employeurs) à adhérer la même année <strong>et</strong> 30 (6 salariés <strong>et</strong> 24 employeurs) à adhérerpostérieurement à la date <strong>de</strong> l’élection ou à avoir changé d’organisation <strong>de</strong>puis leur élection(13 <strong>de</strong>s 30 sont dans ce cas) ; au total, c’est 10% <strong>de</strong>s répondants syndiqués qui n’avaient pasd’appartenance <strong>syndicale</strong> avant leur élection. Il n’y aurait donc pas nécessairement continuité<strong>entre</strong> engagement syndical <strong>et</strong> engagement prud’homal, d’autant plus que parmi ceux qui sontmembres organisation <strong>syndicale</strong> ou professionnelle, seule la moitié déclare s’être portécandidat à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur ou d’une organisation. Plus d’un tiers <strong>de</strong>s répondants, dans les<strong>de</strong>ux collèges, déclarent avoir candidaté « spontanément », c’est-à-dire sans avoir étésollicités, selon eux, par une organisation ou par un collègue, salarié ou employeur. Bienqu’un tiers <strong>de</strong> ces candidats spontanés appartiennent à <strong>de</strong>s organisations <strong>syndicale</strong>s ouprofessionnelles, il est clair que d’autres intermédiaires <strong>et</strong> relais interviennent dansl’engagement prud’homal. Si l’engagement prud’homal s’inscrit pour beaucoup dans unecarrière <strong>syndicale</strong>, il est aussi le produit d’autres incitations. Par ailleurs, tous les militantsd’organisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles ne se présentent pas aux électionsprud’homales, ce qui signifie que ceux qui s’y engagent présentent sinon <strong>de</strong>s dispositions à ceposte, du moins <strong>de</strong>s caractéristiques rendant favorables <strong>de</strong>s sollicitations, qu’elles proviennentd’une organisation <strong>syndicale</strong> ou professionnelle ou non.Dès lors, la question <strong>de</strong> l’engagement en prud’homie se décline en <strong>de</strong>ux pistes d’analyse. Lapremière consiste à m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les filières <strong>de</strong> recrutement <strong>et</strong> les mo<strong>de</strong>s d’accès à laprud’homie. A c<strong>et</strong> égard, il est clair que les organisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles jouentun rôle important dans le recrutement <strong>de</strong> candidats. Mais elles ne sont pas les seuls agents <strong>de</strong>mise en relation <strong>de</strong> salariés ou d’employeurs avec l’institution prud’homale. La secon<strong>de</strong>revient à restituer les différents moments d’une vie, professionnelle, militante <strong>et</strong> familiale, quiconduisent certains salariés <strong>et</strong> certains employeurs à briguer un mandat prud’homal. Il s’agitalors <strong>de</strong> comprendre pourquoi certaines incitations s’avèrent efficaces. <strong>Les</strong> récits <strong>de</strong> vie,recueillis auprès d’une centaine <strong>de</strong> conseillers, perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce cesconditions qui ren<strong>de</strong>nt possible leur engagement. Elles sont ainsi saisies en lien avec lesévolutions plus générales <strong>de</strong> la structure socioprofessionnelle, <strong>de</strong>s relations sociales dansl’<strong>entre</strong>prise, du champ syndical <strong>et</strong> <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> militantisme. Elles sont également saisie àtravers la présentation <strong>et</strong> la reconstruction que les conseillers donnent <strong>de</strong> leur vie, <strong>de</strong> leurreprésentation du syndicalisme, du mon<strong>de</strong> du travail <strong>et</strong> du rôle du droit dans la résolution <strong>de</strong>sconflits. <strong>Les</strong> différents portraits <strong>de</strong> conseillers 213 livrés ici visent ainsi à illustrer <strong>de</strong>s tendancesgénérales <strong>de</strong> l’engagement prud’homal <strong>et</strong> à insister sur <strong>de</strong>s dimensions typiques <strong>de</strong> l’entrée enprud’homie. Sont ainsi esquissés <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> conseillers qui serviront le référence pourrestituer aux manières d’investir le rôle prud’homal 214 .Ce chapitre se propose <strong>de</strong> revenir d’abord sur le moment électoral comme résultat <strong>de</strong>différentes sollicitations militantes (1), pour montrer comment ces sollicitations s’articulentavec l’activité professionnelle <strong>et</strong> en particulier la place qu’y occupe le droit du travail (2).Nous pourrons alors montrer comment la venue aux <strong>prud’hommes</strong> fait écho à différentesexpériences vécues du conflit <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur résolution par l’<strong>action</strong> judiciaire (3).213Bernard Lahire, Portraits sociologiques, Paris, Nathan, 2002 ; Bernard Pudal, Gérard Mauger <strong>et</strong>Clau<strong>de</strong> Poliak,Histoires <strong>de</strong> lecteurs, Paris, Nathan, 1999.214Comme nous avons déjà pu le faire pour les figures <strong>de</strong> propriétaires. Cf. Hélène Michel, La cause <strong>de</strong>spropriétaires, Paris, Belin, 2006.98
1. Des sollicitations militantesLe rôle <strong>de</strong>s organisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles est beaucoup plus large que la seuleincitation à candidater. D’une part parce que l’organisation ne se limite pas à son implantationdans une <strong>entre</strong>prise, elle existe aussi à travers ses membres qui ont <strong>de</strong>s activités dans la cité <strong>et</strong><strong>entre</strong>nt, à c<strong>et</strong>te occasion, en relation avec d’autres réseaux <strong>de</strong> sociabilité tels que <strong>de</strong>sassociations <strong>de</strong> <strong>défense</strong>, <strong>de</strong>s organisations politiques ou plus largement <strong>de</strong>s acteurs d’activitéséconomiques <strong>et</strong> sociales au sein d’un territoire 215 . A c<strong>et</strong> égard, un membre d’une organisationpeut solliciter <strong>de</strong>s candidatures à plus d’un titre : en tant que membre <strong>de</strong> l’organisation, maisaussi en tant qu’ami, collègue, voisin… D’autre part parce qu’il n’est pas nécessaire d’êtremembre ou militant d’une organisation pour <strong>entre</strong>r en contact avec elle <strong>et</strong> être éventuellementenrôlé par ses membres. A c<strong>et</strong> égard, la décision <strong>de</strong> se présenter aux élections« spontanément » doit s’interpréter comme le résultat <strong>de</strong> différentes sollicitations indirectesqui, à un moment donné, prennent la forme d’une décision <strong>et</strong> d’une volonté <strong>de</strong> candidater.C’est donc en restituant les différents réseaux <strong>de</strong> sociabilité <strong>de</strong>s conseillers que l’on peutcomprendre comment ils <strong>de</strong>viennent conseillers.a) Le poids du « relationnel »Avant même <strong>de</strong> mentionner les invitations <strong>de</strong>s organisations professionnelles <strong>et</strong> <strong>syndicale</strong>s <strong>de</strong>se présenter, les conseillers interrogés m<strong>et</strong>tent en avant les qualités personnelles qu’ils pensentavoir pour bien tenir ce rôle. <strong>Les</strong> employeurs en particulier, évoquent ainsi le « bonrelationnel » qu’ils ont avec leurs salariés <strong>et</strong> plus généralement avec leurs clients dans le cadre<strong>de</strong> leur activité économique.C’est le cas par exemple <strong>de</strong> Jean Battiston, conseiller employeur <strong>de</strong> la section Activitésdiverses, qui insiste à maintes reprises au cours <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>tien sur la « probité » nécessairepour être conseiller, revenant même à l’origine du mot « <strong>prud’hommes</strong> ». Responsable d’uneagence <strong>de</strong> travail intérimaire, il m<strong>et</strong> au c<strong>entre</strong> <strong>de</strong> son activité « le respect <strong>de</strong>s autres »,véritable gage, avec « la vérité », <strong>de</strong> la confiance nécessaire dans la relation économique. :« Quand je suis entré dans l’<strong>entre</strong>prise, on m’a dit ‘respectez les autres <strong>et</strong> ils vousrespecteront’. C’était dans ma nature <strong>et</strong> c’est dans ma vie <strong>de</strong> tous les jours, c’est que jerespecte les autres pour que je sois respecté. Respecter le droit <strong>et</strong> respecter la vie en général.Donc c’est ce qui a fait que j’ai aimé faire ça [conseiller <strong>prud’hommes</strong>]. » Erigée en véritablephilosophie <strong>de</strong> la vie, c<strong>et</strong>te vertu explique, selon lui, sa venue au conseil <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong> :« j’ai joué franc jeu avec les <strong>entre</strong>prises… On est dans une p<strong>et</strong>ite localité, on est en pleinecampagne, ça veut dire qu’il y a un problème <strong>de</strong> confiance qui est important, on n’a pas ledroit à l’erreur, on doit dire la vérité, que ça doit faire du bien ou du mal, on doit le dire <strong>et</strong>j’ai toujours joué c<strong>et</strong>te carte là <strong>de</strong> la vérité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la confiance. Concrètement, ça veut direqu’avec les <strong>entre</strong>prises, quand je dis confiance… si je n’ai personne à… si je n’arrive pas àrecruter quelqu’un, je leur dit « je n’arrive pas ! », mais je ne veux pas tricher. Je respecte laloi, ça c’est un <strong>de</strong> mes plus grands points forts, je respecte la loi, mes ren<strong>de</strong>z-vous, ce que jedis je le fais, ce que je fais je le dis <strong>et</strong> je respecte la législation dans toute sa splen<strong>de</strong>ur. Et jerespecte l’être humain, les <strong>entre</strong>prises comme les salariés. Ce qui fait que dans ce contexte,un jour on m’a dit ‘écoutez Battiston, puisque vous êtes quelqu’un <strong>de</strong> confiance, vous êtesquelqu’un <strong>de</strong> réglo, on a pensé à vous… on a besoin <strong>de</strong> gens comme vous au conseil <strong>de</strong>s<strong>prud’hommes</strong>’. C’est comme ça que je suis rentré au conseil <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong>. » Comme s’il215Cf. Frédéric Sawicki, <strong>Les</strong> réseaux du parti socialiste, Paris, Belin, 1997.99
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