10.08.2015 Views

Les conseils de prud’hommes entre défense syndicale et action publique

04-44-RF

04-44-RF

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

collaborateurs ‘vous <strong>de</strong>vez accueillir chaque <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur, vous montrer ouvert à leursrevendications.’ » 54Ces <strong>de</strong>rniers pouvaient d’autant mieux suivre c<strong>et</strong>te ligne <strong>de</strong> conduite qu’ils avaient eu unpassé militant, dans <strong>de</strong>s organisations <strong>syndicale</strong>s (par exemple le Syndicat <strong>de</strong> la magistrature,la CFDT) ou <strong>de</strong>s organisations politiques <strong>de</strong> gauche (PSU, PS).L’importance qu’accor<strong>de</strong> Pierre Cabanes aux relations avec les organisations <strong>syndicale</strong>s <strong>et</strong>professionnelles est largement inspirée d’une conception <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>prise en politique, quis’inscrit dans un mouvement d’économie concertée 55 <strong>et</strong> se trouve formalisée en 1975 par lerapport Sudreau 56 . Pour Pierre Sudreau, il faut « consacrer la place <strong>de</strong>s hommes dansl’<strong>entre</strong>prise » <strong>et</strong> donc « reconnaître le syndicat comme partenaire », aussi bien au niveau <strong>de</strong>l’<strong>entre</strong>prise qu’au niveau national. Il revient à l’Etat d’organiser <strong>et</strong> <strong>de</strong> réguler les relations dutravail. Dans c<strong>et</strong>te perspective, pour Pierre Cabanes, les <strong>prud’hommes</strong> sont à la fois un terraind’expérimentation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te conception <strong>et</strong> le moyen <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en œuvre une forme <strong>de</strong>négociation sociale, au niveaux national comme il tente <strong>de</strong> le faire en « ouvrant sa porte » auxreprésentants syndicaux <strong>et</strong> patronaux, mais aussi dans l’<strong>entre</strong>prise en leur donnant les moyensd’organiser les relations du travail <strong>et</strong>, le cas échéant, <strong>de</strong> sanctionner judiciairement lesmanquements à la loi. <strong>Les</strong> <strong>prud’hommes</strong> sont donc une juridiction, mais une juridiction qui sedoit d’être avant tout un lieu <strong>de</strong> négociation <strong>entre</strong> <strong>de</strong>s salariés <strong>et</strong> <strong>de</strong>s employeurs. Ainsi,l’accent serait plutôt à m<strong>et</strong>tre sur la conciliation comme moyen <strong>de</strong> régler <strong>entre</strong> partiesopposées les différends nés du contrat <strong>de</strong> travail. Mais l’évolution du droit du travail tend aucontraire à développer la dimension judiciaire <strong>de</strong> l’institution <strong>et</strong> à en faire <strong>de</strong> plus en plus unmo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s relations du travail qui ten<strong>de</strong>nt à se durcir sous l’eff<strong>et</strong> d’une conjonctureéconomique <strong>de</strong> plus en plus difficile.C’est donc <strong>de</strong>ux conceptions <strong>de</strong>s <strong>prud’hommes</strong> qui coexistent au sein <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>srelations du Travail <strong>et</strong> qui, ensemble, ren<strong>de</strong>nt possible la réception <strong>de</strong> plusieurs types <strong>de</strong>revendications, comme celle émanant <strong>de</strong> la Confédération générale <strong>de</strong>s cadres (CGC) pourque les cadres aient une section spécifique au sein <strong>de</strong>s <strong>conseils</strong> <strong>de</strong> <strong>prud’hommes</strong>.- L’enjeu <strong>de</strong> la section encadrementLa revendication par la CGC <strong>de</strong> la création d’une section spécifique a constitué un élémentimportant dans le lancement <strong>de</strong> la réforme <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’ampleur qu’elle a pris, pour au moins <strong>de</strong>uxraisons. D’une part parce qu’elle était <strong>de</strong>puis 1976 à l’agenda du Premier ministre RaymondBarre mais n’avait pas encore trouvé à se réaliser. Un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> créer la section par décr<strong>et</strong>avait été envisagé mais annulé par le conseil d’Etat (en l’occurrence le conseiller PierreLaroque) au motif que la création d’un ordre <strong>de</strong> juridiction relevait du domaine législatif <strong>et</strong>non réglementaire. Un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la Chancellerie, visant à supprimer les sections <strong>et</strong> lescatégories est donc examiné au Parlement en 1976 mais <strong>de</strong>vant la fron<strong>de</strong> qu’il suscite, il estabandonné. En 1978, à l’issue <strong>de</strong>s élections législatives, c’est au ministère du Travail <strong>et</strong> enparticulier à la DRT que le Premier ministre s’adresse pour que la promesse qu’il aurait fait àla CGC soit tenue. D’autre part parce qu’elle m<strong>et</strong>tait en évi<strong>de</strong>nce les incohérences du système54 Entr<strong>et</strong>ien 2 février 2006.55 Par exemple, cf. Bloch-Lainé (François), A la recherche d’une économie concertée, <strong>Les</strong> Editions <strong>de</strong> l’Epargne,3ème édition, 1964.56 Sudreau (Pierre), La réforme <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>prise, rapport du comité présidé par Pierre Sudreau, Paris, LaDocumentation française, 1975.23

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!