OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)
ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine131attendre la fin du régime pour appréhender des pratiques de loisirs progressivementlibérées des normes en vigueur dans une société longtemps corsetée.Parallèlement à l’avènement d’une hypothétique « Société des Loisirs » dans unpays soumis à la dictature, des idées venues d'ailleurs circulent, nourrissant la réflexiondans le domaine de l’animation socioculturelle. Autour des années 1968-1970, lespremiers écrits du Brésilien Paulo Freire, philosophe et théoricien de l’éducation,parviennent clandestinement en Espagne. Les concepts élaborés par ce dernier, dans lecadre de sa réflexion sur la Pédagogie de l’Opprimé, trouvent un large écho dans ledomaine du travail éducatif et social. Les notions d’« éducation libératrice », de « prisede conscience », de « culture populaire », séduisent nombre de ceux qui s’évertuent àpenser le temps libre autrement. Freire prône, en effet, la prise de conscience del’individu en tant que sujet en vue de sa libération : « La misión de la lucha liberadoradel pueblo oprimido : devolverle la situación de sujeto de su propio proceso históricocultural» 10 . Le peuple doit reprendre son destin, et sa culture, en main. Culture dupeuple et non pour le peuple :Para nosotros, cultura popular es cultura del pueblo, del hombre que trabaja y humaniza almundo y, al producirlo, se repoduce a sí mismo libremente, en comunión con los demás… Elmás alto saber no sería el más distante, sino en sí, el más profundamente comprometido conuna reflexión crítica, en la que la cultura debe continuamente reverse, promoverse, renovarse.Y de una cultura como proceso global, histórico, de que el pueblo debería ser el sujeto y elbeneficiario 11 .Entre-temps l’animation socioculturelle s’est développée en Europe autour deconcepts similaires, comme le rappelle Jaume Trilla :La animación sociocultural nació y sigue creciendo íntimamente emparentada — a veces,incluso con la la educación de adultos, la educación popular, la pedagogía del ocio, laeducación extraescolar y por supuesto, con la educación permanente. Es imposible estableceruna delimitación estricta que permita situar ciertas actividades, instituciones o mediosconcretos bajo uno solo de aquellos rótulos ; son sectores educativos que se penetranmutuamente. […] Las relaciones entre animación sociocutural y la pedagogía del ocio son aúnmás estrechas ; tanto es así que no dejaría de ser arbitrario el tratarlas separadas 12 .L’animation socioculturelle prône un nouveau type d’échanges qui dépasse laconsommation passive en vue de participer activement à la vie culturelle. L’offres’adresse à tous, pas seulement à l’élite : jeunes et vieux, toutes catégories10 Paulo FREIRE, Pedagogía del oprimido, Montevideo, Tierra Nueva, 1970, cité par Rafael MENDIA,« Claves »…, p. 2.11 Paulo FREIRE, Sobre la acción cultural, Santiago de Chile, Icira, 1971, cité par Rafael MENDIA,« Claves »…, p. 2.12 Jaume TRILLA, La educación fuera de la escuela, Madrid, Nueva Padeia, 1985, cité par RafaelMENDIA, "Claves…, p. 3.ISSN 1773-0023
132DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLESsocioprofessionnelles confondues. Enfin, le champ culturel doit s’élargir et englobernotamment le sport et les activités de plein air. Les principes fondateurs de l’animationsocioculturelle rejoignent ainsi les théories de Dumazedier à propos du temps libre,envisagé comme celui du développement personnel et social 13 .La mort de Franco marque un tournant décisif. Commence alors ce temps depassage, d’expectative, cet entre-deux, qui caractérise l’époque de la transitiondémocratique. L’animation socioculturelle, ainsi que tout le mouvement associatif sontconcernés par la nouvelle donne. Il faut rappeler que ce dernier a joué, avec lemouvement ouvrier et les partis politiques d’opposition (interdits jusqu'en 1977), unrôle non négligeable dans la résistance au franquisme. Les Asociaciones de Vecinos ontsignifié des tentatives d’expression citoyenne au niveau du quartier, dans lesagglomérations. La fin des années 60 voit, en effet, éclore un « mouvement citoyen »concomitant du mouvement ouvrier, tels que les clubs divers, centres culturels,associations de parents d’élèves, etc. (la loi d’Associations civiles de 1964 reconnaîtleur existence légale). Un grand nombre d’initiatives socioculturelles fleurissent peu àpeu sur tout le territoire, espaces, pour un certain nombre d’entre elles, de résistance etde revendications 14 : « Las reivindicaciones de los barrios encuentran […] un nuevomedio de expresión a través de todo tipo de festejos, ya se trate de charangas, teatros enla calle o maratones-denuncia del fraude urbanístico » 15 .L’Espagne de la democracia pactada se défait sans trop de violence des oripeaux dufranquisme, démantèle les institutions de la dictature (Tribunal de Orden Público,Movimiento Nacional, etc.) et avance, non sans difficultés et soubresauts inquiétants,vers la démocratie. Sur le plan économique, le chômage, le pluriempleo et l’économie« souterraine », liés à une crise mondiale qui n’épargne pas l’Espagne, font leurapparition. Est-ce à dire que ce problème conjoncturel bouleverse le rapport temps detravail/temps de loisir ?D’après une enquête consacrée aux loisirs des Espagnols, publiée par El País, en1976, la conjoncture économique induit des inégalités manifestes en termes d’accès auxloisirs. Si la fréquentation des clubs sportifs connaît une augmentation significative 1613 Joffre DUMAZEDIER, Vers une civilisation du loisir ?…, cité par Rafael MENDIA, « Claves… », p.4.14 Id, p. 5.15 J. DE ANDRÉS, A. MAISUETXE, El Movimiento ciudadano en Euskadi, San Sebastián, Txertoa,1980, cité par Rafael MENDIA, « Claves… », p. 17.16 L'enquête apporte les précisions suivantes : « La jornada laboral oficial de los españoles oscila entre lascuarenta y las cuarenta y ocho horas semanales, pero las horas reales de trabajo no corresponden a esajornada, porque habitualmente se trabaja en más de un sitio o más horas de las específicas. Según datosde FOESSA, un 21 por 100 trabaja de cuarenta y cinco a cuarenta y nueve horas ; un 11 por 100, decincuenta a cincuenta y cuatro horas ; un 7 por 100, de cincuenta y cinco a cincuenta y nueve horas, y un18 por100, más de sesenta horas. Esto no deja mucho lugar al ocio. Si se añade el transporte, resulta queISSN 1773-0023
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