OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)
ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine323En effet, le rituel des bains de mer n'est pas sans danger à l'époque car très peu degens savent nager. La culture du corps commence à peine à faire son apparition et lanatation n'est pas encore un sport à la mode 13 . A cette époque, l'envie d'aller serafraîchir et le plaisir que l'on peut trouver dans cette activité, à la fois ludique etsportive, ne sont jamais pris en compte. Alain Corbin affirme que jusqu'à la fin du XIX esiècle : « [...] nulle part ne s'exprime le désir d'affronter de son corps la puissance desvagues, d'éprouver l'émouvante fraîcheur du sable. L'impression cénesthésique estabsente du champ des pratiques et des discours » 14 . Les bains de mer se prennent à desdates et des heures précises, fixées à l'avance par les médecins, et les baigneurs doivents'en tenir à une série de règles, comme celles que l'on trouve, par exemple, dans leManual de baños de mar 15 .Le caractère astreignant et relativement pénible des bains de mer en eux-mêmesAu siècle dernier, les baigneurs ne retirent pas de leur baignade toutes lessatisfactions que l'on imagine aujourd'hui, notamment sous l'effet de diversescontraintes médicales et sociales. Aussi, les établissements balnéaires du littoral tententde remédier à ces contraintes en proposant certains services spécialisés. Ceux-citémoignent de la difficulté qu'entraîne le fait de prendre un simple bain de mer. Lebaigneur cherche à limiter autant que possible les attaques du soleil sur sa peau et la13 Aussi certaines stations balnéaires prennent-elles des dispositions pour assurer la sécurité des baigneurscomme c'est le cas de la plage du Sardinero, près de Santander : « En cuanto a la seguridad de losbañistas, además de las cuerdas sujetas con anclas que les sirven para entrar y salir sin inconvenientealguno en el agua, y sostenerse asidos a ellas durante toman el baño, además de las mujeres destinadas alcuidado de las señoras, habrá a corta distancia una lancha tripulada por marineros diestros en nadar, y endisposición siempre de prestar auxilio, en el caso de un peligro, que apenas puede temerse por la igualdaddel terreno en toda aquella espaciosa y suave playa » ; in La Ilustración, periódico universel, Juin 1849,rubrique : « Variedades », article intitulé « Baños ».14 Alain CORBIN, Le territoire du vide…, p. 68.15 Vicente URQUIOLA et Carlos ZENÓN de BELAUZARÁN, Manual de baños de mar, San Sebastián,Imp. de Ignacio Ramón Baroja, 1850, p. 22. Cet ouvrage, écrit par deux médecins, propose toute unesérie de préceptes généraux à respecter si le baigneur veut éviter certains inconvénients plus ou moinsgrands : « 1/ Debe permanecerse un par de días en el puerto de mar antes de empezar a bañarse, sobretodo si el viaje ha sido largo y penoso. Esta medida tiene por objeto habituarse a la impresión del airelocal y prepararse para el baño. 2/ Será bueno no tomar el primer baño cuando hay marejada, para evitarla impresión demasiado fuerte que ésta puede causar. 3/ No debe bañarse antes de la salida del sol, nitampoco cuando este astro se haya ocultado en el horizonte. 4/ Será muy útil y conveniente que se vistaninteriormente de franelas los sujetos delicados de pecho, para precaverse de la influencia de la frescura yhumedad del aire de los puertos. 5/ Es inconveniente satisfacer en la mesa todo el apetito que se tengapues pueden resultar cólicos. 6/ Debe irse al baño en ayunas, ó 4 ó 5 horas después de la comida, sobretodo si ésta ha sido grande o el individuo tarda en hacer sus digestiones... ».ISSN 1773-0023
324DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLESpudeur l'oblige à cacher le plus possible toutes les parties de son corps qui pourraientêtre mises à nu par cet exercice éprouvant et souvent jugé périlleux. Il n'est pasinhabituel d'être accompagné par un ou deux « maîtres nageurs » qui assistent leurclient et l'empêchent ainsi de se noyer. L'eau de mer est encore très souvent considéréecomme un élément inhospitalier et traumatisant à cause du froid, du courant et desvagues. De même qu'en France, seules les plages du Nord (les plus proches et les mieuxreliées à la capitale) et l'influence bénéfique et vivifiante des eaux et du climatocéanique ont les faveurs des premiers baigneurs 16 . L'équipement pour un simple bainquotidien de quelques minutes n'a rien de commode et constitue plutôt une contraintepour les baigneurs.Les premiers établissements balnéaires fonctionnent comme des vestiaires et ilsproposent à leurs clients des cabines pour pouvoir changer de vêtements. Ceux-cipeuvent également se procurer dans leurs locaux tout l'attirail nécessaire pour prendreun bain de mer : des costumes de bain, des espadrilles, des peignoirs, des bonnets, etc.S'ajoute à cela un service de cabines de bains en bois, parfois roulantes (la caseta) ettirées par des bœufs, pour permettre aux dames, une fois qu'elles se sont mises lecostume adéquat, d'aller du sable jusqu'à au bord de l'eau où a lieu l'immersion, hors dela vue des hommes, cachées derrière la voiture ou sous une sorte de tente : « Cadabañista tiene un cómodo e independiente cuarto a su disposición y hay además carritoscubiertos y portátiles para conducir las personas delicadas o que así lo deseen al lado delas olas » 17 .Il ne s'agit surtout pas de montrer une seule partie de son corps ou de s'exposer nu auregard d'autrui. La blancheur de la peau est le signe de l'oisiveté pour les femmes etd'un travail sédentaire pour les hommes de cette classe sociale qui ne s'expose jamais ausoleil, ni pour travailler ni pour se détendre comme le ferait la plèbe. Aussi va-t-on sebaigner habillé de pied en cap avec des costumes de bain déjà considérés commeridicules à l'époque. Le chroniqueur Sepúlveda donne son opinion sur la modevestimentaire suivie par les baigneurs de la plage de Saint-Sébastien, en 1866 :16 La chaleur de l'eau et la douceur climatique de la Méditerranée sont plutôt synonymes de relâchement,même si cela n'empêche pas la bourgeoisie madrilène la moins fortunée de se rendre fréquemment sur lesplages d'Alicante qui bénéficient d'un bon service de diligences, économique et très rapide.17 La Ilustración, juin 1849.ISSN 1773-0023
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