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Les conseils de prud’hommes entre défense syndicale et action publique

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evendication peut alors <strong>entre</strong>r en écho avec les conceptions <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong> en vigueur à laDirection <strong>de</strong>s Relations du Travail.b) Une judiciarisation contrariée <strong>de</strong>s CPH ?Ce sont bien <strong>de</strong>s « réformateurs <strong>de</strong> la justice » 70 , pour reprendre l’expression <strong>de</strong> AntoineVauchez <strong>et</strong> Laurent Willemez, qui s’installent au ministère du Travail à la fin <strong>de</strong>s années 1970au sens où, pour eux, il s’agit bien <strong>de</strong> réformer une juridiction. Même si Pierre Cabanes estdavantage intéressé par les moyens d’organiser les relations sociales <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>prise, il estnéanmoins conseiller d’Etat <strong>et</strong> ancien membre du cabin<strong>et</strong> du ministre <strong>de</strong> la Justice Taittinger.Soucieux <strong>de</strong> ne pas heurter la Chancellerie en matière <strong>de</strong> réforme prud’homale dont elle avaitjusqu’à présent l’apanage, il laisse à Roland Leroux-Cocheril, magistrat <strong>de</strong> l’ordre judiciairevenu au Bureau <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> travail après quelques années passées à la Direction du servicejudiciaire, le soin <strong>de</strong> veiller à ce que la réforme soit conforme à ce qui se faisait en matière <strong>de</strong>juridiction civile. Leur <strong>action</strong> peut se lire dans la continuité <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes réformesavortées, <strong>de</strong>puis le grand proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> création d’un troisième ordre <strong>de</strong> juridiction pour lecontentieux social aux côtés <strong>de</strong>s juridictions judiciaires <strong>et</strong> administratives 71 , jusqu’à la réformerécente <strong>de</strong> l’introduction du référé en 1974. D’ailleurs, pour Leroux-Cocheril, en 2006, c’estbien dans c<strong>et</strong>te histoire judiciaire qu’il faut replacer la réforme <strong>de</strong> 1979 qui contribue à faire<strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong> sinon une vraie juridiction, du moins un institution <strong>de</strong> plus en plus intégréeà l’ordre judiciaire. « Je vois dans l’institution du référé prud’homal un signe <strong>de</strong> vitalité carc’est l’apanage d’une juridiction au sens plein du terme. » 72 . Ils donnent ainsi à la réforme untour bien particulier qui suscite tantôt une opposition <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>sorganisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles soucieux <strong>de</strong> rappeler que les <strong>prud’hommes</strong> sontinstitutions sociales avant tout <strong>et</strong> pas une juridiction, tantôt mobilisation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> ceux quiveulent renforcer la dimension judiciaire comme pour soustraire les <strong>prud’hommes</strong> àl’influence –néfaste – <strong>de</strong>s syndicats. Mais si la réforme voit le jour, c’est sans doute parce queces réformateurs ont réussi à concilier ces <strong>de</strong>ux logiques, <strong>syndicale</strong> <strong>et</strong> judiciaire, sans en avoirsacrifiée aucune au profit <strong>de</strong> l’autre.- Soustraire les <strong>prud’hommes</strong> à l’emprise du syndicalismeCes « réformateurs » du ministère du Travail, sous l’impulsion <strong>de</strong> Pierre Cabanes, ont laparticularité d’être particulièrement ouverts aux organisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong> professionnelles,ce qui les distingue radicalement <strong>de</strong> leurs prédécesseurs en charge <strong>de</strong>s tentatives <strong>de</strong> réformesantérieures qui se trouvaient à la Chancellerie <strong>et</strong> qui, selon les témoignages recueillis,« n’avaient aucune culture <strong>de</strong> la consultation <strong>de</strong>s partenaires sociaux ».Ainsi, lorsque le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> loi arrive au Parlement, la plupart <strong>de</strong>s articles ont fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong>négociations en amont <strong>et</strong> le débat parlementaire apparaît relativement paisible, même sicertains tentent, en vain, <strong>de</strong> revenir sur les dimensions qui avaient fait échoué les précé<strong>de</strong>ntes70 Cf. le chapitre 3 in Willlemez (Laurent) Vauchez (Antoine), La justice face à ses réformateurs (1980-2006),Paris, PUF.71 Laroque (Pierre), « Contentieux <strong>et</strong> juridiction sociale », Droit social, mai 1954, p.271-280. <strong>et</strong> le commentaire<strong>de</strong> Boitel (Maurice), « A propos d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pierre Laroque », Droit ouvrier, octobre 1954, n°79, p.393-397.72 Intervention <strong>de</strong> Roland Leroux-Cocheril « La réforme <strong>de</strong>s <strong>conseils</strong> <strong>de</strong> <strong>prud’hommes</strong> <strong>de</strong> 1979 : pourquoi,comment, par qui ? » bicentenaire <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong> organisé par la Cour d’appel <strong>de</strong> Versailles, le 4 avril 2006,http://www.cph-versailles.justice.fr/p_239.html?id=239.27

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