OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)
ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine243Las "zonas de ocio semanal" pueden comprender distintas secciones : a- puntos de reuniónde grandes masas los días festivos, provistos de instalaciones susceptibles de responder a esefuncionamiento periódico, b- zonas para camping y estancia durante las vacaciones (lasvacaciones de los obreros pueden organizarse por relevos) 53 .Ce qui n’apparaît qu’entre parenthèses n’en est pas moins assez révélateur deslimites du projet. Ce volontarisme optimiste cherchant à rationaliser chacune des tâchessociales ne semble pas prendre en compte le principe de réalité pourtant incontournable.Dans un même ordre d’idées, on relèvera l’ambiguïté constitutive de l’entreprise, quirevient à proposer une révolution, que l’on pourrait qualifier à bien des égards desocialiste, dans un cadre proprement capitaliste. Certes, l’avenir de la Républiqueespagnole était-il lui-même, sur ce point, encore indéterminé. Mais l’indécisionidéologique que nous ne manquerons pas de faire apparaître ne laisse pas d’étonner, tantla question a d’importance dans le contexte des années 1930.Sur un tout autre plan, on notera l’incohérence qui consiste à proposer de fuir laville, tout en se situant dedans. En effet, c’est de façon répétée que les brochuresinsistent sur la nécessité de se sentir en pleine nature. Mais, précisément, les deuxstations balnéaires étaient intégrées aux plans régionaux prévoyant l’urbanisation, certesmaîtrisée ou raisonnée, des zones concernées. La relation établie avec l’industrialisationne paraît pas plus claire, dans la mesure où elle est présentée à la fois comme cause etremède des maux dénoncés. Tantôt décriée, tantôt exaltée, l’industrialisation est la causede changements radicaux, mais peut aussi, grâce aux nouvelles techniques, apporter unesolution radicale pour la société moderne. Enfin, on soulèvera un problème d’ordresociologique : les travailleurs sont-ils perçus comme un ensemble véritablementhomogène, ou leur reconnaît-on une certaine pluralité ? Le terme de « masses » revientsans arrêt dans la prose étudiée. Pourtant, la philosophie d’un Le Corbusier se veutprofondément humaniste, et attentive à la liberté individuelle. Qu’en était-il enEspagne ?Cette oscillation, les ambiguïtés observées, reflètent sans doute le flottement d’undiscours qui se cherche et qui a encore du mal à se définir. Alors qu’il faisait l’objet àun niveau européen d’une réflexion encore balbutiante, les incertitudes pesant surl’urbanisme des loisirs populaires constituent la preuve que l’Espagne était, sous la II ndeRépublique, à la pointe de cette problématique et de cette réflexion.53 Josep Lluís SERT, Rapport n°2 « Cas d’application : Villes »…, p. 47.ISSN 1773-0023
244DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLESLa « Ville Radieuse », une utopie de la modernité 54C’est pourtant à un Français que nous recourrons pour étayer notre analyse. Lesécrits de Le Corbusier nous intéressent à plus d’un titre : il n’a pas seulement pris unepart active à l’élaboration du Plan Maciá et porté un œil attentif sur le projet de Cité deRepos et Vacances ; l’urbaniste a aussi représenté la référence doctrinale et pratique dela plupart des architectes rationalistes espagnols, à commencer par García Mercadal,Subirana, Sert ou Torres Clavé. C’est donc tout naturellement que nous tournerons nosregards vers la « Ville radieuse », qu’il a conceptualisée, en 1935. Les « stationsbalnéaires » imaginées par les groupes madrilène et catalan du GATEPAC sont-ils desprototypes de cette ville idéale, et sur quels points en diffèrent-ils ?On ne peut caractériser de façon satisfaisante ces deux projets sans distinguer icileurs ambitions respectives. Le plan conçu pour Madrid et celui de Barcelonerenferment une différence fondamentale : la Ciutat de Repós constitue, à tous points devue, une solution radicale, une nouvelle ville, à la différence du projet madrilène, qui estbeaucoup plus circonscrit 55 . Les Plages du Jarama, parfois appelées (de notre point devue, de façon hâtive) « Ville verte du Jarama », ne reposaient pas sur un schémaunitaire, mais comprenaient en réalité une série de propositions ponctuelles etspécifiques. Le Groupe Centre du GATEPAC n’avait pas la cohérence de sonhomologue catalan. Fondamentalement hétérogène, il rassemblait des architectesindépendants, parmi lesquels seul García Mercadal revendiquait une adhésion active augroupe. C’est ce qui explique, en partie, l’abandon du projet lors du départ dugouvernement du ministre Prieto, celui-ci n’étant repris et intégré au Plan régionalqu’en 1937-39. Par ailleurs, l’urbanisme imaginé pour Madrid n’avait pas, à ladifférence de Barcelone, vocation à être produit en série. L’ambition catalane était toutautre : le projet de la Ciutat, beaucoup plus abouti, prévoyait un territoire structuré selon54 Voici, à titre de comparaison, les différents éléments qui devaient, selon Le Corbusier, composer la"Ville radieuse" : espaces verts, soleil, air, parcs, autostrades, bâtiments sur pilotis, piscines, stades, « surles toits-jardins s’étire le ruban des plages de sable et des bains de soleil », in La Ville radieuse…, p. 106et ss.55 On trouvera une analyse comparative de la portée des deux projets dans le cours de deux articles,Carlos SAMBRICIO et Lilia MAURE, « El ocio de las masas en el Madrid de la República : Las playasdel Jarama », in Madrid, urbanismo… et Carlos SAMBRICIO, « La Ciutat de Repos, variaciones sobreun tema », in A & V. Monobrafías…ISSN 1773-0023
- Page 194 and 195: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 196 and 197: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 198 and 199: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 200 and 201: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 202 and 203: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 204 and 205: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 206 and 207: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 208 and 209: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 210 and 211: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 212 and 213: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 214 and 215: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 216 and 217: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 218 and 219: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 220 and 221: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 222 and 223: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 224 and 225: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 226 and 227: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 228 and 229: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 230 and 231: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 232 and 233: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 234 and 235: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 236 and 237: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 238 and 239: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 240 and 241: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 242 and 243: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 246 and 247: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 248 and 249: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 250 and 251: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 252 and 253: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 254 and 255: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 256 and 257: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 258 and 259: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 260 and 261: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 262 and 263: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 264 and 265: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 266 and 267: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 268 and 269: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 270 and 271: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 272 and 273: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 274 and 275: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 276 and 277: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 278 and 279: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 280 and 281: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 282 and 283: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 284 and 285: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 286 and 287: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 288 and 289: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 290 and 291: Centre de Recherche sur l’Espagne
- Page 292 and 293: Centre de Recherche sur l’Espagne
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine243Las "zonas de ocio semanal" pueden comprender distintas secciones : a- puntos de reuniónde grandes masas los días festivos, provistos de instalaciones susceptibles de responder a esefuncionamiento periódico, b- zonas para camping y estancia durante las vacaciones (lasvacaciones de los obreros pueden organizarse por relevos) 53 .Ce qui n’apparaît qu’entre parenthèses n’en est pas moins assez révélateur deslimites du projet. Ce volontarisme optimiste cherchant à rationaliser chacune des tâchessociales ne semble pas prendre en compte le principe de réalité pourtant incontournable.Dans un même ordre d’idées, on relèvera l’ambiguïté constitutive de l’entreprise, quirevient à proposer une révolution, que l’on pourrait qualifier à bien des égards desocialiste, dans un cadre proprement capitaliste. Certes, l’avenir de la Républiqueespagnole était-il lui-même, sur ce point, encore indéterminé. Mais l’indécisionidéologique que nous ne manquerons pas de faire apparaître ne laisse pas d’étonner, tantla question a d’importance dans le contexte des années 1930.Sur un tout autre plan, on notera l’incohérence qui consiste à proposer de fuir laville, tout en se situant dedans. En effet, c’est de façon répétée que les brochuresinsistent sur la nécessité de se sentir en pleine nature. Mais, précisément, les deuxstations balnéaires étaient intégrées aux plans régionaux prévoyant l’urbanisation, certesmaîtrisée ou raisonnée, des zones concernées. La relation établie avec l’industrialisationne paraît pas plus claire, dans la mesure où elle est présentée à la fois comme cause etremède des maux dénoncés. Tantôt décriée, tantôt exaltée, l’industrialisation est la causede changements radicaux, mais peut aussi, grâce aux nouvelles techniques, apporter unesolution radicale pour la société moderne. Enfin, on soulèvera un problème d’ordresociologique : les travailleurs sont-ils perçus comme un ensemble véritablementhomogène, ou leur reconnaît-on une certaine pluralité ? Le terme de « masses » revientsans arrêt dans la prose étudiée. Pourtant, la philosophie d’un Le Corbusier se veutprofondément humaniste, et attentive à la liberté individuelle. Qu’en était-il enEspagne ?Cette oscillation, les ambiguïtés observées, reflètent sans doute le flottement d’undiscours qui se cherche et qui a encore du mal à se définir. Alors qu’il faisait l’objet àun niveau européen d’une réflexion encore balbutiante, les incertitudes pesant surl’urbanisme des loisirs populaires constituent la preuve que l’Espagne était, sous la II ndeRépublique, à la pointe de cette problématique et de cette réflexion.53 Josep Lluís SERT, Rapport n°2 « Cas d’application : Villes »…, p. 47.ISSN 1773-0023