OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)
ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine339des autres, que tout le travail que cette personne accomplit pour gagner cet argent. D'oùla recherche de lieux de loisir inaccessibles à ceux qui n'en ont pas les moyens et oùl'on doit absolument être vu. Les côtes, encore presque désertes au XIX e siècle,permettent un déplacement et un isolement géographiques propices à la ségrégation et àla différentiation sociale. De plus, certaines stations balnéaires, comme Saint-Sébastienou Santander, sont validées en tant que lieux où il est de bon ton de se rendre et de semontrer à cause de la présence de l'aristocratie qui reste le modèle et l'exemple à suivre.Dans ces villes, on trouve de multiples lieux de loisir encore plus exclusifs et encoredavantage réservés à ceux qui ont de l'argent. Ces lieux concentrent et proposentplusieurs types de loisirs onéreux comme les casinos, les restaurants et les hôtels deluxe... On s'y livre à une concurrence féroce pour chercher à briller davantage que sonvoisin, d'où l'ostentation qui y est constamment déployée. Il s'agit aussi de s'attirer lesbonnes grâces de ceux qui sont placés plus haut dans l'échelle sociale et de pouvoiréviter de se compromettre avec ceux que l'on juge être placés plus bas que soi. Le jeudes apparence permet une rentabilisation sociale de cette ostentation.Pour en revenir au littoral, on peut observer qu'au fur et à mesure que la mode desbains de mer s'installe, ces lieux répondent de plus en plus à ces besoins de loisir etd'ostentation et il se crée des infrastructures de plus en plus nombreuses pour sedivertir, tout en retrouvant des gens du même monde. C'est ainsi que naît véritablementune nouvelle industrie de loisir.L'opposition entre le discours des hygiénistes et la réalité des loisirs de labourgeoisie en bord de mer est frappante ; néanmoins, les bains de mer n'auraientprobablement pas connu un tel essor au XIX e siècle sans chacune de ces deuxcomposantes. Les préoccupations sanitaires des hygiénistes et l'apparition d'unenouvelle classe prospère de plus en plus nombreuse et soucieuse d'être reconnuecomme faisant partie de l'élite sociale sont deux phénomènes qui, bien que n'ayant audépart aucun rapport entre eux, vont toutefois coïncider dans le temps et converger pourproduire les conditions favorables à une nouvelle façon d'occuper son temps libre.Le discours des hygiénistes, loin d'affaiblir la recherche de plaisir et de loisir de laclasse dirigeante, la renforce au contraire en de nombreux points. Tout d'abord, lapratique des bains de mer lui sert de caution ou d'alibi : il est de bon ton de ne pasISSN 1773-0023
340DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLESafficher trop clairement sa volonté de se faire des relations dans le beau monde.Ensuite, la mode des bains de mer donne l'occasion aux classes privilégiées de fuir laprésence des autres classes sociales dans ces lieux d'où est exclue toute mixité sociale :la « maladie » qu'elles fuient serait le fait de continuer à côtoyer les classes populairesdurant le temps libre qu'elles consacrent à leur loisir. La villégiature maritime permet àl'époque d'opérer une claire ségrégation sociale à cause de la dépense d'argent et detemps libre que cette pratique suppose.C'est en cela que le tourisme maritime populaire du XX e siècle constitue une ruptureprofonde avec celui du XIX e . Avec lui, on assiste d'ailleurs à une disparition dudiscours rigoriste et moralisateur qui servait de justification aux estivants du siècleprécédent : on vient alors simplement à la mer pour le plaisir d'y être.ISSN 1773-0023
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340<strong>DU</strong> <strong>LOISIR</strong> <strong>AUX</strong> <strong>LOISIR</strong>S (<strong>ESPAGNE</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>–</strong> <strong>XXe</strong> <strong>SIÈCLES</strong>afficher trop clairement sa volonté de se faire des relations dans le beau monde.Ensuite, la mode des bains de mer donne l'occasion aux classes privilégiées de fuir laprésence des autres classes sociales dans ces lieux d'où est exclue toute mixité sociale :la « maladie » qu'elles fuient serait le fait de continuer à côtoyer les classes populairesdurant le temps libre qu'elles consacrent à leur loisir. La villégiature maritime permet àl'époque d'opérer une claire ségrégation sociale à cause de la dépense d'argent et detemps libre que cette pratique suppose.C'est en cela que le tourisme maritime populaire du XX e siècle constitue une ruptureprofonde avec celui du XIX e . Avec lui, on assiste d'ailleurs à une disparition dudiscours rigoriste et moralisateur qui servait de justification aux estivants du siècleprécédent : on vient alors simplement à la mer pour le plaisir d'y être.ISSN 1773-0023