Pour queUes raisons avez-vous choisi de faire de Ia rue Ie theatre principal de votreactivite?Ma maison etait remplie de lieux imaginaires et il m'a semble aussi simple de lesrecreer dehors, ou plus de gens pouvaient les voir. La rue etait excitante et pleined'aventures. Les Little People furent si bien accueillis qu'ils y resterent et s'y multiplierent.L'architecture de la ville est pleine de lezardes, d'escarpements et desaillies qui pouvaient etre explores sans fin. Les demeures ont une maniereetrange de transformer un espace cree par la main de l'homme - comme desniches provoquees par le bris de briques dans un mur -en un paysage nature!,un rocher sur lequel une demeure peut etre construite. C'etait d'autre part fascinantde faire face a !'instinct gregaire des gens dans la rue. Ce qui semblait, deprime abord, un espace ouvert et libre, se revelait en realite le lieu d'un conflitd'interets fanciers.J'ai travaille a Soho, au debut (1970-1975), a l'epoque ou c'etait encore un quartiertres ouvrier. Les Little People furent confrontes a deux publics, les gens dumilieu artistique et les manreuvres qui chargent les camions. En general, les reactionsdes gens du monde de l'art etaient previsibles et bloquees aussi par desconventions sociales qui les faisaient tenter de m'assimiler a leur milieu. Lesouvriers reagissaient spontanement avec une excitation et des commentaires certainementaussi profonds que ceux des gens de l'art. Ils saisissaient beaucoupd'associations d'idees que je trouvais particulierement importantes.A la suite de cela, j'ai decide d'explorer un quartier de Ia ville, un groupe geographiqueet sociologique coherent, sur lequel je pourrais travailler pendant un certaintemps. Ainsi, les Little People pourraient creer d'eux-memes une histoire etune mythologie en rapport avec un groupe de gens. Je desirais trouver un quartierou la vie de Ia rue fftt animee, et le Lower East Side semblait convenir. Beaucoupd'ouvriers de Soho etaient noirs ou portoricains. C'est la curiosite qui, en fait,m'a conduit dans le Lower East Side, celle meme qui me fait souhaiter d'etudierles reactions aux Little People a l'etranger.6
J'ai fait la premiere demeure sur le Lower East Side avec quelque inquietude,me sentant en quelque sorte etranger, sans connaissance exacte de la structure duquartier. Je la fis sur l'avenue C, le Broadway de ce quartier. Les gens s'agglomeraient; cela a vraiment ete une journee d'extase pour moi. Les enfants me grimpaientdessus, des policiers, des plombiers, des junkies me jaugeaient. Un commerc;antm'a apporte du cafe. Cela m'a convaincu de rester et, maintenant, j'ai fait,dans chaque bloc de ce quartier, une ou plusieurs demeures, au total pres de 200,dont la plupart ont ete detruites soit par des enfants qui jouaient au bombardier,soit par des gens qui essayaient de les emporter chez eux.La destruction engendre un mecanisme de reaction. Parce que les gens me voientpasser un long moment a construire des demeures, parce qu'elles sont si compliquees,si fragiles et si belles, on les voit comme des choses tres precieuses. Leurimage est si forte que lorsqu'elles sont detruites on a un incroyable sentiment deperte. La demeure appartient a tous dans le bloc tant qu'elle n'appartient pas aquelqu'un en particulier. Des que quelqu'un veut la posseder, ou l'emporter, illadetruit.Progressivement, mon role a change. Au debut, je n'etais qu'un cingle pour lesgens du Lower East Side, sans identite en tant que personne. J'etais une attraction,un vagabond anonyme qui faisait des choses chimeriques. Le temps aidant,je devins une silhouette familiere, puis un membre actif des diverses associationsdu quartier, en particulier la Lower East Side Coalition for Human Housing aveclaquelle j'ai travaille pendant plusieurs annees sur divers projets et surtout celuid'un parc-aire de jeux, la Placita.Est-ce que vous refusez les moyens traditionnels de Ia diffusion de l'art, le circuitdes galeries, par exemple ?Dans certains cas, je refuse absolument les moyens sociaux traditionnels de l'art,dans d'autres cas, je choisis simplement d'autres solutions pour diffuser mes idees,plus appropriees, me semble-t-il, a leur contenu. Souvent, le contexte musee/galerieelimine les aspects les plus importants de mon ceuvre, le contact direct avec lepublic, mon role et mon identite en tant qu'individu actif dans le monde, les7
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