RAPPORT DE DIAGNOSTIC - douanes de côte d'ivoire

RAPPORT DE DIAGNOSTIC - douanes de côte d'ivoire RAPPORT DE DIAGNOSTIC - douanes de côte d'ivoire

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C'est ainsi par exemple que les fraudes traditionnelles sur les régimes économiques, auparavanttrès pratiquée par les opérateurs en Côte d'Ivoire se sont considérablement réduites compte tenudes difficultés d'accès à ces régimes et de leur strict encadrement. Les déversements frauduleuxont beaucoup régressé et les écarts d’apurement auparavant constatés ont également diminué. Lesfausses déclarations de valeur sont désormais plus sophistiquées et tiennent à des réajustementsliés à des redevances de contrats d'exclusivité par exemple.Les fraudes sur la contrefaçon sont par contre croissantes et ont nécessité la création d'un bureaude lutte contre la contrefaçon au sein de la direction.Les contrôles en entreprises sont des contrôles essentiellement programmés et préparés jusqu'à sixmois à l'avance compte tenu notamment de l'importance des doubles, voire des triplescomptabilisation des activités et de la nécessité de disposer d'un maximum d'informations avant lecontrôle effectif en entreprise.Si les fraudes commerciales ont globalement tendance à régresser la contrebande sedéveloppe tous azimuts. La croissance de la contrebande est due au bouclage du port et del'aéroport d'Abidjan et à l’interdiction depuis 2005 de procéder à des importations commercialespar les bureaux frontières. Le groupement d'intervention et de recherche (GIR) connaît denombreuses difficultés dans l'exercice de ses responsabilités compte tenu du contexte de crise,toute la frontière du nord du pays étant considérée comme hors contrôle et certains pays voisinscomme le Ghana et le Libéria jouant le rôle de stocks d'attente pour les opérations de contrebande.De plus ce service éprouve également des difficultés à obtenir des informations sur la fraude entemps utile et les interventions sont en conséquence souvent trop tardives et difficiles.Les grands courants traditionnels de contrebande continuent à prospérer, tels ceux portants sur lesproduits manufacturés au plan local comme les pagnes, les piles, les dentifrices et les produitsalimentaires. Les informations préalables sont obtenues au travers des réseaux d’indicateurs etconcernent souvent des produits d'origine du Sud-Est asiatique.Pour assurer la couverture du territoire le groupement d'intervention et de recherche dispose desix subdivisions d'une trentaine d'agents. Ces services sont équipés de véhicules et de motos. Dufait de la situation du pays et de la nécessité d'appréhender les flux de contrebande avant leurarrivée dans la capitale qui compte de nombreux quartiers très peuplés et difficiles d'accès uncercle de contrôles de 100 km autour d'Abidjan a été installé. Ce cercle est composé de barragesmobiles mixtes comprenant des services douaniers et les forces de sécurité militaire. Cettesituation engendre un certain nombre de difficultés et de problèmes de coordination.Les moyens matériels à la disposition des services étaient encore récemment très insuffisants,notamment pour l'armement disparate par rapport aux forces en présence. Il en va de même pourles matériels de barrage et tous les moyens de communication qui ne sont pas adéquats à lasituation et à la hauteur des enjeux. Récemment le Ministre de l'Economie et du Budget a prisdes décisions pour mettre à disposition des brigades d’intervention de nouveaux véhicules etde nouvelles motos et pour faire acquérir des vedettes de surveillance des plans d'eaulagunaires qui ont toujours constitué une voix d'approche très pratiquée pour rejoindreAbidjan depuis le Ghana, notamment pour les fraudes portant sur les produits pétroliers.Compte tenu de l'existence du contrôle des changes, notamment dans la période de crise en Côted'Ivoire, la surveillance des mouvements financiers revêt une importance particulière. Pour cettesurveillance des mouvements financiers la Cellule du renseignement financier tente de repérer lesopérations sans domiciliation et les opérations d'exportation non suivies de rapatriement. Les66

informations bancaires sont recoupées afin notamment de retrouver les faux occasionnels et detenter d'identifier les organisateurs de transferts physiques de devises.Dans le domaine de l'assistance administrative mutuelle internationale (AAMI) la Côted'Ivoire a signé un nombre très limité d'accords puisqu'elle ne dispose de ce typed'instrument qu'avec le Ghana et bientôt avec l'Inde, un protocole étant en cours deratification avec ce pays.Enfin il convient de signaler que chaque année, la DGD élabore un plan annuel de lutte contre lafraude douanière.6.3.2 ProblèmesLes cinq années de conflit en Côte d'Ivoire ont eu une influence certaine sur la maîtrise desflux de marchandises et ont engendré des formes de fraudes nouvelles qui ont eu le temps des'installer et qui ne sont peut-être pas encore complètement appréhendées dans leurampleur par les services spécialisés de la direction générale des douanes. Compte tenu de lapriorité évidente accordée par les autorités à la sécurisation des flux et à celle des recettesbudgétaires il semble que la lutte contre la fraude n’ait pas bénéficié du même degré depriorité, les moyens financiers de l'État ayant été naturellement concentrés sur les outilsinformatiques.En conséquence et dans le cadre des disponibilités financières de l'État il conviendraitdésormais de redonner une priorité à la lutte contre la fraude, notamment à l'occasion duredéploiement des services administratifs dans la partie du territoire précédemmentoccupée par les forces rebelles.La reconquête de l'espace territorial va remettre en question un certain nombre de fluxirréguliers qui ont irrigué de nombreux territoires en Côte d'Ivoire même et dans tous lespays limitrophes. Les gains retirés des flux illicites sont très conséquents et nul doute que lesbénéficiaires de ces flux ne vont pas voir revenir l'administration des douanes avec grandplaisir et que la normalisation de la situation de ces flux ne sera pas évidente compte tenudes multiples intérêts et liens noués d'un côté et de l'autre des frontières.Pendant la période de crise l’importance du secteur informel s'est encore accrue et de trèsnombreux flux proviennent désormais de nouvelles origines qui concurrencent tant les fluxd'importation traditionnels que les productions nationales. Ces flux ont généré de nouvellesactivités qui ont leurs propres intermédiaires jusque dans le milieu des commissionnaires endouane.Outre ce contexte spécifique à la Côte d'Ivoire les difficultés suivantes ont été signalées à lamission :• Au titre des personnels la direction n'échappe pas aux difficultés signalées par l'ensembledes services à l'égard des derniers recrutements d’agents d'exécution. Dans le domaine dela lutte contre la fraude certains des nouveaux agents pratiquent le chantage et lestracasseries, usurpent les prérogatives des grades supérieurs et développent une relationmalsaine avec l'argent. Les nouveaux agents entendent « s'enrichir rapidement » et lesanciens doivent « préparer leur retraite » et n’ont plus de carrière à protéger ;67

informations bancaires sont recoupées afin notamment <strong>de</strong> retrouver les faux occasionnels et <strong>de</strong>tenter d'i<strong>de</strong>ntifier les organisateurs <strong>de</strong> transferts physiques <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises.Dans le domaine <strong>de</strong> l'assistance administrative mutuelle internationale (AAMI) la Côted'Ivoire a signé un nombre très limité d'accords puisqu'elle ne dispose <strong>de</strong> ce typed'instrument qu'avec le Ghana et bientôt avec l'In<strong>de</strong>, un protocole étant en cours <strong>de</strong>ratification avec ce pays.Enfin il convient <strong>de</strong> signaler que chaque année, la DGD élabore un plan annuel <strong>de</strong> lutte contre lafrau<strong>de</strong> douanière.6.3.2 ProblèmesLes cinq années <strong>de</strong> conflit en Côte d'Ivoire ont eu une influence certaine sur la maîtrise <strong>de</strong>sflux <strong>de</strong> marchandises et ont engendré <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> frau<strong>de</strong>s nouvelles qui ont eu le temps <strong>de</strong>s'installer et qui ne sont peut-être pas encore complètement appréhendées dans leurampleur par les services spécialisés <strong>de</strong> la direction générale <strong>de</strong>s <strong>douanes</strong>. Compte tenu <strong>de</strong> lapriorité évi<strong>de</strong>nte accordée par les autorités à la sécurisation <strong>de</strong>s flux et à celle <strong>de</strong>s recettesbudgétaires il semble que la lutte contre la frau<strong>de</strong> n’ait pas bénéficié du même <strong>de</strong>gré <strong>de</strong>priorité, les moyens financiers <strong>de</strong> l'État ayant été naturellement concentrés sur les outilsinformatiques.En conséquence et dans le cadre <strong>de</strong>s disponibilités financières <strong>de</strong> l'État il conviendraitdésormais <strong>de</strong> redonner une priorité à la lutte contre la frau<strong>de</strong>, notamment à l'occasion duredéploiement <strong>de</strong>s services administratifs dans la partie du territoire précé<strong>de</strong>mmentoccupée par les forces rebelles.La reconquête <strong>de</strong> l'espace territorial va remettre en question un certain nombre <strong>de</strong> fluxirréguliers qui ont irrigué <strong>de</strong> nombreux territoires en Côte d'Ivoire même et dans tous lespays limitrophes. Les gains retirés <strong>de</strong>s flux illicites sont très conséquents et nul doute que lesbénéficiaires <strong>de</strong> ces flux ne vont pas voir revenir l'administration <strong>de</strong>s <strong>douanes</strong> avec grandplaisir et que la normalisation <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> ces flux ne sera pas évi<strong>de</strong>nte compte tenu<strong>de</strong>s multiples intérêts et liens noués d'un côté et <strong>de</strong> l'autre <strong>de</strong>s frontières.Pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise l’importance du secteur informel s'est encore accrue et <strong>de</strong> trèsnombreux flux proviennent désormais <strong>de</strong> nouvelles origines qui concurrencent tant les fluxd'importation traditionnels que les productions nationales. Ces flux ont généré <strong>de</strong> nouvellesactivités qui ont leurs propres intermédiaires jusque dans le milieu <strong>de</strong>s commissionnaires endouane.Outre ce contexte spécifique à la Côte d'Ivoire les difficultés suivantes ont été signalées à lamission :• Au titre <strong>de</strong>s personnels la direction n'échappe pas aux difficultés signalées par l'ensemble<strong>de</strong>s services à l'égard <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers recrutements d’agents d'exécution. Dans le domaine <strong>de</strong>la lutte contre la frau<strong>de</strong> certains <strong>de</strong>s nouveaux agents pratiquent le chantage et lestracasseries, usurpent les prérogatives <strong>de</strong>s gra<strong>de</strong>s supérieurs et développent une relationmalsaine avec l'argent. Les nouveaux agents enten<strong>de</strong>nt « s'enrichir rapi<strong>de</strong>ment » et lesanciens doivent « préparer leur retraite » et n’ont plus <strong>de</strong> carrière à protéger ;67

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