OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)
ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine247publique, plus spécifiquement les autorités, pour qu’elles prennent directement encharge ces responsabilités. Le refus du profit et de tout esprit de lucre est encoremanifeste dans l’avant-projet publié en 1933 par A.C. :No se trata de crear una nueva playa de moda. La orientación general del proyecto esprofundamente democrática ; encaminada sólo a satisfacer una necesidad social de las clasesmedia y trabajadora, y en él se prescinde en absoluto de casinos y hoteles de lujo. […] Hayque evitar, sobre todo, que se cree en dicha zona un centro de explotación, un negocio conclientela de clases privilegiadas ; […] ésta sería una expoliación más al pueblo barcelonés 60 .Se prémunir contre les tendances spéculatives semblait être une préoccupationmajeure au sein des défenseurs du projet. On peut dire qu’il y allait de la réussite de leurentreprise, et de l’avenir de l’urbanisme populaire d’une certaine façon. L’architecteFrancesc Fábregas, militant socialiste parti en exil en 1939, revient sur cet aspect dansun entretien publié au moment de la transition démocratique : « Había un peligromayor : que una empresa lucrativa, aprovechara el clamor percibido y se lanzara aapoyar el proyecto extrayendo una concesión de los organismo oficiales » 61 . Etant donnéla situation de crise financière que connaissaient les pouvoirs publics, une telleéventualité n’était pas à exclure. On comprend donc quel devait être, dans la périodeidéologique agitée des années 1930, l’enjeu d’une telle question.Pour essayer d’avoir une vision aussi claire que possible des connotations politiquescontenues dans ces projets d’urbanisme populaire, il peut s’avérer utile d’observerquelles ont été les différentes forces politiques en leur faveur. Plusieurs membres duGATEPAC allaient devenir eux-mêmes socialistes, comme Torres Clavé ou Fábregas.Les réactions au Plan d’urbanisme Maciá, qui constituait une rupture avec le mode decroissance bourgeois et spéculatif de la ville, furent positives dans les rangs del’anarchosyndicalisme (le syndicat CNT), tandis que la gauche catalane (EsquerraRepublicana de Catalunya, ERC) reconnaissait dans la « Casa bloc » — habitat collectifconçu par le GATCPAC — un modèle de logement massif à même de résoudre la crisesociale. En ce qui concerne la promotion des loisirs populaires, c’était unepréoccupation partagée, dès 1931, par les organisations ouvrières, comme en témoignele « programme minimal » élaboré par l’USC pour les élections municipales de 1931 :le point numéro 19 prévoyait ainsi la « création de parcs, jardins publics, théâtres60 « La Ciudad de reposo que necesita Barcelona », in A.C., n°7, 1933, p. 28.61 « Fábregas : el GATCPAC, aún », in Jano Arquitectura… p. 44.ISSN 1773-0023
248DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLESpopulaires, terrains de sport, piscines et bains publics gratuits » 62 . De telles propositionsdénotent un intérêt réel pour les loisirs des masses.À partir de la période troublée de 1936, le retour de l’ERC au pouvoir en Catalogne,avec le Président de la Generalitat Lluís Companys, associant l’anarchosyndicalisme etla sociale-démocratie pour la défense de la Catalogne autonome et républicaine, allaitfavoriser une évolution politique de nature quasi-révolutionnaire : les mouvements decollectivisation, dont la municipalisation de la propriété urbaine est un écho en matièred’urbanisme, sont un signe de cette nouvelle orientation. Le GATCPAC lui-mêmeintègre le récemment créé Sindicat d’Arquitectes de Catalunya, dont le secrétaire n’estautre que Torres Clavé. Les architectes fonctionnalistes adoptent alors un engagementmilitant, et le projet pour la Ciutat de Repós reçoit, à la faveur des événementspolitiques connus au cours de l’été 1936 en Catalogne, un coup d’accélérateurinespéré 63 . Comme à Madrid, où la municipalité dirigée par les socialistes avait aumême moment réhabilité le projet d’urbanisation du Jarama dans le cadre du planrégional élaboré par l’Office Technique Municipal, c’est la sévérité des combats quifinalement aura raison des intentions politiques manifestées.Pour conclure sur cette question de l’orientation idéologique du GATEPAC, on peutavancer que le rationalisme serait en fait l’adaptation urbanistique d’une conception dela société ayant transcendé la dichotomie capitalisme/socialisme. Mais c’est, là encore,Le Corbusier qui nous paraît aller le plus loin dans le raisonnement suivi par lesarchitectes membres du CIRPAC. Dans La Ville radieuse, il annonce son programmepour une nouvelle société et, déjà, il s’écrie : « Notre programme […], s’occuper del’homme, et non du capitalisme ou du communisme ; du bonheur de l’homme » 64 . Aprèsavoir dénoncé la crise de l’industrie moderne qui a généré une société fondée sur l’offreet qui nous a inondés des « produits de consommation stérile », il propose de passer àune économie fondée sur la demande et sur la production d’« objets de consommationféconde ». À travers l’énonciation de ces principes, il faut lire la recherche d’un nouveléquilibre social, fondé sur un état d’harmonie entre l’homme et son environnement,l’homme et la nature. À plus d’un titre, Le Corbusier est précurseur d’une écologie62 Cf. Cuadernos de arquitectura y urbanismo, n°90, juillet-août 1972, p. 22.63 Voir à ce sujet l’article de Salvador TARRAGÓ CID intitulé « El Plan Maciá, síntesis del trabajo delGATCPAC para Barcelona », in 2c. Construcción de la Ciudad, n°15-16-V-1980, p. 68-84.64 LE CORBUSIER, La Ville radieuse…, p. 69. La citation suivante est à la page 340.ISSN 1773-0023
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248<strong>DU</strong> <strong>LOISIR</strong> <strong>AUX</strong> <strong>LOISIR</strong>S (<strong>ESPAGNE</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>–</strong> <strong>XXe</strong> <strong>SIÈCLES</strong>populaires, terrains de sport, piscines et bains publics gratuits » 62 . De telles propositionsdénotent un intérêt réel pour les loisirs des masses.À partir de la période troublée de 1936, le retour de l’ERC au pouvoir en Catalogne,avec le Président de la Generalitat Lluís Companys, associant l’anarchosyndicalisme etla sociale-démocratie pour la défense de la Catalogne autonome et républicaine, allaitfavoriser une évolution politique de nature quasi-révolutionnaire : les mouvements decollectivisation, dont la municipalisation de la propriété urbaine est un écho en matièred’urbanisme, sont un signe de cette nouvelle orientation. Le GATCPAC lui-mêmeintègre le récemment créé Sindicat d’Arquitectes de Catalunya, dont le secrétaire n’estautre que Torres Clavé. Les architectes fonctionnalistes adoptent alors un engagementmilitant, et le projet pour la Ciutat de Repós reçoit, à la faveur des événementspolitiques connus au cours de l’été 1936 en Catalogne, un coup d’accélérateurinespéré 63 . Comme à Madrid, où la municipalité dirigée par les socialistes avait aumême moment réhabilité le projet d’urbanisation du Jarama dans le cadre du planrégional élaboré par l’Office Technique Municipal, c’est la sévérité des combats quifinalement aura raison des intentions politiques manifestées.Pour conclure sur cette question de l’orientation idéologique du GATEPAC, on peutavancer que le rationalisme serait en fait l’adaptation urbanistique d’une conception dela société ayant transcendé la dichotomie capitalisme/socialisme. Mais c’est, là encore,Le Corbusier qui nous paraît aller le plus loin dans le raisonnement suivi par lesarchitectes membres du CIRPAC. Dans La Ville radieuse, il annonce son programmepour une nouvelle société et, déjà, il s’écrie : « Notre programme […], s’occuper del’homme, et non du capitalisme ou du communisme ; du bonheur de l’homme » 64 . Aprèsavoir dénoncé la crise de l’industrie moderne qui a généré une société fondée sur l’offreet qui nous a inondés des « produits de consommation stérile », il propose de passer àune économie fondée sur la demande et sur la production d’« objets de consommationféconde ». À travers l’énonciation de ces principes, il faut lire la recherche d’un nouveléquilibre social, fondé sur un état d’harmonie entre l’homme et son environnement,l’homme et la nature. À plus d’un titre, Le Corbusier est précurseur d’une écologie62 Cf. Cuadernos de arquitectura y urbanismo, n°90, juillet-août 1972, p. 22.63 Voir à ce sujet l’article de Salvador TARRAGÓ CID intitulé « El Plan Maciá, síntesis del trabajo delGATCPAC para Barcelona », in 2c. Construcción de la Ciudad, n°15-16-V-1980, p. 68-84.64 LE CORBUSIER, La Ville radieuse…, p. 69. La citation suivante est à la page 340.ISSN 1773-0023