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Les conseils de prud’hommes entre défense syndicale et action publique

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Quand on aura fait le licenciement, on va faire la procédure <strong>de</strong> licenciement ; ensuite on vaabor<strong>de</strong>r tout ce qui est salaire, <strong>et</strong> on finira par tout ce qui est licenciement. Voilà notr<strong>et</strong>echnique. » 313Dans c<strong>et</strong> exemple, on sent bien à la fois la stratégie qui est mise en œuvre pour tenter <strong>de</strong>prendre l’ascendant sur l’autre collège <strong>et</strong> la technique <strong>de</strong> négociation proprement dite qui estappliqué au cas du licenciement. Comme il le rappelle lui-même : « C'est du tout la technique<strong>de</strong>s salariés. <strong>Les</strong> salariés commenceront jamais par le licenciement. (…) Mais ils vontcommencer par là où ils sont sûrs <strong>de</strong> récupérer <strong>de</strong> l'argent ; ils se disent : après tout, si on nese m<strong>et</strong> plus d'accord sur les dommages <strong>et</strong> intérêts, on ira en départage là-<strong>de</strong>ssus, mais c'esttoujours acquis pour le restant. Et oui, c'est comme ça. Nous, c'est pas ça. On a <strong>de</strong>stechniques, on a une doctrine... C'est ça les différences qu'il peut y avoir <strong>entre</strong> les conseillerssalariés <strong>et</strong> les conseillers employeurs. » 314Là où la négociation est sans doute la mieux assumée par les conseillers, c’est lorsqu’il s’agit<strong>de</strong> s’entendre sur les quantum parce qu’il s’agit véritablement <strong>de</strong> négocier, une fois l’accordétabli <strong>entre</strong> les uns <strong>et</strong> les autres 315 . Et là, effectivement, s’établit un jeu <strong>de</strong> négociation avec<strong>de</strong>s marges <strong>de</strong> manœuvre plus ou moins importante selon la nature <strong>de</strong> l’affaire <strong>et</strong> selon leschefs <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. <strong>Les</strong> conseillers peuvent par exemple déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> négocier chef <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>par chef <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou au contraire, considérer l’ensemble, ce qui donne peut-être un cadreplus souple <strong>de</strong> négociation. <strong>Les</strong> syndicalistes ont l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces tactiques <strong>et</strong> peuventimporter au CPH ces savoir-faire qu’ils ont développés dans le cadre syndical. A euxégalement <strong>de</strong> partager ce savoir <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’enseigner aux nouveaux. C<strong>et</strong>te conseillère explique parexemple comment elle a appris, elle qui n’a jamais eu c<strong>et</strong>te expérience là dans l’organisation<strong>syndicale</strong> <strong>et</strong> qui vient d’arriver au CPH, grâce aux anciens, à lâcher sur certains points pouremporter l’ensemble :« il m'est arrivé qu'un ancien il m'écrive sur une feuille pendant que les autres ils regardaient pas : «insiste pas trop, parce que.... » on avait obtenu déjà pratiquement tout, <strong>et</strong> j'insistais encore sur <strong>de</strong>sintérêts. Il m'a écrit, il m'a dit « insiste pas trop parce que... », il m'a dit : « lâche un peu » (rires). Moic'est mon premier mandat, j'ai peut-être pas encore la sagesse pour obtenir ce que je voudrais endélibéré sans... C'est pas que j'agresse, mais je dis clairement ce que je pense, sans agresser. Mais euxsouvent ils obtiennent avec une p<strong>et</strong>ite phrase ce que nous on m<strong>et</strong> un quart d'heure à obtenir. (…) C'està-direqu'ils savent mieux comment s’y prendre. » 316Sans être indispensable au travail prud’homal, l’expérience <strong>syndicale</strong> constitue une ai<strong>de</strong>précieuse pour les conseillers qui peuvent alors plus facilement mener le jeu prud’homal.Dans le cas du délibéré, savoir lâcher sur un point pour obtenir sur d’autres, c’est avoirpleinement conscience qu’une victoire juridique ne s’évalue pas seulement à partir dujugement d’une affaire mais dans un ensemble plus large d’affaires qui prennent sens dans unmouvement collectif <strong>de</strong> <strong>défense</strong> d’une cause générale.b) Jeu d’échelle dans la <strong>défense</strong> <strong>de</strong> la causeCar, au-<strong>de</strong>là du travail même <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> décision collective, les conseillers mobilisent leursavoir syndical pour replacer chaque affaire dans un ensemble plus vaste <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s d’<strong>action</strong>,313Entr<strong>et</strong>ien n°B05.314Entr<strong>et</strong>ien n°B05.315Nicolas Swierczek, « Le délibéré prud’homal : la recherche d’un accord <strong>entre</strong> collèges », in Hélène Michel <strong>et</strong>Laurent Willemez, dir., <strong>Les</strong> <strong>prud’hommes</strong>. Actualité d’une justice du travail, Paris, Le Croquant, à paraître 2007.316Entr<strong>et</strong>ien n°F16.153

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