par Deroy, vers 1855,<br />

extraite de La France en miniature (Musée Canel,<br />

Pont-Audemer).<br />

Mentionnées pour la première fois à Dieppe en<br />

1771, les cabines de bains mobiles suivaient<br />

les marées : elles permettaient ainsi de prendre<br />

des bains dans la mer en s’exposant le moins<br />

possible aux regards des autres et avec un<br />

minimum de sécurité car très peu de baigneurs<br />

savaient nager. Certains modèles comportaient<br />

même une baignoire « ouverte », à balustres,<br />

sous la caisse de la cabine, offrant le confort<br />

d’un bain sans même sortir de la cabine.<br />

3. Bains de Dieppe, côté des hommes,<br />

par L. Garneray, entre 1822 et 1857,<br />

(Château-Musée de Dieppe).<br />

La mixité ayant longtemps été interdite lors<br />

de la prise des bains de mer, la plage se<br />

trouvait strictement délimitée en deux parties,<br />

l’une réservée aux hommes et l’autre aux<br />

femmes, avec une zone médiane assez large<br />

pour éviter les regards indiscrets.<br />

4. Pavillon de bains sur la plage de Dieppe,<br />

et transport d’un malade à la mer, gravure,<br />

XIX e siècle (A. D. Seine-Maritime, Collection<br />

d’illustrations).<br />

En fond : costumes de bains pour les Dames,<br />

lithographie par Jaime, 1830 (Médiathèque<br />

de Dieppe, Fonds ancien et local).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 8/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

L<br />

a cure balnéaire<br />

Les bains froids<br />

Même si déjà dans les années 1820, la duchesse de Berry s’ébattait<br />

joyeusement dans la Manche, à Dieppe, le plaisir de la baignade ne<br />

prendra le pas sur les aspects curatifs des bains de mer qu’à partir de la<br />

seconde moitié du XIX e siècle. Les photographies et les nombreuses<br />

cartes postales éditées à la Belle Epoque illustrent bien l’engouement des<br />

familles pour la mer et la plage, tandis que parallèlement l’apprentissage<br />

de la natation se généralise. Emblématiques des bains de mer en<br />

Normandie, les « chemins de bois » posés sur le galet et les cabines de<br />

bains évoquent un mode de vie estival qui préfigure le nôtre.<br />

1. Plage et cabines de bains aux Petites-Dalles,<br />

carte postale, vers 1910 (Coll. part.).<br />

2. Bains de mer à Dieppe, photographie, par<br />

Georges Marchand, vers 1910 (Médiathèque<br />

de Dieppe, Fonds ancien et local).<br />

3. Terrasse du casino et plage d’Etretat,<br />

carte postale, vers 1910 (Coll. part.).<br />

4. Les cabines de Criel-Plage, carte postale,<br />

vers 1920-1930 (Coll. part.).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 9/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

L<br />

a cure balnéaire<br />

Les établissements<br />

hydrothérapiques<br />

Le mode d’administration de l’eau de mer se diversifie durant le XIX e<br />

siècle, en usage externe partiel ou total, en compresses et même en<br />

boissons (coupées d’eau douce ou de lait !). Est ainsi proposée une large<br />

gamme de douches ou bains chauds, à l’eau de mer ou douce, incluant<br />

des bains de vapeur, des bains au varech, etc. Entre les deux guerres,<br />

l’héliotropisme – recherche des bienfaits du soleil - va naturellement<br />

compléter les effets curatifs des séjours balnéaires. « Air, lumière,<br />

ensoleillement, repos et contemplation de la nature » constituent les<br />

ferments indispen-sables d’une cure balnéaire réussie.<br />

Cette spécialisation des soins donne lieu à l’émergence d’établissements<br />

hydrothérapiques, en marge des casinos et des édifices voués aux bains<br />

froids. Ces équipements médicaux marquent la scission qui s’opère alors<br />

entre soins et distractions balnéaires, et annoncent la naissance des<br />

sanatoriums et des centres de thalassothérapie. Cependant subsistent<br />

encore un temps des salles d’hydrothérapie comprises dans le casino,<br />

comme c’est le cas à Saint-Valéry-en-Caux, à Yport, ou encore à Etretat<br />

où le casino renfermait vers 1880 deux douches et huit cabinets de bains.<br />

1. Etablissement hydrothérapique de Dieppe, détail, photographie<br />

signée DA, 1875 (Médiathèque de Dieppe, Fonds ancien et local).<br />

Edifié en 1858 par l’architecte Leclerc à côté du casino, cet<br />

établissement propose comme traitements des « sudations,<br />

enveloppements, étuves sèches, douches en poussière, en colonne,<br />

douches ascendantes, bains de flots », etc.<br />

2. Les « Bains chauds » de Dieppe, photographie, vers 1900<br />

(Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, Paris, repro.<br />

DAPA, C. Frontera).<br />

3. Plan, par A. Charpentier, 1887 (A. M. Dieppe).<br />

Mis en place dès 1821-1827, l’établissement dieppois dévolu<br />

aux Bains chauds est repris en 1887 par l’architecte A. Charpentier.<br />

Si l’on y prend notamment des bains de vapeur et des bains<br />

sulfureux dès 1855, une (petite) piscine d’eau de mer y est<br />

désormais accessible, ainsi que des cabinets de massage, d’air<br />

chaud et de vapeur, une douche pulvérisée et une « douche<br />

de cercle », émanations de l’évolution de la balnéothérapie.<br />

4. Casino de Saint-Valéry-en-Caux, carte postale, vers 1910<br />

(Coll. part.)<br />

Cet établissement mis en en place dès 1848 a été régulièrement<br />

agrandi au cours du XIXe siècle par des ajouts successifs d’édifices<br />

en bois et en brique. En 1879 il bénéficie d’un « établissement<br />

complet d’hydrothérapie ».<br />

En fond : détail de l’établissement hydrothérapique de Dieppe,<br />

coupe des bassins, par Leclerc, le 8 décembre 1857<br />

(Médiathèque de Dieppe, Fonds ancien et local).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 10/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

1. Sanatorium des Grandes Dalles, bains<br />

de mer chauds au varech, carte postale<br />

(A. D. Seine-Maritime).<br />

Les bains d’eau de mer chauds au varech,<br />

en baignoires, ou la marche dans la mer font<br />

partie intégrante des traitements contre<br />

la tuberculose osseuse ou ganglionnaire<br />

traitée au Sanatorium des Grandes Dalles,<br />

ouvert pour les enfants en 1924.<br />

En fond : sanatorium des Grandes Dalles,<br />

malades sur la plage, carte postale, vers 1930<br />

(A. D. Seine-Maritime).<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 11/25


THERMALISME ET BALNÉOTHÉRAPIE EN HAUTE-NORMANDIE AU XIX E SIÈCLE<br />

D<br />

ieppe<br />

station balnéaire<br />

1. Vue générale de la plage vers 1860, lithographie<br />

par Deroy (Musée Canel, Pont-Audemer).<br />

L’éphémère mais luxueux établissement des Bains de mer ouvert en 1776 sur<br />

le modèle anglais, précurseur dans ce domaine, fait de Dieppe la plus ancienne<br />

station balnéaire de France. Jusqu’à nos jours vont donc se succéder sur la<br />

plage dieppoise des établissements de Bains puis de spectaculaires casinos,<br />

tandis que parallèlement des édifices spécifiques consacrés aux bains d’eau de<br />

mer chauds ou aux bains d’eau douce apparaissent, offrant aux malades des<br />

traitements médicaux de plus en plus spécialisés et complexes.<br />

2. Portrait de la duchesse de Berry (Médiathèque<br />

de Dieppe, fonds ancien et local). Les séjours dieppois<br />

de la duchesse de Berry de 1824 à 1829 confèrent<br />

à la station naissante renommée et élégance,<br />

et introduisent sur le continent la vogue des Bains<br />

de mer.<br />

3. Etablissement de bains édifié en 1822 : Vue des<br />

Bains de mer, lithographie par Ch. Rivière, vers 1850<br />

(Médiathèque de Dieppe, fonds ancien et local).<br />

Après un modeste établissement de Bains froids<br />

installé dès 1809 dans un hangar, face à la mer,<br />

cet élégant édifice en bois le remplace en 1822<br />

(architecte P. Chatelain). Véritable prototype de<br />

ce type d’établissements en France, il est composé<br />

d’une longue galerie de promenade reliant trois<br />

pavillons. En forme d’arc de triomphe, le pavillon<br />

central était couvert d’une terrasse où se produisait<br />

un orchestre. A gauche, le pavillon réservé aux dames<br />

leur proposait un lieu de repos, un salon<br />

de « conversation », de lecture et de correspondance.<br />

A droite le pavillon consacré aux messieurs renfermait<br />

un salon avec billard. Un hôtel des Bains chauds,<br />

en bordure de ville, complétait cet édifice, avec<br />

des logements et une salle de bal.<br />

4. Casino construit en 1857 : Vue des Bains, côté mer,<br />

vers 1857, lithographie par Deroy, vers 1857, extraite de<br />

La France en miniature (Musée Canel, Pont-Audemer).<br />

En 1857, un nouvel établissement est élevé sur la<br />

plage (architecte L. Lehmann), selon le même modèle<br />

à trois pavillons. La rotonde centrale est cependant<br />

une salle réservée aux jeux, concerts ou spectacles.<br />

Souvent comparé au célèbre Crystal Palace de<br />

Londres, son architecture métallique et ses grandes<br />

parois de verre lui assurent une luminosité<br />

spectaculaire. L’année suivante, un établissement<br />

d’hydrothérapie construit à proximité prend en charge<br />

les bains de mer chauds.<br />

INVENTAIRE<br />

GÉNÉRAL DU<br />

PATRIMOINE<br />

CULTUREL<br />

RÉGION<br />

HAUTE-<br />

NORMANDIE<br />

2013 - 12/25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!