professionnelles ne sont guère enthousiastes à l’idée d’organiser <strong>et</strong> d’endurer une électionsupplémentaire <strong>et</strong> qu’au fil <strong>de</strong> la réforme, <strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s naissent quant à « ce qui va sortir<strong>de</strong>s urnes ». Mais le tour que prennent les premières élections prud’homales rassurent cesresponsables qui voient désormais tout l’intérêt à c<strong>et</strong>te agrégation <strong>de</strong>s 271 résultats en unchiffre national <strong>de</strong> participation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s scores <strong>de</strong>s principales centrales <strong>syndicale</strong>s.b) Le double enjeu syndical <strong>de</strong>s « prud’homales »A partir <strong>de</strong> 1979, le ton semble donné : les résultats aux élections prud’homales sont luscomme mesure <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong>s forces <strong>syndicale</strong>s que l’on pourra suivre d’élections enélections. Pour les organisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles, l’enjeu <strong>de</strong> ces élections estdouble. D’une part il s’agit <strong>de</strong> mobiliser suffisamment pour pouvoir se prévaloir d’une forteparticipation. Dans un contexte où les taux <strong>de</strong> syndicalisation sont observés <strong>et</strong> sont comparésaussi bien dans le temps <strong>et</strong> dans l’espace pour diagnostiquer une « crise » du syndicalisme 108 ,la mobilisation électorale s’avère d’autant plus importante. Toutes les organisations<strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles s’accor<strong>de</strong>nt sur l’importance <strong>de</strong> la participation pour légitimerune « démocratie sociale » dont elles font les acteurs principaux. Toutes s’efforcent alors <strong>de</strong>faire <strong>de</strong>s électeurs inscrits dans électeurs votants. A c<strong>et</strong> égard elles travaillent <strong>de</strong> concert avecles pouvoirs publics <strong>et</strong> en particulier les membres du bureau <strong>de</strong>s élections prud’homales <strong>de</strong>manière à contrer le plus possible les critiques à l’égard du syndicalisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur rôle dansles politiques sociales. Certes, certains conflits subsistent par exemple sur le travail <strong>de</strong>constitution <strong>de</strong>s listes électorales, tantôt confié aux employeurs <strong>de</strong>vant transm<strong>et</strong>tre à l’Etat leslistes d’électeur, tantôt organisé sur un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> collecte via <strong>de</strong>s déclaration DADS. Mais lespartenaires sociaux partagent avec les agents du ministère c<strong>et</strong>te même conviction qu’uneélection réussie est une élection à forte participation.Mais, d’autre part, étant dans une logique <strong>de</strong> concurrence, propre au pluralisme qui caractérisele champ syndical français, chaque organisation se doit <strong>de</strong> faire non seulement un scoresignificatif, c’est-à-dire qui dépasse la barre symbolique <strong>de</strong>s 5%, mais aussi un scoresupérieur à celui <strong>de</strong>s autres. Sur ces <strong>de</strong>ux aspects il n’est pas rare que <strong>de</strong>s observateursutilisent les taux <strong>de</strong> participations aux élections prud’homales pour s’interroger, voire m<strong>et</strong>treen question, à la fois le droit <strong>de</strong>s organisations à intervenir dans les politiques <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> lareprésentativité que les pouvoirs publics leur accor<strong>de</strong>nt. Pour les organisations patronales parexemple, la faible participation dans le collège employeur est souvent mise en avant, aussibien par <strong>de</strong>s observateurs extérieurs qui contestent le rôle qu’ils ont dans le champ syndicalque par les responsables eux-mêmes <strong>de</strong> ces organisations qui déplorent l’absence <strong>de</strong>mobilisation <strong>de</strong>s employeurs. Si certains se réfèrent à l’individualisme <strong>de</strong>s patrons peu enclinsà agir collectivement 109 , d’autres rappellent combien peut être dommageable la présentationd’une liste commune qui prive l’élection <strong>de</strong> tout enjeu <strong>de</strong> compétition. <strong>Les</strong> organisations <strong>de</strong>salariés sont également concernées par l’enjeu <strong>de</strong> la représentativité qui contribue à réduire les<strong>prud’hommes</strong> aux élections prud’homales <strong>et</strong> à faire <strong>de</strong> ces élections <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> leurinfluence <strong>syndicale</strong>. Le récent rapport au Premier ministre sur le « dialogue social » s’inscritpleinement dans c<strong>et</strong>te logique lorsque son auteur Raphaël Hadas-Lebel indique comme pistele fait d'« utiliser les résultats <strong>de</strong>s élections prud'homales comme instrument <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>l'influence <strong>de</strong>s syndicats. ». Il ajoute que c<strong>et</strong>te mesure « pourrait aussi renforcer l’enjeu <strong>de</strong>108Dominique Labbé <strong>et</strong> Maurice Croisat, La fin <strong>de</strong>s syndicats ?, Paris, L'Harmattan, 1992 ; Dominique Labbé,Syndicats <strong>et</strong> syndiqués en France <strong>de</strong>puis 1945, Paris, L'Harmattan, 1996 ; Dominique Labbé <strong>et</strong> StéphaneCourtois, Regards sur la crise du syndicalisme, Paris, L’Harmattan, 2001.109Sur c<strong>et</strong>te idée reçue, cf. les travaux <strong>de</strong> Monique Pinçon-Charlot <strong>et</strong> Michel Pinçon40
c<strong>et</strong>te élection, dès lors qu’il ne s’agirait plus seulement <strong>de</strong> désigner les conseillers<strong>prud’hommes</strong>, mais aussi <strong>de</strong> désigner les organisations à même <strong>de</strong> participer à lanégociation collective au nom <strong>de</strong>s salariés » 110 . Le Conseil économique <strong>et</strong> social n’hésiterad’ailleurs pas à poursuivre dans c<strong>et</strong>te direction, proposant – en vain – que les résultats auxélections prud’homales soient un <strong>de</strong>s principaux critères <strong>de</strong> représentativité <strong>de</strong>s organisations<strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles.Une telle conception <strong>de</strong>s élections prud’homales conduit les responsables syndicaux à adopter<strong>de</strong>s stratégies pour atteindre un seuil <strong>de</strong> représentativité <strong>et</strong> s’efforcer <strong>de</strong> prendre l’avantage surleurs concurrents, <strong>de</strong> manière à pouvoir revendiquer, dans le champ <strong>de</strong>s relationsprofessionnelles, un accès à l’Etat <strong>et</strong> une place dans la représentation <strong>syndicale</strong>. Ainsi, pourtous les « nouveaux venus » dans le champ syndical, les élections prud’homales constituentun enjeu majeur, au même titre que les élections professionnelles, pour obtenir unereconnaissance <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s pouvoirs publics <strong>et</strong> une existence dans le dialogue social.Important car reconnaissance symbolique <strong>et</strong> politique : être autour <strong>de</strong> la table <strong>de</strong>s négociation,mais qui se sol<strong>de</strong> par un financement pour l’organisation dans le cadre <strong>de</strong> « l’ai<strong>de</strong> auparitarisme », sans compter ai<strong>de</strong> à la formation <strong>syndicale</strong>. C<strong>et</strong> enjeu est d’autant plus fort pourles organisations, comme celles <strong>de</strong>s employeurs <strong>de</strong> l’économie sociale (cf. encadré), qui nepeuvent pas participer aux élections professionnelles.<strong>Les</strong> employeurs <strong>de</strong> l’économie sociale <strong>et</strong> les <strong>prud’hommes</strong>L’Association Prud’hommes <strong>de</strong>s Employeurs <strong>de</strong> l’Economie Sociale (AEES) est une structure créée en vue<strong>de</strong>s élections prud’homales <strong>de</strong> 2002, ayant pour obj<strong>et</strong> la présentation <strong>de</strong> listes communes aux syndicatsd’employeurs <strong>de</strong> l’économie sociale.Elle réunit trois organisations d’employeurs du secteur social <strong>et</strong> solidaire, le GEMA (Groupement <strong>de</strong>sEntreprises Mutuelles d’Assurances), l’UNIFED (Union <strong>de</strong>s fédérations <strong>et</strong> syndicats nationaux d'employeurssans but lucratif du secteur sanitaire, médico-social <strong>et</strong> social) <strong>et</strong> l’USGERES (Union <strong>de</strong> syndicats <strong>et</strong>groupements d’employeurs représentatifs dans l’économie sociale). Elle représente 760 000 <strong>entre</strong>prises(associations, coopératives, mutuelles <strong>de</strong> santé <strong>et</strong> mutuelles d’assurance, fondations <strong>et</strong> établissementssanitaires à but non lucratif) qui emploient près <strong>de</strong> 2 millions <strong>de</strong> salariés (12% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s salariés dusecteur privé).« Ces <strong>entre</strong>prises, née <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> solidarité au service <strong>de</strong> l’individu, privilégient le service rendu à lapersonne <strong>et</strong> intègrent dans la vie économique, la dimension sociale ».Lors <strong>de</strong>s élections prud’homales <strong>de</strong> 2002, l’AEES a obtenu 34,5% <strong>de</strong>s suffrages exprimés dans les 126<strong>conseils</strong> où elle était présente, représentant 11,3% du total <strong>de</strong>s voix du collège employeurs. 280 conseillers<strong>prud’hommes</strong> élus sur l’ensemble du territoire français sont issus <strong>de</strong> ce mouvement.Le 22 septembre 2006 a été signé le premier accord interprofessionnel sur la formation professionnelle tout aulong <strong>de</strong> la vie dans l’économie sociale par, côté employeurs, le GEMA, l’UNIFED, <strong>et</strong> l’USGERES <strong>et</strong>, côtésalariés, la CFDT, la CFTC <strong>et</strong> la CGT.Leur investissement sur les élections prud’homales est alors très fort. Ils s’agit non seulement<strong>de</strong> conquérir <strong>de</strong>s sièges dans les CPH, mais aussi <strong>de</strong> faire un « score significatif » au niveaunational à partir duquel ils peuvent prétendre à être entendu au même titre qu’une organisationcomme le Me<strong>de</strong>f par exemple. Ainsi, dès qu’ils sont interrogés sur leur organisation, sonimportance <strong>et</strong> sa représentation, les porte-parole n’hésitent pas à rappeler ces scores <strong>et</strong> à tenter<strong>de</strong> contourner la lecture toute section confondue. Rappelant leur score dans la section où ilspeuvent se présenter, ils tentent également <strong>de</strong> se présenter dans d’autres sections pouraugmenter leur score national :110Raphaël Hadas-Lebel, Pour un dialogue social efficace <strong>et</strong> légitime, op. cit., p. 85-86.41
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