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Charles Simonds

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La construction de Ia nouvelle demeure prenait un an et suivait un calendrier prects, de telle sortequ'elle progressait avec les saisons. Le criblage et le tri perpetuel des debris formaient une sorted'ouroboros dans lequel le present devorait le passe. Quelques objets retrouves etaient gardes etreutilises. D'autres, evoquant des souvenirs, etaient conserves comme des objets de collection et fetiches.On tissait des histoires et des souvenirs autour de ce memento et le passe etait reconstitue dans leuresprit tout comme les vieilles briques reconstituaient la nouvelle habitation.Parfois cette resurrection du passe ne se faisait pas sans mal. Ceux qui ressentaient le besoin de Iutteravec le souvenir d'une personne ou d'un evenement deterre, s'avanc;aient et le revivaient sous forme deconte ou de ballade ou meme de discours, d'un dialogue entre le present vivant et les morts. Un jourentier pouvait etre consacre a une reminiscence particulierement douloureuse. Une fois que tous etaientrassures, !'excavation et la construction reprenaient, rythmees par les chants, le criblage et le tri.Les relations sexuelles etaient censees etre limitees a la ceremonie de la re-naissance. 11 y avait deseveres interdits sur toute autre forme de rencontres sexuelles et ceux qui les outrepassaient etaientpassibles d'execution quand on les surprenait. Cette repression avait pour but de canaliser toutel'energie sexuelle sur un unique moment d'inceste partage, en realite elle ne faisait qu'augmenter Iapromiscuite quotidienne. Des reunions clandestines se tenaient sous des pretextes tres recherches etsouvent tres amusants. 11 etait courant de faire l'amour dans un couloir derobe, en singeant quelqu'autreactivite. De tels comportements n'etaient pas pris en consideration et a la rigueur pouvaient etretoleres, tant qu'ils n'avaient pas de « suites ». L'auto-avortement et l'usage de racines prophylactiquesetaient courants bien que tabous. Le but de ces rencontres illicites etait d'etablir des relations incestueuses.Et la elles n'etaient qu'une parodie des activites sexuelles implosives/explosives de larenaissance annuelle. qui permettait d'introduire une note de rire quelque peu obscene et discordantedans une vie quotidienne somme toute fade et routiniere. Bien qu'on soit cense y risquer sa vie, lesdangers etaient bien faibles mais tout cela creait une sorte de roulette russe sexuelle. En public,chacun vous disait ne pas concevoir de relations sexuelles dans un autre but que celui de procreeret que Ie coit ne pouvait avoir lieu que dans !'enceinte sacree du dome et uniquement au solstice etque, sans Ia protection du dome/matrice, aucune conception n'etait possible.Le solstice etait le point focal de leur vie. A son approche. les excavations cessaient et !'excitationgagnait les maisons. On faisait Ia recolte et on en plac;ait une partie dans les nouvelles demeures. Aucoucher du soleil, tous les adultes se reunissaient selon l'age et descendaient dans le dome. Arrive aubas de l'echelle, chacun aioutait une buche au feu du centre. enlevait et brulait ses vetements ets'unissait a Ia melooee. Le chant montait au fur et a mesure que le cercle s'elargissait. et le feu devenaitde plus en plus vif et chaud. Une fois que Ia derniere personne etait entree, on retirait l'echelle quietait placee en croix au-dessus des tetes.11s se tenaient tous la main dans Ia main en un vaste cercle le long du mur. La danse de rotationcommencait, tourbillonnante et formant des remous d'energie. Refletant le systeme solaire, les couplesse formaient et se faisaient tourner autour du feu. La danse continuait de plus en plus raoide, .iusqu'ace que Ie feu commenc;at a mourir. Tous tournoyaient. essayant d'augmenter Ia vitesse de l'autre. Etcomme Ia matrice s'assombrissait. ils s'avanc;aient vers le centre, roulant a terre. Perdus dans Ie vide.ils s'agriopaient a un autre corps pour trouver l'orgasme. Quand ils etaient epuises, abattus par ]afatigue. ils retournaient aux activites quotidiennes : compter et ordonner le temps, forts de Ia puissancede chacun.64

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