Par Évelyne Bousquet

Par Évelyne Bousquet - Ville de Poussan Par Évelyne Bousquet - Ville de Poussan

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Par Évelyne Bousquetsupplément au Bulletin Municipal de Poussan “Côté Village” N° 18 - automne 2008

<strong>Par</strong> <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong>supplément au Bulletin Municipal de Poussan “Côté Village” N° 18 - automne 2008


sommaireLa garrigue ou les garrigues ? 3Le pastoralisme 4Les défrichements 7A qui appartiennent les garrigues ? 8Les éléments d’architecture 10Les «objets modernes» 13Les enjeux d’aujourd’hui 14petite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20082


Le territoire dela communede Poussan,s’étend sur environ3000 hectares. Lesgarrigues s’étendentà l’ouest du villagedepuis l’étang de Thau jusqu’aux collinesde la Moure et le causse d’Aumelas etreprésentent environ 1500 hectares.Nous allons parfois marcher en garrigue àla recherche d’une bouffée d’oxygène, cetespace nous procure une sensation denature sauvage. Pourtant il est profondémentmarqué par l’empreinte de l’hommeet de ses activités au cours des siècles. Desindices de cette histoire sont faciles à repérer.<strong>Par</strong>tons à leur découverte; anciens ouactuels, ils nous invitent à un voyagerécréatif et culturel.La garrigue peut apparaître assez inhospitalièreà cause de sa topographie escarpée,de sa végétation piquante, mais c’est unmusée vivant du passé. Les documentsd'archive ont aussi un intérêt pour l’histoiredes garrigues poussannaises.La garrigue ou les garrigues ?«La garrigue est un type de végétationadapté au climat méditerranéen, à la sécheresse,composé d’espèces clairsemées entrelesquelles apparaît la rocaille, installé le plussouvent sur un terrain calcaire incapable deretenir l’eau, en forme de plateaux ou collines.Il n’existe plus de forêts de grands chênesverts ou yeuses. L’incendie, l’abattage ontouvert des clairières ou se sont établis lesgarrigues dans ce milieu ouvert favorable àla biodiversité.Taillis de chênes verts ou YeusesCe sont : la garrigue basse à thym, cellehaute à romarins, les landes à cistes cotonneux,les impénétrables brousses à chêneskermès, qui ne laissent pourtant pas apparaîtrela rocaille. On nomme aussi garrigueles pelouses sèches où pousse «l’herbe àmouton». Dans les fond de vallon subsistentquelques oliviers.Les taillis de chênes verts ne sont pas unegarrigue. Aujourd’hui, leur forte progressionaccroît les risques d’incendie et fontdisparaître ces milieux ouverts ou vivent laflore et la faune.La garrigue poussannaise vue des collines de la Mourepetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20083


La végétation et les paysages changent avecle temps et en fonction de nombreux facteurscomme les défrichements, les coupes,le feu et par la construction de nouveauxhabitats et de nouvelles infrastructures.Imaginons les lieux que nous connaissonsaujourd’hui par lalecture des matricesde compoix (cadastreservant de base auximpositions).En 1630, au Perrou,une jasse (bergerie)cours et galinié (poulailler).En 1780 uneolivette et petit boisdans lesquels se trouventles vestiges del’église de St Vincent.Dans les actuelles Vue aérienne - IGN - 2006rue de la fraternité etde l’égalité en 1830 on trouvait 8 petitesbergeries et 2 plus grandes dans le bas de larue de la salle et Émile loubet.Cadastre NapoléonienNous possédons le cadastre napoléonien,atlas qui a été établi entre 1823 et 1841.Nous pouvons voir l’évolution de l’espacesi nous comparons deux vues «aériennes»du village, celle de 1841 et celle de 2006 : lavoie romaine est toujours visible sur lesdeux cartes mais sur la 2 ème on peut voirl’abandon de quelques parcelles de garriguespour la création des voies de cheminde fer en 1868 et en 1880, et celui pour lacréation de l’autoroute A9 en 1970-1973.Le pastoralismeLe pastoralisme est un élément fondamentalde l’histoire des garrigues. Un acte de1630 nous apprend que Mathurin deBarierre et Jean Fornier ont fait société etmis en commun 332bêtes à laine pour ycomposer un troupeau,ils se partagerontle profit, maisaussi les pertes, et ilscontribueront parmoitié à la nourrituredu troupeau et fournironsles jasses pourle lui enfermer. Ilscontribueront auxgages et entretien duberger. Ils pourrontutiliser le parc pourfumer leurs vignesmais s’il pleut chacun attendra son tour.Les contrats d’afferme (de location) desherbages pour les troupeaux comprenaientles garrigues communales à l’exception dela période de transhumance qui va de mai aseptembre. Le dernier bail concernant laplus grande partie de nos garrigues serasigné en 1810.Ces baux nous apprennent qu’en 1675 l’ensembledes propriétaires des bêtes à lainene doit pas posséder plus de 5270 bêtesselon le règlement.Nous connaissons aussi le nombre de propriétairesde bêtes à laine et de chêvresgrâce à un état qui récapitule la dîme (impôtversé au clergé) de la toison et de la chair.Nous savons qu’en 1688 il y avait 4200bêtes à laine tondues dont environ 25 % à laseigneurie de Poussan et appartenant aussià 11 propriétaires. Il y avait aussi 6 propriétairesde 285 chèvres.En 1719 une délibération consulaire nousindique, 8 troupeaux, 11 propriétaires debêtes à laine, 1 troupeau et 1 propriétaire dechèvres.En 1768, le nombre de bêtes à laine est de5000, les pâturages ne permettent de n’enpetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20084


Transhumance à Montpeyrouxnourrir que 3000, il faut convertir deschamps en pâtures.Au début des années 1900, on élevait lemouton surtout pour la viande, un documentfait état des bêtes abattues et des taxesà payer. Du 1 er janvier au 5 août 1907,Michel Bouat a abattu 340 moutons et brebis,82 agneaux; Antoine Pascal 399 moutonset brebis, 146 agneaux; Benjamin Pageset Marius Déhan la moitié; René Déhan 47moutons et 52 agneaux.Dans les années 1950 il ne reste que deuxtroupeaux celui de Mr Déhan et celui de MrBertrand.En 1823 on dénombre une trentaine de bergeriesdont 15 dans les faubourgs. Elles ontaujourd’hui disparues transformées enhabitations.Dans les garrigues, on dénombrait 6 grandesbergeries, aux Roques, à Belbezé, auxOnglous et à l’hera; 7 autres à la Matte etAncienne bergerie en ruineau Mas blanc; 1 bergerie à la Garenne et 1 àSt Vincent. Il reste aujourd’hui 2 ou 3 bergeriesrénovées en habitation et quelquesruines pour les autres.Lac supérieur des 3 lacsL’entretien des lacs et abreuvoirs étaient àla charges des propriétaires des troupeaux.En 1809, il est une charge communale : lorsdu conseil municipal du 05 février, le mairefait observer que les lacs ou mares situésdans la garrigue pour l’abreuvage des troupeauxsont devenus insuffisants, soit par lafaute d’être nettoyés, soit que presque touslaissent perdre leur eau parce qu’on n’yentretient pas une suffisante quantité d’argile.Le conseil décide de faire réparer, etdemande l’autorisation au préfet de fairedresser par un homme de l’art un devis desréparations à faire à tous les lacs et mêmed’en augmenter le nombre s’il y a lieu.petite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20085


Brachypode rameux ou herbe à moutonPendant des siècles, les moutons ont sélectionnésur leur lieu de pâture les plantesqu’ils consomment : herbacées, arbrisseaux,les plantes délaissées comme les épineuses,les toxiques, indigestes, odorantes. Les plaquéesau sol étaient de plus en plus fréquenteset l’homme intervenait en mettantle feu pour rajeunir la pâture. Dans ceszones aujourd’hui abandonnées, sans entretien,les plantes que la dent du mouton adélaissées ont tendance à occuper l’espacetrès largement.Papillon ProserpineMante religieuserencontrons des espèces protégées : lepapillon Proserpine, la grenouille verte.La floraison printanière est un enchantementqui illumine la garrigue. Elle devientun tableau coloré avec le bleu de l’aphyllanthe,le rose de l’orchidée, le jaune pâle del’iris nain, le rouge de la tulipe sauvage, leblanc du ciste de Montpellier, le rose duciste cotonneux.Genêt scorpionCadePistachier térébintheChêne KermèsLes garrigues sont souvent perçues commedes lieux pauvres et désolés. Ces espacesouverts sont au contraire d’une granderichesse. Ils abritent une grande diversitéd’espèces animales et végétales qui constituentnotre patrimoine naturel. De trèsnombreux insectes et petites bêtes, des reptiles,des oiseaux, viennent s’y nourrir. Lescorpion, le scolopendre, se cachent sous lespierres, la mante religieuse et l’empuse sontfaciles à observer. Dans nos garrigues, nousLa cueillette d’asperges, de poireaux et desalades sauvages réunit la famille auxabords des garrigues. Le brétacounil, larapette, le répounchou, ou la roquette fini-Ciste cotonneuxorchidée Barlie de Robertpetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20086


ont dans l’assiette. La floraison est decourte durée car l’été viendra jaunir toutesles herbes.Les défrichementsNos archives communales possèdent desmatrices du compoix (ancien cadastre servantde base à l’impôt foncier), la plusancienne est de 1630 (très abîmée), uneautre date de 1648 et on peut y lire les nomsdes propriétaires, hommes ou femmes, avecla désignation de leurs biens : maisons, jasses(bergeries), cazals (vieilles maisons),aire à ferragils (aire à fourrage), jardins, etterres.Ce sont plus de 4000 parcelles qui y sontrépertoriées, certaines de quelques ares seulement.Certains propriétaires possèdentune seule parcelle et d’autres jusqu’à 30. Cesont des vignes, des olivettes, des champs,des terres hermes (incultes), quelques bois,taillis de chênes verts. Françoise Rouvièrepossède une olivette à Font Ginescal, JeanArbus un champs à mas Luzen et une vigneà Reilla, Antoine Comte une vigne àBelvézé, Samuel Gervais une vigne et troisenclos à Caitivels entourés de toute part parla garrigue.La garrigue n’est pas mentionnée car elleappartient à la communauté et n’est passoumise à la taille (impôt dû au roi)Aux archives départementales, un documentde 1647 fait état de plus de 260 terresdéfrichées depuis 100 ans. Ces nouvellesterres seront inscrites au compoix et lespropriétaires vont payer un droit d’usage etun droit d’entrée payables en espèces ou ennature. On va y retrouver Samuel Gervaispour sa vigne à caitivels qui va payer dixsols et une perdrix. Françoise Fabresse vapayer pour une vigne à la Bataille, 4 denierset un cochon, pour une vigne à LauhinièreFulcrand Rougé et sa femme, un poulet etun agneau, pour une vigne à Roumèges, lafemme de Tudesq de Bouzigues, 2 sols et 2mujols (poissons), Jean Alla pour une vignea la descente du Puech des <strong>Par</strong>ets va devoirdeux sols et deux journées de reconnaissanceà travailler.Un autre document de 1648 nous dit quedepuis 10 ou 12 ans ont été défriché environ800 séterées (environ 150 ha).En 1809 la municipalité adresse au préfet 74déclarations concernant des terres communalesdéfrichées.Les limites de parcellesSur les livres de 1648 les limites des parcellesétaient désignées par le nom des propriétairesconfronts (voisins) et par lespoints cardinaux : de Terral (nord),Narbonnais (ouest), Grec (est), Marin(sud). Sur le terrain on plantait des bornes;Mais comment les retrouver aujourd’hui ?Il s’en est planté à plusieurs périodes : en1735 les propriétaires de chèvres demandentde pouvoir tenir leurs bêtes dans les garriguesqui ont une superficie de 2/3 du terroir,aucun terroir voisin n’en possèdeautant !En 1741 nos garrigues sont vastes et les bergersdes lieux voisins y viennent et arrachentles bornes qui séparent les terroirs.On ne sait plus où sont les limites.le 13 juillet 1812 est écrit un procès verbalénumérant les reconnaissances des limitesde la commune faites par le sieur <strong>Par</strong>pielgéomètre délimitateur. Sur le terrain unetrentaine de bornes sont plantées.petite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20087


Pour une limite avec Villeveyrac on peutlire : «de la borne 31, la ligne se détourne parun angle rentrant dans le territoire dePoussan et se dirige directement jusque aucentre d’un abreuvoir commun aux deuxcommunes appelé lac de Trinquesolles, àcet endroit la ligne de démarcation est forméesinueusement par le penchant de lagarrigue dite de Sauve-garde jusques à larencontre d’une ancienne borne plantée àl’extrémité du devois d’Antonègre qui,nous avait servi de point de départ par laborne N°1».En 1834 une douzaines de bornes serontdressées par les géomètres Jean Pierre Vinaset Antoine Reboul pour délimiter les garriguesde la commune et celles des frèresGervais, car une centaine de propriétairesusurpateurs se sont installés, ignorant queles garrigues qui appartenaient à la communautédepuis des temps immémoriauxavaient été vendues. Un abondant courrierest échangé avec le préfet, on peut y lire :«La huitième borne a été planté a 202mètres de la septième, à cinquante huitmètres au dessus d’un troisième four achaux».BorneBergerie abandonnée à la MontagnetteA qui appartiennentles garrigues ?Sur un dénombrement des biens communauxde 1690, on peut lire : «La communautéjouit et possède les garrigues pâtus etvacants. Les habitants ont droit de fairepaître leur bétail gros et menu, et d’y fairedu bois» (La propriété et la jouissance perpétuelled’une portion de l’étang y sontaussi mentionnées).En 1715 le seigneur de Montagnier exprimeson désaccord : il prétend que les garrigues,terres hermes et vacants, lui appartiennenten qualité de seigneur justicier et foncier dudit Poussan, il prétend que les garrigues dudevois (colline) de la Moure ont été inféodées(données en fief) à la communauté depoussan. Il ne s’oppose pas à ce que leshabitants puissent y lignerer (ramasser lesbois morts, secs et par terre) et y fairepetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20088


par la commune et appelés la réserve, lacommune de Poussan, en vertu de la loi, acédé ses garrigues, c'est-à-dire environ1260 hectares 24 à Mr M. Privat de Mèze.Les habitants conservent un droit de passagedans les chemins et les drailles, et celuipour les parcelles enclavées, et celui delignerage. Le nouveau propriétaire et lesprochains acheteurs, n’auront plus le droitde défricher ou de changer la destinationdes dites garrigues. La commune continuade recevoir la rente de l’état provenant desbiens aliénés pendant une cinquantained’années, mais elle n’était plus propriétairedes garrigues.dépaître leurs troupeaux. Cependant pourles garrigues de celui de la devèze (terrainsréservés), les habitants n’ont aucun droitset, si les habitants ont des titres, ils n’ontqu’a les lui communiquer ! Les consulsrépondent que les garrigues appartiennent àla communauté depuis des temps immémoriaux.De nombreuses délibérations, lettres,s’ensuivirent. Les garrigues sont finalementrestées communales.Jusqu’en 1813, les herbages de la communautéont été affermés et rapportent unrevenu. Afin de remplir les caisses de l’état,Napoléon I ER avait invité les communes àcéder à l’État leurs biens communaux rapportantun fermage, moyennant une rentede même valeur. Dans le registre des mutationsla commune possède 1354 hectares 74.Le 11 octobre 1813, par voie d’adjudicationaux enchères publiques au quatrième feu, àl’exception de 94 ha 50 environ conservésEn décembre 1817, Mr M. Privat revend lapresque totalité aux deux frères Gervais.Ces derniers en revendent, les jours qui suivent,quelques parcelles à des familles debergers, bouchers et autres, à des propriétairesde Villeveyrac et de Bouzigues. Ilsont l’obligation dans le délai d’un an, a leurfrais et dépens, de clôturer leur parcelle pardes murs de au moins un mètre de hauteur.Ils ne pourront jeter ou transporter aucunsdéblais en pierre dans les parcelles invendues.Mur de 1 mètre avec abriAujourd’hui sur les sommets de la Moure, àla Matte, une dizaine de très grandes parcellesappartiennent à des particuliers, encontrebas les anciennes terres défrichéesappartiennent à un grand nombre de propriétaires;ces terres ont été acquises oureçues par succession.petite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 20089


Reboisement sur le Puech MonierLa municipalité qui possédait les garriguesde la réserve, a racheté celles de PuechMonier, et depuis 1982 les louent pour l’exploitationd’une carrière à ciel ouvert degranulats calcaires.En 1973, la municipalité a racheté des parcellesà Puech Moutou et à Vieille Séque,elles sont occupées actuellement par le balltrapet un circuit pour motos.Dans les années 1970-71-72 des plants sontdistribués gratuitement en mairie pour lereboisement, afin de permettre le ralentissementde l’érosion des sols.Feu de garrigue en juin 2006 sur la MatteFace au risque du feu pour nos garrigues etbois communaux, en concertation avecl’Office National des Forêts (ONF), ontété aménagés des pistes d’accès pompier,des pare-feux, des points d’eau, le débroussaillemmenta été rendu obligatoire.Les éléments d’architectureComme nous l’avons vu, au cours desXVIII ème et XIX ème siècles, les paysans et leséleveurs se sont mis a agencer les coteauxcomposant nos garrigues. Des murs depierres sans mortier, se succédant en terrassespour retenir la bonne terre, vont êtreconstruit avec les pierres sèches provenantde l’épierrement. Les pierres excédentairesvont être entassées et former des clapas(monticule). Certains tas formant des tours,pourraient avoir servi de poste d’observationaux bergers pour surveiller les troupeaux.L’édification d’abris de pierre sècheavec une voûte à encorbellement est aussiun moyen de stockage de ces cailloux. Cespetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 200810


Intérieur d’une capitelle enterrée au dessus du Catauxpetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 200811


Capitelle à Vieille Sèqueabris rustiques sont appelées chez nouscapitelles (petit abri pour la tête). On endénombre au moins sept. Pendant desannées les défrichements ont grignoté lagarrigue. La crise du phylloxera en 1871,l’apparition du tracteur dans les années1950 qui limite l’accès à de nombreuses parcelles,le gel de 1956, provoquent le recul dela culture de la vigne et de l’olivier. Peu àpeu ces nouvelles terres défrichées sur lesgarrigues ont été abandonnées et la plupartde abris, des murs construits ne sont plusentretenus... Ils témoignent encore du courageet de la peine déployée par nos aïeux.De nos jours certains coteaux ont été reprispar les taillis. Ces vestiges, ces petits bâtisfont aussi partie de notre patrimoine.Aux Cataux de nombreux murs de clôtureset les ruines de 3 ou 4 maisons sont uneénigme. Les anciens appellent ce lieu le villageabandonné. On ne retrouve pasd'écrits le mentionnant. S'agit il de plusieursbergeries entourées de parcs ouétaient parqué les gros troupeaux ? De fait,à Poussan les propriétaires de bêtes à laineLe “village abandonné”Meule en pierrepetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 200812


étaient appelés des pargassiers (pargue =parc). En l’absence de documents, la questionde l’origine de ces ruines reste encoreposée.Dans les registres paroissiaux, les actes demariages, de décès, de baptêmes, nous renseignentsur les professions : de nombreuxbergers, travailleurs de terre, brassiers,ménagers (petit propriétaires agricoles).Vers 1680 apparaissent des maîtres traceursde meules et autres tailleurs de pierre. Onles rencontrera de plus en plus nombreuxCarrière abandonnéedans les années 1780 à 1880.On sait que les carrières de meules en pierrese trouvaient une aux onglous et l’autre autènement de Valaury. on peut encore enapercevoir des fragments parmi les taillisde chênes kermès.Sur le cadastre de 1841, on trouve aussiattestée l’existence de 3 fours à chaux.En 1837, il est dit que les bornes sont enpierre de la carrière de Poussan.Une délibération municipale de 1845donne, après avis du préfet, au propriétaired’une parcelle, vendue en 1813 et transmisepar succession, l’autorisation d’exploiterune carrière. Nous apprenons que plusieurscarrières sont en pleine exploitation depuisun et deux ans dans des hermes (terresincultes) de particuliers, soit dans les garrigues,et que les roches extraites sont principalementexportées à Cette (Sète) pour lesconstructions privées et publiques pourlesquelles cette pierre plus dure est préféréeparce qu’elle résiste d’avantage à l’actioncorrosive des vents de mer.La taille de la pierre se perpétue avec l’entreprisel’homme et la pierre.Les «Objets modernes»L'homme moderne laisse aussi sonempreinte dans nos garrigues. nous rencon-Éoliennes d’Aumelaspetite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 200813


trons des cuvettes d'eau mises par les chasseurspour le petit gibier, des ruches par lesapiculteurs. Les petites bornes peintes enjaune vif signalent le passage de gaz naturelen sous sol. Les citernes DFCI sont desciternes de Défense de la Forêt Contre lesIncendies. En garrigues elles servent deréserves d'eau pour les pompiers. Au loinnous apercevons les garrigues d'Aumelas etses onze éoliennes.Les enjeux d’aujourd’huiPoussan a la grande chance d’avoir ses garriguesproches de l’étang de Thau et depouvoir jouir d’un superbe panorama. Ellessont aujourd’hui un espace de loisirs.Promeneurs, vététistes, chasseurs... se partagentles mêmes lieux selon des usages etdes perceptions parfois contradictoires etsouvent ignorent la règlementation.Ainsi la civilisation de loisirs nous imposeson machinisme bruyant, peu compatibleavec la sérénité des lieux : les conducteursde quads ou de motos transgressentl’Arrêté Municipal du 15 novembre 2006qui interdit la circulation de tous véhiculesà moteur sur les pistes forestières du territoirecommunal, au risque pour le contrevenantd’une amende de 600 euros et de laconfisquation de son véhicule.La cabanisation est une autre nuisance avecson cortège de dégradations et d’incivilités :terrains transformés en dépotoirs, chienserrants dangereux... les dépôts sauvages dematériaux et de détritus divers remplacentparfois la capitelle au détour d’un cheminbucolique.La plupart de ces espaces appartiennent àdes propriétaires privés. Respecter cesfabuleux paysages, c’est respecter à la fois larèglementation, les autres usagers, les propriétaireset les façons d’être. Ne laissonspas disparaître l’orchidée ou la grenouilleverte, le petit lac ou la capitelle..petite histoire poussannaise N° 6 - les garrigues de poussan - <strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong> - 200814


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supplément au Bulletin Municipal de Poussan“Côté Village” N° 18 - automne 2008Textes et photos :<strong>Évelyne</strong> <strong>Bousquet</strong>Conseillère Municipale à la Mairie de Poussanavec l’aimable participation deÉric MénardRéalisation, photos :Service CommunicationMairie de Poussanplace de l’hôtel de ville34560 POUSSANTél. 04 67 78 99 56communicationville-poussan.frDocumentation :Archives municipalesArchives départementalesÉcologistes de l’EuzièreOuvrages de J.-M. Negri, M. Lugand, A. Gervais.

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