OCIO Y OCIOS DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLES)
ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC ESPAGNE XVIIIe â XXe SIÃCLES - CREC
Centre de Recherche sur l’Espagne Contemporaine99public 16 , la prépublication en revues les aidait financièrement. Ce problème a desrépercussions sur les lecteurs adultes férus de bande dessinée européenne et espagnole,car le renouvellement des auteurs se fait plus difficilement. Sans le soutien des revues,peu d’artistes peuvent vivre de leur art et se voient obligés de diversifier leur activité ense tournant, notamment, vers le graphisme. Cette disparition des revues s’expliqueessentiellement par le nouveau choix économique des maisons d’édition : préférantjouer la carte de la rentabilité, elles méprisent la production autochtone et lui préfèrentcelle des comics américains des deux grandes maisons d’édition Marvel et DC :En muy poco tiempo, el mercado es colonizado por el comic-book americano, que obtienerápidamente el favor del público (sobre todo del más joven). Industrialmente, el comic bookes tremendamente rentable para las editoriales, ya que sus costes de producción son muchomás bajos que los de la producción propia 17 .Le comic produit massivement est donc plus rentable pour les éditeurs ainsi que pourle lecteur, le prix étant plus économique. Les revues intéressent moins les éditeurs, cequi rend la situation très difficile pour les artistes espagnols. On voit comment, danscette nouvelle ère des loisirs, les changements sont rapides et imprévus, car c’estjustement le changement qui attire le public, le nouveau « concept » : « La recherche dela beauté est devenue un critère secondaire dans la production artistique qui sembleéchapper à toute faculté de jugement pour s’en remettre uniquement à la nouveautécomme moyen de validation » 18 .On a l’impression que le monde de la bande dessinée en Espagne, même si c’est unart relativement reconnu, risque de s’éteindre à cause des dernières mutations dumarché. Les bandes dessinées à prix réduit, américaines ou japonaises, ont détourné unepartie du lectorat de la production nationale. D’autre part, la disparition des « fanzines »dans les kiosques a limité leur distribution aux librairies spécialisées, ce qui a encorediminué le nombre de lecteurs. Le choix de lecture se restreint entre une bande dessinéecommerciale, souvent étrangère, produite massivement, et une bande dessinée dequalité, à prix élevé, dont l’accès est plus difficile, du point de vue du graphisme et ducontenu, mais aussi parce que les points de vente où elles se trouvent disponibles sontmoins répandus. La nouvelle hiérarchie, en opposant les loisirs culturels quidéveloppent l’individu à ceux qui, au contraire, nous cantonnent à une consommation16 Aujourd’hui, le rôle d’information qu’avait les revues est joué par les nombreux sites internet (voir labibliographie). Ils ont une grande importance dans la promotion de la bande dessinée. Un site comme Lacárcel de papel reçoit plus de 3000 visites par jour. Lire, à ce sujet, l’article de Jesús CASTILLO VIDALet Manuel BARRERO, « La Internet paralela : recursos de información sobre cómic en la red »,www.tebeosfera.com .17 Álvaro PONS, « Entre vanguardia y comercialidad … », p. 2.18 René TEBOUL, Culture et loisirs dans la société du temps libre, Paris, Editions de l’Aube, 2004, p.197.ISSN 1773-0023
100DU LOISIR AUX LOISIRS (ESPAGNE XVIIIe – XXe SIÈCLESpassive, s’applique à la bande dessinée. Cette dichotomie est aussi observable sur lemarché du livre et de la musique.La bande dessinée espagnole : un loisir réservé à une minorité d’initiésEn Espagne, la bande dessinée ne semble pas entraîner le même engouement qu’enFrance. À la FNAC de Madrid, on ne trouve pas une surface réservée à la bandedessinée aussi importante qu’en France et, surtout, les rayons ne sont pas envahis delecteurs profitant du moindre recoin pour lire. Lorsqu’on interroge les libraires, ou bienles créateurs des nombreux sites consacrés à la bande dessinée, tous s’accordent à direqu’en Espagne on croit encore que c’est une lecture réservée aux enfants. Ce cliché aaussi pesé en France, mais il est peut-être moins présent aujourd’hui. Le Journal d’unalbum, de Dupuy et Berberian, commence par une conversation de Berberian avec unchauffeur de taxi qui lui renvoie une image de son métier bien peu sérieuse :Taxi : Et vous ? Vous faites quoi dans la vie ?Berberian : Je suis dessinateur, je fais des Bandes Dessinées.Taxi : Ah oui, je vois…vous faites des conneries, quoi… 19Dans son introduction à Génération manga, Jean-Pierre Dionnet rappelle ladifférence culturelle qu’il y a entre la bande dessinée en France et le manga au Japon :En France, nous irions plus facilement vers la bande dessinée, et nous ne considérerions pasde façon si simpliste – et erronée – qu’elle n’est réservée qu’aux enfants et aux débiles, siPicasso en avait été l’inventeur. Au Japon, ce fut presque le cas, puisque la première fois quel’on parla de manga, c’était à propos de rouleaux de desseins de Okusai, le grand artiste duXIXe siècle 20 .La bande dessinée a, parfois aussi, été assimilée à une contre culture qui pourraitmettre en péril la « vraie » culture traditionnelle. Jean-Louis Harouel n’hésite pas àqualifier la B.D de « solution de facilité, mais aussi, il faut bien le dire, de débilité ». Ilajoute que : « comparée au livre elle fait passer étrangement peu de choses. Il s’agitd’un langage pour semi-illettrés, et c’est précisément cela qui en fait son attrait » 21 .Autant dire que le neuvième art n’est pas encore reconnu de tous, ni en tant qu’œuvre19 DUPUY et BERBERIAN, Journal d’un album, Paris, L’Association, 1994.20 Jean-Pierre DIONNET et Jérôme SCHMIDT, « introduction », in Génération manga, , Paris, Librio,Coll. Repères, 2004, p. 6.21 Jean-Louis HAROUEL, Culture et contre culture, Paris, coll. Quadrige, PUF, 2002, p. 125. À noterque tout le chapitre consacré à la B.D. est du même acabit : « La complicité objective entre imagetechnicienne et bande dessinée », p. 123-127.ISSN 1773-0023
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