10.08.2015 Views

Les conseils de prud’hommes entre défense syndicale et action publique

04-44-RF

04-44-RF

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

1. Des sollicitations militantesLe rôle <strong>de</strong>s organisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles est beaucoup plus large que la seuleincitation à candidater. D’une part parce que l’organisation ne se limite pas à son implantationdans une <strong>entre</strong>prise, elle existe aussi à travers ses membres qui ont <strong>de</strong>s activités dans la cité <strong>et</strong><strong>entre</strong>nt, à c<strong>et</strong>te occasion, en relation avec d’autres réseaux <strong>de</strong> sociabilité tels que <strong>de</strong>sassociations <strong>de</strong> <strong>défense</strong>, <strong>de</strong>s organisations politiques ou plus largement <strong>de</strong>s acteurs d’activitéséconomiques <strong>et</strong> sociales au sein d’un territoire 215 . A c<strong>et</strong> égard, un membre d’une organisationpeut solliciter <strong>de</strong>s candidatures à plus d’un titre : en tant que membre <strong>de</strong> l’organisation, maisaussi en tant qu’ami, collègue, voisin… D’autre part parce qu’il n’est pas nécessaire d’êtremembre ou militant d’une organisation pour <strong>entre</strong>r en contact avec elle <strong>et</strong> être éventuellementenrôlé par ses membres. A c<strong>et</strong> égard, la décision <strong>de</strong> se présenter aux élections« spontanément » doit s’interpréter comme le résultat <strong>de</strong> différentes sollicitations indirectesqui, à un moment donné, prennent la forme d’une décision <strong>et</strong> d’une volonté <strong>de</strong> candidater.C’est donc en restituant les différents réseaux <strong>de</strong> sociabilité <strong>de</strong>s conseillers que l’on peutcomprendre comment ils <strong>de</strong>viennent conseillers.a) Le poids du « relationnel »Avant même <strong>de</strong> mentionner les invitations <strong>de</strong>s organisations professionnelles <strong>et</strong> <strong>syndicale</strong>s <strong>de</strong>se présenter, les conseillers interrogés m<strong>et</strong>tent en avant les qualités personnelles qu’ils pensentavoir pour bien tenir ce rôle. <strong>Les</strong> employeurs en particulier, évoquent ainsi le « bonrelationnel » qu’ils ont avec leurs salariés <strong>et</strong> plus généralement avec leurs clients dans le cadre<strong>de</strong> leur activité économique.C’est le cas par exemple <strong>de</strong> Jean Battiston, conseiller employeur <strong>de</strong> la section Activitésdiverses, qui insiste à maintes reprises au cours <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>tien sur la « probité » nécessairepour être conseiller, revenant même à l’origine du mot « <strong>prud’hommes</strong> ». Responsable d’uneagence <strong>de</strong> travail intérimaire, il m<strong>et</strong> au c<strong>entre</strong> <strong>de</strong> son activité « le respect <strong>de</strong>s autres »,véritable gage, avec « la vérité », <strong>de</strong> la confiance nécessaire dans la relation économique. :« Quand je suis entré dans l’<strong>entre</strong>prise, on m’a dit ‘respectez les autres <strong>et</strong> ils vousrespecteront’. C’était dans ma nature <strong>et</strong> c’est dans ma vie <strong>de</strong> tous les jours, c’est que jerespecte les autres pour que je sois respecté. Respecter le droit <strong>et</strong> respecter la vie en général.Donc c’est ce qui a fait que j’ai aimé faire ça [conseiller <strong>prud’hommes</strong>]. » Erigée en véritablephilosophie <strong>de</strong> la vie, c<strong>et</strong>te vertu explique, selon lui, sa venue au conseil <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong> :« j’ai joué franc jeu avec les <strong>entre</strong>prises… On est dans une p<strong>et</strong>ite localité, on est en pleinecampagne, ça veut dire qu’il y a un problème <strong>de</strong> confiance qui est important, on n’a pas ledroit à l’erreur, on doit dire la vérité, que ça doit faire du bien ou du mal, on doit le dire <strong>et</strong>j’ai toujours joué c<strong>et</strong>te carte là <strong>de</strong> la vérité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la confiance. Concrètement, ça veut direqu’avec les <strong>entre</strong>prises, quand je dis confiance… si je n’ai personne à… si je n’arrive pas àrecruter quelqu’un, je leur dit « je n’arrive pas ! », mais je ne veux pas tricher. Je respecte laloi, ça c’est un <strong>de</strong> mes plus grands points forts, je respecte la loi, mes ren<strong>de</strong>z-vous, ce que jedis je le fais, ce que je fais je le dis <strong>et</strong> je respecte la législation dans toute sa splen<strong>de</strong>ur. Et jerespecte l’être humain, les <strong>entre</strong>prises comme les salariés. Ce qui fait que dans ce contexte,un jour on m’a dit ‘écoutez Battiston, puisque vous êtes quelqu’un <strong>de</strong> confiance, vous êtesquelqu’un <strong>de</strong> réglo, on a pensé à vous… on a besoin <strong>de</strong> gens comme vous au conseil <strong>de</strong>s<strong>prud’hommes</strong>’. C’est comme ça que je suis rentré au conseil <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong>. » Comme s’il215Cf. Frédéric Sawicki, <strong>Les</strong> réseaux du parti socialiste, Paris, Belin, 1997.99

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!