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Les conseils de prud’hommes entre défense syndicale et action publique

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<strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir chef <strong>de</strong> service administratif, ce qui perm<strong>et</strong>tait vis-à-vis <strong>de</strong> la directiongénérale à Paris, <strong>de</strong> me cacher… ça choquait personne : ‘responsable’ ou ‘chef <strong>de</strong> serviceadministratif’ alors que ça aurait choqué ‘directeur <strong>de</strong>s ressources humaines’. Parce quec’était une <strong>entre</strong>prise où on ne faisait rien en région, sans que le siège … il fallait que lesiège, d’abord, donne l’exemple, à partir du moment où le siège décidait <strong>de</strong> faire unedirection <strong>de</strong>s ressources humaines, à ce moment-là on pouvait y aller, mais il ne fallaitsurtout pas innover. C’est une <strong>entre</strong>prise très familiale… Bon… Finalement il m’a donnétout un tas <strong>de</strong> trucs… je chapeautais le service achats, le service facturation, le servicejuridique, les moyens généraux <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>prise <strong>et</strong> tout ce qui était social au niveau comitéd’établissement. Donc lui il m’avait confié la prési<strong>de</strong>nce du comité d’établissement. Il n’yvenait plus ; il a fait ses cinq <strong>de</strong>rnières années sans être embêté par les organisations<strong>syndicale</strong>s, par ces préparations <strong>de</strong> comités qui vraiment ne le passionnaient pas. Et puis, auniveau direction générale à Paris, ils ont évolué dans les années 90 il a été décidé, au niveau<strong>de</strong> la direction générale <strong>de</strong> créer une direction <strong>de</strong>s ressources humaines, <strong>et</strong> <strong>de</strong> doter chaquedirection régionale d’un directeur <strong>de</strong>s ressources humaines, enfin ‘chef <strong>de</strong> service’ car onn’avait pas le droit au titre puisqu’il n’y en avait qu’un c’était le Parisien. Donc chef <strong>de</strong>service ressources humaines. » Au bout <strong>de</strong> quinze ans, il peut enfin avoir un poste quicorrespond à la fonction qu’il assure <strong>de</strong>puis quelques années. « A mon grand plaisir, j’aiquitté tout ce qui était administratif. Mon directeur a embauché quelqu’un qui s’occupait <strong>de</strong>chapeauter tout ce qui était administratif <strong>et</strong> moi je ne me suis plus occupé que <strong>de</strong> ressourceshumaines. Donc à partir <strong>de</strong> 90 <strong>et</strong> jusqu’à l’année <strong>de</strong>rnière. Donc j’ai fait… cinq ans <strong>de</strong>travail <strong>de</strong> préparation, <strong>de</strong> 80 à 85, cinq ans <strong>de</strong> 85 à 90 <strong>de</strong>s ressources humaines caché<strong>de</strong>rrière un autre titre, <strong>et</strong> puis quinze ans <strong>de</strong> directeur <strong>de</strong>s ressources humaines au grandjour. Voilà, alors c’est vrai que… par rapport à <strong>de</strong>s plus jeunes directeurs <strong>de</strong> ressourceshumaines aujourd’hui, moi j’étais beaucoup plus axé droit du travail. Pourquoi ? parce quec’est le droit du travail qui m’y a amené… Bon ce n’est pas pour ça que je ne me suis pasoccupé du reste, mais… disons que j’avais bien plus <strong>de</strong> connaissances en droit du travail. » Ilinvestit avec bonheur c<strong>et</strong>te nouvelle fonction qui semble correspondre davantage à son« goût » pour la gestion qu’à son statut <strong>de</strong> technicien. Comme il le précise, « Le technique nem’intéressait pas pour le technique. Le technique m’intéressait pour la gestion. (…) Il y avaitla passion technique qui était la première, <strong>et</strong> puis après il y avait l’autre qui était la marche<strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>prise, la communication, la gestion. » Il se définit volontiers comme « gestionnaire<strong>de</strong>s hommes, gestionnaire <strong>de</strong> l’argent, gestionnaire euh <strong>de</strong>… <strong>de</strong> tout ce qu’il y a à gérer. Moi,la gestion, je suis né avec. » Provenant d’une famille plutôt mo<strong>de</strong>ste (son père étaitmécanicien ajusteur-outilleur), il a fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s techniques, certes supérieures, mais « [ilaurai[t] certainement dû… [il] aurai[t] pu faire une autre voie au départ ». Mais avec lagestion <strong>de</strong>s ressources humaines, il semble trouver un poste à la mesure <strong>de</strong> ses ambitionsprofessionnelles <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses convictions qu’il présente volontiers comme « mo<strong>de</strong>rne » quant à lanature <strong>de</strong>s relations sociales au sein <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>prise. Lorsqu’il a commencé à travailler, il a étéselon lui choqué par le côté « vieux jeu » <strong>de</strong> l’<strong>entre</strong>prise <strong>et</strong> la distance que le patron m<strong>et</strong>tait<strong>entre</strong> lui <strong>et</strong> ses salariés : une distance physique du fait qu’il avait son entrée privée dans lebâtiment mais aussi une distance symbolique par la crainte qu’il inspirait « à <strong>de</strong>s gens quiétaient complètement sous sa coupe ». Pour Gérard, à 25 ans, ce « patron qu’on ne voyaitjamais » <strong>et</strong> son autorité incontestée étaient tout ce qu’il détestait. « Moi je trouvais qu’onpouvait avoir <strong>de</strong>s conversations normales avec son employeur. Et faire avancer les chosessans casser la baraque. » Fort d’un statut <strong>de</strong> technicien <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa jeunesse, il explique qu’il est<strong>de</strong>venu très vite « revendicatif » : « quand il y a quelque chose qui me plaisait pas, je ledisais, j’avais pas peur. C’est une époque où on ne craignait absolument rien pour sonemploi, bon… Moi ça ne me venait pas à l’idée qu’on puisse se passer <strong>de</strong> mes services parceque je me sentais techniquement <strong>et</strong>… dans mon emploi je me sentais suffisamment bon pour108

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