OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)
ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine217« Vivre au milieu des fleurs ! ». Les nouveaux modèles d’urbanisme des loisirssous la II nde RépubliqueLes projets architecturaux et urbanistiques des loisirs qui sont développés enEspagne reprennent souvent des modèles inspirés de l’extérieur et, dans le domaine desloisirs, ce sont les références européennes qui dominent. Le souci de rapprocherl’habitat de la nature était déjà manifeste dans les modèles de ville alternative conçusdès le XIX e siècle 9 . On songera, en particulier, à la cité-jardin, inspirée des ensemblesconçus en Angleterre par Howard. Toutefois, ce modèle prévoyait des maisonsindividuelles et s’adaptait donc mal aux nécessités sociales du moment. Pour tenter detransformer les faubourgs de Madrid en sites aérés pourvus de logements sociaux, onadopta le modèle de cité linéaire, défendu par Arturo Soria dès 1892. La cité linéaire,adaptation espagnole de la cité-jardin, constitue donc autour de la grande ville une sortede ceinture verte qui intègre l’habitat social et des espaces laissés libres et consacrés à ladétente et à la culture 10 . Cette association entre ville et campagne annonce la prise encompte des activités de loisirs, notamment pour les exercices de plein air : « La ciudadjardín,[…] idea eminentemente sociológica, porque aspira a reformar y a dignificar lavida de todos los hombres, reformando el marco en que la vida se desenvuelve : la casa,la escuela, el taller, la oficina, el campo de cultivo y el campo de deportes » 11 .On voit ici comment le terrain de sport fait son irruption dans le cadre quotidien dutravailleur. À ce titre, l’Espagne connaît, avec l’avènement de la II nde République, uneexpansion étonnante. Face à l’inertie qui a dominé la période précédente, on voit fleurirles réalisations en matière d’urbanisme des loisirs. L’architecture d’avant-gardeeuropéenne pénètre alors dans la péninsule et l’on dénombre vite de nombreusesconstructions au style novateur et épuré. Si l’on considère d’abord les centres de loisirsqui s’adressent à un public d’élite, on peut mentionner les nombreux clubs qui sont9 Sur l’évolution de l’urbanisme dans l’Espagne des années 1900-1930, on pourra se référer aux deuxarticles de Brigitte MAGNIEN, publiés par Carlos SERRANO et Serge SALAÜN dans 1900 en Espagne,Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 1988 (p. 85-104) et Temps de crise et « années folles »,Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2002 (p. 114-126).10 On retrouve des développements intéressants sur les vertus de ce nouvel urbanisme dans deux articlesparus dans La Construcción moderna : « La agricultura en el futuro Madrid », n°20, octobre 1931, p. 305-308 ; « La Sociedad Geográfica ante el problema de la Ciudad Jardín », n°6, avril 1931, p. 8-9.11 La Construcción moderna : « La Sociedad Geográfica ante el problema de la Ciudad Jardín », n°6, avril1931, p. 8.ISSN 1773-0023
218DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLESédifiés au cours de ces années. Un exemple significatif de la nouvelle tendance, tant surun plan sociologique qu’architectural, est le Club Royal Nautique de Saint Sébastien(1928-29), bâti dans le plus pur style bateau, en rupture avec l’académisme et leclassicisme incarnés par l’énorme Casino, qui en constitue la toile de fond. Lamodernité revendiquée de cet ensemble, avec ses lignes pures et son allure de bateauamarré au port, en fait un prototype de la nouvelle architecture rationaliste désormais envogue. Dans le même esprit, d’autres centres voient le jour, comme le Club de Campo,dans les montagnes madrilènes de El Pardo, ou l’ambitieux Club sportif de Bilbao 12 . Cedernier comprenait, dans son enceinte couverte, une piscine, un gymnase, une salle debillards, deux frontons dont l’un pouvait accueillir des spectacles de boxe et près de2000 spectateurs, et un solarium. Le Club de Campo, construit dans une zone verte,offrait toute une panoplie de sports à la disposition de ses membres : tennis, golf, polo,natation en piscine, pelote sur fronton et hockey.Toutefois, la véritable originalité de l’urbanisme des années 1930 est la prise encompte de la nécessité d’espaces pour les loisirs populaires. En la matière, l’Espagneaccusait un certain retard, et c’est bien souvent l’initiative privée qui dut se charger demettre en œuvre les premiers lieux consacrés aux nouveaux loisirs des masses 13 . À cetitre, les industries culturelles naissantes connaissent un franc succès, et on ne dénombreplus les cinémas qui sont construits à l’époque : on en citera quelques-uns dans lacapitale, comme le cinéma Barceló (complètement restructuré en 1930-31), le cinémaCallao ou le cinéma-théâtre Fígaro (1930-32). À Zaragoza, García Mercadal est l’auteurdu célèbre Rincón de Goya (1927), véritable centre culturel à l’allure cubiste etrationaliste. Sur un plan sportif, apparaissent des complexes qui ont pour but de rendreaccessible la pratique hebdomadaire d’exercices physiques au plus grand nombre. C’estainsi que plusieurs piscines font leur apparition dans la capitale. L’ensemble de La Isla,construit en 1931 sur les rives du Manzanares, est une des réalisations les plusambitieuses : il comprend trois piscines, dont une couverte, et adopte le style bateauconsubstantiel à la fonction aquatique de cet espace. Ce complexe, œuvre de LuisGutiérrez Soto, un membre du GATEPAC, contribue à diffuser l’importance de12 Pour des analyses illustrées et détaillées de ces nouvelles constructions, on se réfèrera à la revued’architecture La Construcción moderne, n°21, novembre 1931, p. 321-324, « El Club deportivo deBilbao », et n°10, mai 1932, p. 112-113, « La construcción en Madrid. El Club de Campo ».13 Pour toutes ces réalisations, on se reportera à un ouvrage d’ordre général : Ángel URRUTIA,Arquitectura española, siglo XX, Madrid, Cátedra, 1997.ISSN 1773-0023
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218<strong>DU</strong> <strong>LOISIR</strong> <strong>AUX</strong> <strong>LOISIR</strong>S (<strong>ESPAGNE</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>–</strong> <strong>XXe</strong> <strong>SIÈCLES</strong>édifiés au cours de ces années. Un exemple significatif de la nouvelle tendance, tant surun plan sociologique qu’architectural, est le Club Royal Nautique de Saint Sébastien(1928-29), bâti dans le plus pur style bateau, en rupture avec l’académisme et leclassicisme incarnés par l’énorme Casino, qui en constitue la toile de fond. Lamodernité revendiquée de cet ensemble, avec ses lignes pures et son allure de bateauamarré au port, en fait un prototype de la nouvelle architecture rationaliste désormais envogue. Dans le même esprit, d’autres centres voient le jour, comme le Club de Campo,dans les montagnes madrilènes de El Pardo, ou l’ambitieux Club sportif de Bilbao 12 . Cedernier comprenait, dans son enceinte couverte, une piscine, un gymnase, une salle debillards, deux frontons dont l’un pouvait accueillir des spectacles de boxe et près de2000 spectateurs, et un solarium. Le Club de Campo, construit dans une zone verte,offrait toute une panoplie de sports à la disposition de ses membres : tennis, golf, polo,natation en piscine, pelote sur fronton et hockey.Toutefois, la véritable originalité de l’urbanisme des années 1930 est la prise encompte de la nécessité d’espaces pour les loisirs populaires. En la matière, l’Espagneaccusait un certain retard, et c’est bien souvent l’initiative privée qui dut se charger demettre en œuvre les premiers lieux consacrés aux nouveaux loisirs des masses 13 . À cetitre, les industries culturelles naissantes connaissent un franc succès, et on ne dénombreplus les cinémas qui sont construits à l’époque : on en citera quelques-uns dans lacapitale, comme le cinéma Barceló (complètement restructuré en 1930-31), le cinémaCallao ou le cinéma-théâtre Fígaro (1930-32). À Zaragoza, García Mercadal est l’auteurdu célèbre Rincón de Goya (1927), véritable centre culturel à l’allure cubiste etrationaliste. Sur un plan sportif, apparaissent des complexes qui ont pour but de rendreaccessible la pratique hebdomadaire d’exercices physiques au plus grand nombre. C’estainsi que plusieurs piscines font leur apparition dans la capitale. L’ensemble de La Isla,construit en 1931 sur les rives du Manzanares, est une des réalisations les plusambitieuses : il comprend trois piscines, dont une couverte, et adopte le style bateauconsubstantiel à la fonction aquatique de cet espace. Ce complexe, œuvre de LuisGutiérrez Soto, un membre du GATEPAC, contribue à diffuser l’importance de12 Pour des analyses illustrées et détaillées de ces nouvelles constructions, on se réfèrera à la revued’architecture La Construcción moderne, n°21, novembre 1931, p. 321-324, « El Club deportivo deBilbao », et n°10, mai 1932, p. 112-113, « La construcción en Madrid. El Club de Campo ».13 Pour toutes ces réalisations, on se reportera à un ouvrage d’ordre général : Ángel URRUTIA,Arquitectura española, siglo XX, Madrid, Cátedra, 1997.ISSN 1773-0023