Leurs demeures torment sur le sol le dessind'un grand arbre gisant, ramijie et divise au jil deleurs amours et de leurs haines, registre ancestrald'une vie vecue comme une odyssee, enracinee dansun passe obscur et lointain.On rencontre parjois un vieux menestrel surles chemins qui borden! les demeures. Les gens racontent,qu'enfant, il avait entrepris avec ses parents unlong voyage a rebours et qu'au cours de peregrinationssans fin, il avait reuni une histoire presque completede son peuple. II en etait revenu avec ce galimatias dechansons et d' elucubrations, qui sur Ia trame desaventures d'un peuple jeune, nomade et hardi, qui abeaucoup voyage et beaucoup fait, tisse Ia couverturedes souvenirs .... Une vieille qui etait revenue de son voyagedans le passe avec une illumination : la vie ne suidansle passe avec une illumination : La vie ne suivailpas, comme on l'avait cru, une ligne infinie maisappartenait en fait a un grand arc invisible qui unjour se rejermerait. Et c'est a cet endroit que chacunretrouverait ses ancetres dans une grande dansejoyeuse.Fragments de notes retrouvees d'un voyageurLeurs demeures formaient une rue/maison cheminant sur terre en direction du futur, loin du passe.Quand ils demenageaient, ils laissaient tout derriere eux, intact comme un musee personnel. Lesdemeures se succedant, les traces d'une histoire individuelle se faisaient de moins en moins precises.Retourner en arriere faisait le meme effet qu'entrer daps une piece que ses occupants viendraient dequitter par une autre porte. Plus on remontait dans le temps, plus ce sentiment s'attenuait, saspecificite se perdait en d'autres moments. Le temps devenait une chose continue. Le sable s'amoncelaitdans les coins et les charpentes s'ecroulaient ju'squ'a ce que la terre reprenne possession de]'architecture. Une trace seule, un renflement rappelait que quelqu'un etait passe ici autrefois, enroute pour ailleurs.61
Les cultures et la prochaine direction que prendrait la demeure, absorbaient leur attention. 11 fallaitpenser a tout : les contrats de mariage, les liens sociaux, les interets economiques, la configuration duterrain, les jonctions eventuelles. 11 se creait rarement de bureaucratic car les decisions etaientcapricieuses. Les chemins pouvaient se couper ou se froler, chaque demeure conservait son autonomie.Des reseaux denses de demeures neuves et anciennes se creaient, donnant naissance a d'etranges villesqui juxtaposaient les maisons aux ruines, les jardins aux pares ~t decouvraient aux yeux de tous leshistoires personnelles. Les intermariages etaient frequents en ces points de rencontre, on faisaitechange de traditions et de passes et les lignees se melangeaient.Quand ils evoquaient ces reunions, ils les consideraient comme les moments culminants de leursvies. Confores par un sentiment de cohesion, ils repartaient de !'avant. Des civilisations richespouvaient naitre et se desintegrer par la suite, quand ils se separaient et retournaient a leurs aventures.Quand quelqu'un desireux de retracer son passe atteignait un de ces points d'intersection, il etaitsouvent inacapable de demeler les pistes et s'y risquant se trouvait perdu dans une confusion de passes.Parfois quelqu'un qui s'etait aventure trap loin dans le passe se retrouvait sur un pas de porte, sanspasse ni present. Ces gens etaient sujets de pitie pour avoir tout risque a percer le secret de ce quis'etait passe avant.On organisait des excursions dans le passe. Des equipes de specialistes, archeologues, sociologues, tausles gens susceptibles de devoiler le passe partaient en expedition. Periodiquement des messagersrevenaient munis de cartes qui faisaient etat d'un grand rassemblement tres ancien et cette decouvertepermettait d'expliquer les croyances que certaines familles avaient conservees, les marques genetiquescommunes, l'origine des querelles entre clans.Pour eux, le passe formait un formidable reseau au long duquel leurs vies cheminaient, ou bien unes9mbre foret aux nombreuses entrees. ~e passe etait a la fois tentation et menace, generateur dedemences, cause d'interminables ruminations et de confusions, un monde mysterieux, qui pouvaitcommencer joyeusement dans le present par une promenade l'apres-midi, pour aboutir a un miasmeterrifiant, a une geographic genealogique qui disparaissait derriere Ia colline, s'enfon~ait dans Ia terre,au-dela de l'horizon.62
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