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Les conseils de prud’hommes entre défense syndicale et action publique

04-44-RF

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Dans la première partie, nous avons présenté <strong>et</strong> analysé l’institution prud’homale. On amontré qu’il s’agissait d’un espace spécifique même s’il a du mal à s’autonomiser, pris <strong>entre</strong>trois mo<strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> légitimation : le syndicalisme, la justice <strong>et</strong> le mon<strong>de</strong> du travail. Il estalors intéressant <strong>de</strong> passer d’une perspective centrée sur l’institution <strong>et</strong> l’organisation à uneanalyse <strong>de</strong>s acteurs qui l’habitent, l’incorporent, en un mot la font exister. L’analyse <strong>de</strong>strajectoires sociales <strong>de</strong>s conseillers <strong>prud’hommes</strong>, mais aussi l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la manière dont ilsendossent leur rôle <strong>et</strong> le transforment – <strong>et</strong> ce faisant transforment l’institution 180 , perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>penser ensemble les logiques d’institutions, les logiques individuelles <strong>et</strong> les logiques sociales.Ce qui signifie qu’il faut analyser, à la fois en termes qualitatifs <strong>et</strong> quantitatifs, aussi bienl’histoire <strong>de</strong>s conseillers, leurs expériences <strong>et</strong> leurs dispositions, mais aussi la manière dont ilsvivent leur rôle <strong>de</strong> conseiller <strong>prud’hommes</strong> <strong>et</strong> ce qu’ils en font.Pour ce faire, l’enquête a été menée sur un double front, à la fois quantitatif <strong>et</strong> qualitatif. Nousavons donc réalisé un questionnaire, à partir d’un certain nombre d’<strong>entre</strong>tiens exploratoires.L’usage <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s quantitatives a plusieurs objectifs. D’abord, <strong>et</strong> au moins <strong>de</strong>puisDurkheim, le travail sociologique a pour objectif d’établir <strong>de</strong>s régularités sociales pour sortir<strong>de</strong>s cas individuels <strong>et</strong> du « rôle <strong>de</strong>s personnalités » ; non que le poids <strong>de</strong> l’individu soitnégligeable, bien au contraire, mais dans la sociologie du droit plus encore qu’ailleurs sansdoute, il est nécessaire <strong>de</strong> dépasser les analyses individuelles pour saisir <strong>de</strong>s processuscollectifs ; ce type d’analyse non seulement n’enferme pas la dimension individuelle maisperm<strong>et</strong> au contraire <strong>de</strong> l’enrichir 181 . D’autre part, l’usage <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s quantitatives perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>comparer <strong>de</strong>s trajectoires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s « familles » <strong>de</strong> trajectoires en montrant que les parcoursprésentés <strong>et</strong> perçus comme « atypiques » le sont parfois moins que ce que l’on pense. Enfin, lequantitatif, allié à un travail monographique <strong>et</strong> biographique fin <strong>et</strong> micro-sociologique, àpartir d’observations <strong>et</strong> d’<strong>entre</strong>tien avec <strong>de</strong>s conseillers <strong>prud’hommes</strong>, perm<strong>et</strong> précisément <strong>de</strong>rem<strong>et</strong>tre en perspective les matériaux qualitatifs. D’où l’utilisation concomitante <strong>de</strong>s<strong>entre</strong>tiens approfondis, qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> restituer la complexité <strong>et</strong> l’épaisseur historique <strong>de</strong>sconfigurations locales. C’est donc en pratiquant une complémentarité <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> recueil<strong>et</strong> d’analyse <strong>de</strong>s données que l’on peut proposer une analyse à la fois plus riche <strong>et</strong> plusexplicative <strong>de</strong>s trajectoires prud’homalesL’objectif <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>uxième partie est donc <strong>de</strong> dresser un portrait <strong>de</strong> groupe <strong>de</strong>s conseillerscomprendre, pour comprendre à la fois où se recrutent les conseillers dans l’espace social, enl’occurrence dans l’espace professionnel <strong>et</strong> dans l’espace syndical), comment ils investissentleur mandat en fonction <strong>de</strong> leur trajectoire (professionnelle, <strong>syndicale</strong> <strong>et</strong> perso) <strong>et</strong> quelles sontleurs attentes par rapport à l’institution. Dans un premier chapitre, après avoir rappelé lesconditions dans lesquelles nous avons élaboré <strong>et</strong> administré le questionnaire, nousesquisserons à grands traits les contours <strong>et</strong> les caractéristiques du groupe <strong>de</strong>s conseillers. Nouspourrons alors revenir, dans un <strong>de</strong>uxième chapitre, sur les conditions d’entrée dans laprud’homie à partir notamment <strong>de</strong>s moments qui ont préparé <strong>et</strong> rendu possible leurscandidatures puis leur entrée au conseil. Nous en déduirons les différents usages qui sont faits,consciemment ou non, du mandat, en tenant ensemble d’une part leurs motivations <strong>et</strong> leursattentes à l’égard <strong>de</strong> l’institution <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur engagement prud’homal, d’autre part lescontraintes <strong>et</strong> les opportunités offertes par c<strong>et</strong>te institution frontière.180Jacques Lagroye, « On ne subit pas son rôle », Politix, n° 38, 1997, p. 7-17.181Référence Lebaron sur les métho<strong>de</strong>s quantitatives.74

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