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OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)

ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES - CREC

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Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine255constitué, à bien des égards, un traumatisme dans les mentalités de l’époque : pour lapremière fois, le système triomphant montrait ses failles. On commence alors, un peupartout en Europe, à s’intéresser aux cohortes de sans-emploi, aux masses exclues deleur activité professionnelle et, à travers elles, à l’individu laissé à lui-même.Timidement, on cherche à repenser les activités — y compris la valeur du travail — quientrent dans la définition de soi des ouvriers. Cette tendance, qui n’est que l’ébauche duphénomène que l’on observera après la crise de 1973, a permis de faire émerger uneconception innovante des loisirs.On a pu observer, à travers l’analyse des brochures éditées par la Coopérative de laCiutat de Repós par exemple, que deux perspectives s’opposaient sur le problème del’utilisation des temps libres des travailleurs. Fallait-il entendre les loisirs comme untemps de repos, c’est-à-dire un temps négatif, de non-travail et de reconstitution de laforce de travail, ou alors comme un temps de rupture, rompant avec les schémas deproduction, les hiérarchies sociales et les rythmes urbains ? Si les loisirs modernes sesituent nettement dans cette seconde acception, le discours développé en Espagne autourdes années 1930 est encore, lui, à cheval entre ces deux visions. Les ambiguïtés relevéesdans la production théorique des rationalistes espagnols illustrent un discours qui oscilleentre une interprétation résolument moderne des loisirs, considérés comme une pratiqueà même de définir l’individu plus — ou au moins autant — que le travail 73 , et uneconception plus traditionnelle qui voit dans les loisirs un moyen de recréer la force detravail, d’entretenir le travailleur en tant que tel. Le temps des loisirs a ainsi lui aussi étéinvesti d’un contenu propre, tout aussi porteur d’un projet de société que le tempsconsacré au travail. Les changements que l’apparition du travail à la chaîne a fait surgirdans l’appréhension du temps traduisent cette petite révolution. Comme GeorgesVignarello l’a montré à travers l’exemple du sport, le temps est dorénavant calculé : ilreprésente une valeur et une rentabilité potentielle 74 . Dès lors, le critère de progrèsdépend de l’utilisation correcte de ce facteur qu’est le temps.73 Aujourd’hui, cette vision des loisirs comme véritable épanouissement de l’homme est, semble-t-il,largement admise : un individu, en effet, se définit autant par le travail que par ses loisirs, goûtspersonnels, etc. On en retrouve une manifestation à travers le contenu des discussions entretenuesquotidiennement par les individus : elles tournent très souvent autour d’objets d’identification affranchisdu travail, mais non de la classe sociale.74 Georges VIGNARELLO, « Le temps du sport », in A. CORBIN, L’avènement des loisirs…, p. 193-221.ISSN 1773-0023

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