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Charles Simonds

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Ils croyaient a un monde entierement cree par leur volonte dans lequel les realites de la natureseraient de peu d'importance. Leurs demeures formaient une spirale ascendante dans laquelle le passeenseveli servait de materiau de construction au futur. Ils poursuivaient un jeu obsessionnel avec leursressources, le nombre d'habitants, la hauteur de la structure. Au fur et a mesure que la structures'elevait, elle avalait les terres cultivables. Plus elle avan~ait, moins sa construction necessitaitd'ouvriers.Ils aspiraient a une mort extatique. Pour eux, il s'agissait a la fois d'aller aussi haut que possible etde predire le moment exact de l'effondrement, celui oil leurs dernieres ressources auraient eteconsommees et ou la mort serait inevitable. Ils ne vivaient que pour ce moment-la. Apres un effondrement,les survivants repartaient de zero et dessinaient une spirale prodigieuse a la surface de la terre.A sa peripherie, ils batissaient une demeure. Les detritus de la vie qui s'accumulaient devant sonporche faisaient office de fondations a Ia demeure suivante. Au fur et a mesure que le temps passait,se formait une rampe dont le plan etait prevu de maniere a leur permettre d'atteindre le point le pluseleve au centre de la spirale. Et comme les mecanismes de prediction devenaient de plus en plus preciset recherches, on faisait des reajustements constants et cela determinait leur infrastructure ou systemesocial. La vie etait hierarchisee. L'utilisation de l'energie etait decidee par les philosophes mathematiciensregnants. La repartition du travail, le controle des naissances, la nourriture, la taille et !'organisationdes equipes de travail et de recherche, etaient dictes par des mecanismes evaluatifs et autocorrecteurstres elabores.lis etaient pour Ia plupart optimistes et bien que la construction necessitat un dur labeur et dessacrifices, ils travaillaient joyeusement, forts du sentiment que les predictions des mathematiciensetaient plus precises, les lieux d'habitation plus eleves, les vies plus proches de }'apogee. Ils croyaientfermement contribuer au monument le plus ambitieux jamais con~u par l'homme. Ils etaient stimulespar les badges de merite et les honneurs decernes aux equipes de travail. Les visiteurs des citesspiralescomparaient l'etat des travaux avec le leur et ce qu'ils avaient accompli les remplissait de fierte.Le monument devorait implacablement tous les biens materiels. La propriete n'avait d'importance quedans la mesure ou elle concernait la construction. Les objets qui n'avaient plus d'emploi devaient etre,selon la loi, ajoutes a Ia pile de detritus situee devant la maison. La propriete personnelle etaitinterdite : pas d'objets de collection ni de fetiches, pas d'reuvres d'art, pas de figures religieuses, pas dedecorations qu'elles soient personnelles ou collectives. Leur vie n'etait qu'une fonction d'abri et dehauteur a atteindre. Et quand on atteignait les altitudes les plus elevees et qu'on avait besoin de moinsen moins d'ouvriers, on en sacrifiait un grand nombre qui se precipitaient de leur propre gre de !'avantde Ia structure dans le trou central contribuant ainsi a l'avancement des travaux.Le passe personnel etait rejete ou oublie. Faisaient exception a cette regie les archives soigneusementclassees des decisions concernant Ia structure qui, abstraites et distillees, donnaient naissance auxequations mathematiques servant a prevoir !'edifice. Le passe de !'habitation etait reconstitue par desmodeles mathematiques de fa~on a servir dynamiquement le futur. Ces archives etaient tenues avec unsoin scrupuleux, la moindre erreur pouvant signifier l'effondrement de !'edifice tout entier. L'echecetait en fait inevitable, le travail etait ponctue de doutes qui conduisaient a la depression et finalementa l'effondrement.<strong>Charles</strong> <strong>Simonds</strong>.65

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