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Les conseils de prud’hommes entre défense syndicale et action publique

04-44-RF

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<strong>Les</strong> assemblées générales annuelles sont donc l’occasion <strong>de</strong> rappeler aux conseillers leurappartenance <strong>syndicale</strong> <strong>et</strong>, au-<strong>de</strong>là, que le fonctionnement <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong> en dépendrait. Ilexiste en eff<strong>et</strong> au sein du CPH une logique <strong>de</strong> conquête <strong>et</strong> d’attribution <strong>de</strong>s postes trèssimilaire à celle qui existe dans les assemblées parlementaires où les groupes politiquesobtiennent ces « trophées » en fonction <strong>de</strong> leur force numérique respective. La prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>ssections comme la prési<strong>de</strong>nce du conseil sont <strong>de</strong>s positions qui s’obtiennent en fonction <strong>de</strong>srésultats électoraux.Pourtant, l’appartenance <strong>syndicale</strong> <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>nts ne semble pas si déterminante sur lefonctionnement d’une section ou d’un CPH. D’une part parce que dans les p<strong>et</strong>its CPH, leslogiques <strong>de</strong> sections sont souvent défaites en raison d’absences <strong>de</strong> conseillers qu’il fautremplacer au pied levé <strong>et</strong> donc souvent avec <strong>de</strong>s conseillers d’autres sections. D’autre partparce que la prési<strong>de</strong>nce est <strong>de</strong> fait exercée en duo avec un(e) vice-prési<strong>de</strong>nt(e) issu <strong>de</strong> l’autrecollège. Ainsi, à observer <strong>de</strong> plus près les logiques <strong>de</strong> fonctionnement au sein <strong>de</strong>s <strong>conseils</strong>, ilsemble que ce ne soit pas tant l’appartenance <strong>syndicale</strong> que la structure paritaire <strong>de</strong>s<strong>prud’hommes</strong> qui structure les pratiques <strong>et</strong> invite les conseillers à « bien » remplir son rôlec’est-à-dire conformément aux attentes <strong>de</strong> l’institution. Autrement dit, un conseiller est avanttout salarié ou employeur. Or, être salarié ou employeur ne va pas <strong>de</strong> soi. D’une part, il nes’agit pour certains que d’une « i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> papier » 117 qui résulte soit <strong>de</strong> leur inscription dansun collège - c’est le cas <strong>de</strong> certains cadres en eff<strong>et</strong> peuvent choisir d’appartenir au collège <strong>de</strong>ssalariés ou à celui <strong>de</strong>s employeurs – soit du fait qu’ils dirigent un établissement avec <strong>de</strong>ssalariés – cas <strong>de</strong>s employeurs <strong>de</strong> l’économie sociale. C<strong>et</strong>te i<strong>de</strong>ntité résulte doncprincipalement d’une assignation extérieure 118 sans être forcément vécue <strong>et</strong> revendiquée entant que telle. D’autre part, lorsque les conseillers se vivent effectivement comme salariés oucomme employeurs, ils sont loin d’avoir les mêmes représentations <strong>de</strong> ce statut.L’hétérogénéité <strong>de</strong> leurs conditions socioéconomiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> les appréhen<strong>de</strong>r, enfonction d’histoires personnelles, <strong>de</strong> trajectoires professionnelles <strong>et</strong> d’appartenances<strong>syndicale</strong>s, ne contribuent guère à une homogénéité du collège <strong>et</strong> encore moins à sa cohésion.Ainsi, l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> collège que nous avons pu détecter chez les conseillers au cours <strong>de</strong> notreenquête, loin <strong>de</strong> préexister à leur venue au Conseil, résulte d’une socialisation institutionnelleà laquelle travaillent aussi bien la structure paritaire <strong>de</strong>s CPH que les organisations <strong>syndicale</strong>s<strong>et</strong> professionnelles.a) Collège contre collègeLorsque les conseillers arrivent au CPH, ils ont tous en tête <strong>de</strong>s images préconçues <strong>de</strong> cequ’est un patron ou un salarié en fonction <strong>de</strong>s expériences vécues <strong>et</strong> <strong>de</strong>s représentations quevéhiculent les médias <strong>et</strong> les discours politiques <strong>et</strong> syndicaux. <strong>Les</strong> porte-parole <strong>de</strong>sconfédérations nationales travaillent eux aussi à imposer une image <strong>de</strong> syndicaliste qui tendsouvent à se confondre avec l’image <strong>de</strong> ceux qu’ils préten<strong>de</strong>nt représenter 119 . Ainsi, la CGT117Pour paraphraser l’expression <strong>de</strong> Patrick Champagne sur les « manifestations <strong>de</strong> papier » qui se déroulentdans la presse.118Sur ce processus cf. les travaux <strong>de</strong> Gérard Noiriel <strong>et</strong> en particulier : « L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s citoyens. Naissance<strong>de</strong> l’état civil républicain », Genèses, n°13, octobre 1993, pp.3-28.119Cf. Pierre Bourdieu, « L’i<strong>de</strong>ntité <strong>et</strong> la représentation. Eléments pour une réflexion critique sur l’idée <strong>de</strong>région », Actes <strong>de</strong> la Recherche en Sciences Sociales, n°35, 1980 <strong>et</strong> « La représentation politique. Eléments pourune théorie du champ politique », Actes <strong>de</strong> la Recherche en Sciences Sociales, n°36/37, février/mars 1981, pp.3-17.44

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