08.08.2015 Views

Dossier "Le Jeu de l'amour et du hasard" - ARCHIVES - Le Grand T

Dossier "Le Jeu de l'amour et du hasard" - ARCHIVES - Le Grand T

Dossier "Le Jeu de l'amour et du hasard" - ARCHIVES - Le Grand T

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Saison2010-20112011Saison2010-20112011<strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasardDu jeudi 14 au vendredi 22 octobre 2010Au <strong>Grand</strong> T© Anne Gayan<strong>Dossier</strong> <strong>Jeu</strong>ne Public1


SommairePrésentation .......................................................................................... 3<strong>Le</strong> propos <strong>et</strong> les personnages .............................................................. 4<strong>Le</strong>s intentions <strong>de</strong> mise en scène ......................................................... 5A propos <strong>du</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasard ........................................... 6Philippe Calvario, m<strong>et</strong>teur en scène .................................................... 7Marivaux (1688-1763) ............................................................................ 8La scénographie .................................................................................. 12<strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasard : extraits .......................................... 13<strong>Le</strong>s échos <strong>de</strong> la presse ....................................................................... 182


<strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasardDeMarivauxMise en scènePhilippe CalvarioCollaboration artistiqueLumièresScénographieSonCostumesValérie NègreNicolas MarieAurélie MaestreKiappeAurore PopineauJérémie BédruneAnne BouvierPhilippe CalvarioNicolas ChupinEric GuéhoJulie HarnoisAvecMarioLis<strong>et</strong>teDoranteArlequinOrgonSilviaPro<strong>du</strong>ctionThéâtre 95 Cergy-PontoiseCopro<strong>du</strong>ctionSauda<strong>de</strong> CieAvec la participation artistique <strong>du</strong><strong>Jeu</strong>ne Théâtre NationalDu jeudi 14 au vendredi 22 octobre 2010 au <strong>Grand</strong> T<strong>Le</strong>s mardis <strong>et</strong> jeudis à 20h, les mercredis <strong>et</strong> vendredis à 20h30 <strong>et</strong> le samedi à 19h30Relâches les dimanche 17 <strong>et</strong> lundi 18 octobre<strong>Le</strong> jeudi 21 octobre à 14hDurée <strong>du</strong> spectacle : 1h30Public : à partir <strong>de</strong> la 3 eTarif : 9€ par élève ou un pass-culture3


<strong>Le</strong>s intentions <strong>de</strong> mise en scène« Du jeu <strong>de</strong> rôle au jeu <strong>de</strong> massacre. <strong>Le</strong>s maîtres <strong>et</strong> les val<strong>et</strong>s échangent leur rôle pourtester le cœur <strong>de</strong> l’autre. Ironie <strong>du</strong> sort, les <strong>de</strong>ux couples font <strong>de</strong> même <strong>et</strong> chacun se trouveen face <strong>de</strong> sa chacune sans le savoir, le jeu <strong>de</strong> « massacre amoureux » peut commencer.Si c<strong>et</strong>te pièce nous joue la comédie, c’est toujours au prix <strong>de</strong> la souffrance <strong>de</strong>s quatrepersonnages principaux. Ils se débattent dans un mon<strong>de</strong> où leurs propres sentiments leuréchappent peu à peu. Marivaux mêle sans cesse, dans le langage amoureux, la légèr<strong>et</strong>é <strong>et</strong>la gravité. Lorsqu’un personnage est surpris par l’amour, son discours rend compte <strong>du</strong>bonheur qui l’envahit <strong>et</strong> dans le même temps <strong>de</strong> la crainte qui naît alors <strong>de</strong> ce sentimentencore inconnu.C’est à c<strong>et</strong>te quête absolue vers la vérité <strong>de</strong>s sentiments que nous assistons, impuissants.<strong>Le</strong> spectateur sait tout à l’avance <strong>et</strong> en ce sens son regard <strong>de</strong>vient celui <strong>du</strong> voyeur.La loi <strong>du</strong> désir. Ici, il faut aimer celui qu’on doit <strong>et</strong> ne pas aimer celui qu’on croit. Il faut doncvivre son désir interdit dans un mon<strong>de</strong> où la valeur <strong>de</strong>s sentiments est dictée par la loi.Marivaux a sans aucun doute le désir que les femmes aient une place plus gran<strong>de</strong> <strong>et</strong>qu’elles cessent d’être dépendantes <strong>de</strong>s hommes, obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> leur père, <strong>de</strong> leur frère, puis <strong>de</strong>leur mari. <strong>Le</strong> personnage <strong>de</strong> Silvia témoigne <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te indépendance : elle revendique le droitd’épouser un homme par amour.Est-ce un territoire si éloigné <strong>du</strong> nôtre aujourd’hui ? Je ne pense pas : <strong>de</strong>voir se battre pourfaire exister son désir, pouvoir tout détruire pour lui. L’atteindre enfin, le vivre <strong>et</strong> dire « ce quim’enchante le plus, ce sont les preuves que je vous ai données <strong>de</strong> ma tendresse ». »Philippe Calvario, m<strong>et</strong>teur en scène© Anne Gayan5


A propos <strong>du</strong><strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasard« […] C’est une fille qui aime pour la première fois, alors qu’à la façon dont tu joues, c’estquelqu’un qui sait ce qu’est l’amour, qui ne vient pas <strong>de</strong> le découvrir pour la première fois.C’est en quoi la critique <strong>de</strong> Michel est juste. Cela manque d’amour. Il n’y a pas dans c<strong>et</strong>tehistoire ce qui est si important dans la vie : la première fois…Ce qui est le plus beau dans les actions humaines, c’est la première fois. C’est unephrase fréquente : « La première fois où j’ai… ». <strong>Le</strong> plus étonnant dans la vie, c’est qu’ellen’est faite que <strong>de</strong> premières fois, même quand on a soixante-dix ans. Tu verras cela plustard ; dans la vie, chaque fois est une première fois. C’est l’histoire <strong>de</strong> l’amour. Mais lapremière fois <strong>de</strong> toutes les premières fois, c’est une chose extraordinaire. Alors ici, c’est lapremière fois <strong>de</strong> toutes les premières fois. Je ne vais pas m’expliquer plus longuement là<strong>de</strong>ssus,mais il faut que tu comprennes bien. Comme tu le joues, ce n’est pas la premièrefois <strong>de</strong> toutes les premières fois, tu as déjà eu <strong>de</strong>s premières fois. Il faut qu’il y ait là<strong>de</strong>dansun ravissement, un éblouissement, une confi<strong>de</strong>nce qui part. C’est la premièrefois que tu fais une confi<strong>de</strong>nce. Francisca en a fait maintes fois <strong>de</strong>s confi<strong>de</strong>nces, sur ceciou cela, mais celle-ci est vraiment la première confi<strong>de</strong>nce. C’est un moment exceptionnel.Il faudrait m<strong>et</strong>tre là-<strong>de</strong>dans un je ne sais quoi d’inconscient. C’est un chapitre qu’il faudraitécrire dans l’art <strong>de</strong> jouer la comédie sur les moments d’inconscience dans un rôle. Tu vois ceque j’appelle l’inconscience ? <strong>Le</strong> moment où le personnage est inconscient <strong>de</strong> ce qu’ildit ou ce qu’il fait, ce qui est d’ailleurs le propre <strong>de</strong> toute notre vie.<strong>Le</strong> personnage <strong>de</strong> Molière est inconscient par raisonnement, par un raisonnement profond.Alceste est un homme qui vit dans une inconscience entière, car enfin, s’il était conscient(d’autant que tout concourt à le rendre conscient : Philinte, les événements), il ne serait pasaussi déraisonnable.Après il y a Marivaux, où le personnage a une conscience absolue pour se m<strong>et</strong>tredans une situation où il donne le témoignage <strong>de</strong> son inconscience, <strong>de</strong> l’inconscience<strong>de</strong>s sentiments qu’il éprouve ; il ne se rend pas compte <strong>de</strong> ce qui lui arrive. C’est toutle secr<strong>et</strong> <strong>de</strong> Marivaux quand on veut le jouer : arriver à le jouer dans l’inconscience.C’est l’histoire <strong>de</strong> Silvia dans <strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasard : c’est une femme qui a préparéun piège pour être maîtresse <strong>de</strong> la situation vis-à-vis <strong>de</strong> Dorante, <strong>et</strong>, au bout d’un moment,elle est prise dans son piège <strong>et</strong> <strong>de</strong>vient inconsciente <strong>de</strong> ce qu’elle fait, <strong>de</strong> ce qu’elle dit,jusqu’au moment où elle en prend conscience, <strong>et</strong> où elle dit : « je vois clair dans mon cœur.» […][…] On joue Marivaux comme on <strong>de</strong>vrait jouer <strong>du</strong> Muss<strong>et</strong>, alors que c’est une démonstrationoù les personnages sont amoureux, émus, mais ils ont <strong>de</strong>s apartés.On pourrait faire un travail sur les apartés dans Marivaux. Marivaux seul a mis au théâtre<strong>de</strong>s réflexions comme on s’en fait. Quand tout à coup on rencontre une personne qui vousravit, on se fait intérieurement <strong>de</strong>s réflexions : on se dit : « Allons y, elle est charmante,pourquoi donc est ce que je reste là ? » : ce sont ces répliques que Marivaux a mises tout aulong, en apartés, qu’il faut faire ressortir, qui sont d’ailleurs comiques <strong>et</strong> qui en même tempsperm<strong>et</strong>tent au spectateur <strong>de</strong> s’intéresser à l’action. […] »Louis Jouv<strong>et</strong>Extrait <strong>de</strong> La Tragédie classique <strong>et</strong> le Théâtre <strong>du</strong> XIXème siècle (Gallimard, 1968)6


Philippe Calvario, m<strong>et</strong>teuren scènePhilippe Calvario a suivi sa formation d’acteur au cours Florent,dans la classe <strong>de</strong> Valérie Nègre, Philippe Joiris <strong>et</strong> Isabelle Nanty.Il fon<strong>de</strong> en 1996 sa compagnie avec laquelle il pro<strong>du</strong>it <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en scène dix spectacles en dix ans.Au Festival Universitaire <strong>de</strong> Nanterre, il m<strong>et</strong> en scène Ma Solange, comment t’écrire mon désastre<strong>de</strong> Noëlle Renau<strong>de</strong> (1997), <strong>et</strong> une création collective Et maintenant le silence ? (1998/99). Ces<strong>de</strong>ux créations seront reprises l’une au Théâtre <strong>du</strong> Ranelagh, l’autre au Théâtre <strong>de</strong> la Bastille àParis. Son travail est ainsi remarqué par Jean-Pierre Vincent, directeur <strong>du</strong> Théâtre <strong>de</strong>s Amandiersqui lui propose <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en scène Cymbeline en 2000, spectacle qui sera créé au Festivald’automne à Paris.Philippe Calvario débute une collaboration avec le Théâtre <strong>de</strong>s Bouffes <strong>du</strong> Nord <strong>et</strong> monte LaMou<strong>et</strong>te <strong>de</strong> Tchekhov (2000), Roberto Zucco <strong>de</strong> Bernard-Marie Koltès (2004) <strong>et</strong> <strong>Grand</strong> <strong>et</strong> p<strong>et</strong>it<strong>de</strong> Botho Strauss (2005). Sa création <strong>de</strong> Richard III <strong>de</strong> Shakespeare avec Philippe Torr<strong>et</strong>ondans le rôle titre (2005) trouve sa place dans la programmation <strong>du</strong> Théâtre <strong>de</strong>s Amandiers <strong>de</strong>Nanterre où est créée par la suite Electre <strong>de</strong> Sophocle avec, entre autres, Jane Birkin (2006). Ilcréé <strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasard au Théâtre 95 <strong>de</strong> Cergy-Pontoise en octobre 2009.Philippe Calvario monte <strong>de</strong>s spectacles <strong>de</strong> plus p<strong>et</strong>ite forme comme Médée Kali, une comman<strong>de</strong>d’écriture faite à Laurent Gaudé pour Myriam Boyer au Théâtre <strong>du</strong> Rond-Point (2003), <strong>et</strong> Trioautour <strong>du</strong> Condamné à Mort (2006), d’après Jean Gen<strong>et</strong>, à l’occasion <strong>du</strong> Festival <strong>du</strong> Marathon<strong>de</strong>s mots (Toulouse, 2006) <strong>et</strong> repris au Quartz à Brest.En 2004, il m<strong>et</strong> en scène son premier opéra, L’Amour <strong>de</strong>s trois oranges <strong>de</strong> Prokofiev pour leFestival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence, le Théâtre national <strong>du</strong> Luxembourg <strong>et</strong> le Teatro Real <strong>de</strong>Madrid, tout juste avant la création mondiale d’Angels in America <strong>de</strong> Küchner, musique <strong>de</strong> P<strong>et</strong>erEtvös (avec Barbara Hendrix, Julia Migenes, Donald Maxwell, Roberta Alexan<strong>de</strong>r…) pour leThéâtre <strong>du</strong> Châtel<strong>et</strong>.Philippe Calvario n’en poursuit pas moins sa carrière d’interprète <strong>et</strong> travaille avec JeanDan<strong>et</strong>, Ugo Ugolini, Raymond Aquaviva, Catherine Marnas, Jean-Pierre Vincent. Ilcollabore avec Patrice Chéreau comme conseiller artistique pour Henry VI, Richard III <strong>de</strong>Shakespeare <strong>et</strong> Phèdre <strong>de</strong> Racine. Ils sélectionneront <strong>et</strong> liront ensemble <strong>de</strong>s textesd’Hervé Guibert dans <strong>Le</strong> Mausolée <strong>de</strong>s Amants (2005) en tournée dans toute la France enpassant par l’Odéon <strong>et</strong> l’Opéra comique à Paris. En mars 2006, <strong>Le</strong> <strong>Grand</strong> T a accueilliPhilippe Calvario <strong>et</strong> Patrice Chéreau pour une lecture intitulée « Hervé Guibert ».Professeur d’interprétation d’art dramatique aux Cours Florent <strong>de</strong> 2000 à 2002, Philippe Calvariodirige ou participe <strong>de</strong>puis aux stages <strong>de</strong> formation professionnelle conventionnés par l’AFDAS àl’attention <strong>de</strong>s comédiens professionnels (Thèmes : l’écriture <strong>de</strong> Noëlle Renau<strong>de</strong>, Koltès, lesconflits familiaux chez Shakespeare, le Tragique, <strong>et</strong>c.). Il anime <strong>de</strong>s ateliers au Quartz, Scènenationale <strong>de</strong> Brest, <strong>de</strong>s rencontres, opérations <strong>de</strong> relations publiques <strong>et</strong> stages courts dans lesthéâtres partenaires <strong>de</strong> sa compagnie.Depuis 2005, Philippe Calvario est artiste associé au Quartz, Scène nationale <strong>de</strong> Brest,dirigé par Jacques Blanc.7


Marivaux (1688-1763)1763)Du vivant <strong>de</strong> l'auteur, ses romans sont plusadmirés à l'étranger qu'en France, mais sonsuccès théâtral est considérable. Lagénération <strong>de</strong>s encyclopédistes le décrèteauteur mineur <strong>et</strong> non conforme, réputationqu'il gar<strong>de</strong> jusqu'au XX e siècle. II r<strong>et</strong>rouveaujourd'hui une place <strong>de</strong> premier rang, à lafois chez les critiques <strong>et</strong> sur la scène.Source : Histoire <strong>du</strong> théâtre <strong>de</strong>ssinée, André Degaine8


Marivaux en son temps« Fils d'un fonctionnaire, élevé en partie en province, étudiant à Paris, Marivaux publied'abord <strong>de</strong>s romans burlesques. II débute en 1720 au Théâtre-Italien <strong>et</strong> au Théâtre-Français (par l'échec <strong>de</strong> son unique tragédie, Annibal) ; vingt pièces sont jouées aupremier jusqu'en 1740, dix au second jusqu'en 1746 ; plusieurs autres sont publiées,d'autres restent manuscrites. Marivaux est aussi journaliste <strong>et</strong> surtout romancier : La Vie<strong>de</strong> Marianne (1731-1742) <strong>et</strong> Paysan parvenu (1734-1735). De sa vie, apparemmenttranquille, on sait peu <strong>de</strong> chose. Ses amis littéraires, comme Fontenelle <strong>et</strong> La Motte, sontpartisans <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité, esprits critiques, hostiles aux systèmes bourgeois. Ilsconstatent le renversement progressif <strong>de</strong>s valeurs aristocratiques qui leur servent encore<strong>de</strong> modèles. Marivaux fréquente aussi les acteurs, ceux <strong>de</strong> la Comédie-Italienne,pour lesquels il écrit <strong>de</strong>s rôles adaptés à leurs types <strong>et</strong> aux caractères originaux <strong>de</strong>leur jeu, ceux <strong>de</strong>s Français, notamment les Quinault.Si l'on peut tracer <strong>de</strong>s filiations entre le théâtre <strong>de</strong> Marivaux <strong>et</strong> d'autres, il n'en reste pasmoins d'une irré<strong>du</strong>ctible originalité. <strong>Le</strong> seul auteur comique auquel on serait tenté <strong>de</strong> lecomparer ou <strong>de</strong> le mesurer est Shakespeare - qu'il n'a sans doute guère connu. Ilemprunte nombre <strong>de</strong> conventions à la commedia <strong>de</strong>ll'arte : les types, quiconstituent <strong>de</strong>s caractères tout faits sur lesquels il pourra bro<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s variations, lemasque <strong>du</strong> « brun<strong>et</strong> » Arlequin, les travestissements - <strong>et</strong> l'importance <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong>comme ressort <strong>de</strong> la comédie. Il est difficile <strong>de</strong> le rattacher à Molière, en revanche ; sacomédie, plus souriante que rieuse, relève d'une autre tradition française,inaugurée par Corneille <strong>et</strong> les précieux, <strong>et</strong> s'oriente parfois vers le bourgeois, voirele larmoyant. Sa langue est celle <strong>de</strong> la première moitié <strong>du</strong> siècle <strong>de</strong>s Lumières : n<strong>et</strong>te,analytique au point qu'on la jugea « métaphysique », <strong>et</strong> qu'on forgea le mot <strong>de</strong>«marivaudage» pour décrire les subtilités <strong>de</strong> sa psychologie ; très proche, c<strong>et</strong>te langue,<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> son ami Crébillon fils.Une comédie à l'épreuve <strong>du</strong> tempsClasser <strong>de</strong> l'intérieur c<strong>et</strong>te œuvre en soi inclassable est périlleux. On peut y dégager uneveine « philosophique » : il y a un Marivaux utopiste, qui utilise le théâtre comme un lieud'expérimentation sociale, la scène comme une île : L'Ile <strong>de</strong>s esclaves (1725), où maîtres<strong>et</strong> serviteurs échangent leurs rôles, L'Ile <strong>de</strong> la raison (1727), où les personnagesgrandissent ou rap<strong>et</strong>issent selon leur <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> conscience <strong>et</strong> <strong>de</strong> morale sociale, L’Île <strong>de</strong>la Colonie, où les femmes veulent établir une république, le jardin clos <strong>de</strong> La Dispute(1744), où l'on découvre l'homme - la femme - <strong>de</strong> la nature.Il y a un Marivaux romanesque, empruntant à la tragi-comédie à l'espagnole ou à latragédie <strong>de</strong>s aventures improbables <strong>de</strong> princes déguisés : <strong>Le</strong> Prince travesti (1724), <strong>Le</strong>Triomphe <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> (1732). Comme aussi un Marivaux bourgeois qui parle dot, <strong>de</strong>ttes,vie quotidienne (La Mère confi<strong>de</strong>nte, 1735, La Commère, 1741), voire paysan (L'Héritier<strong>de</strong> village, 1725).9


<strong>Le</strong>s gran<strong>de</strong>s pièces canoniques, celles qu'on joua même pendant le longpurgatoire <strong>de</strong> l'œuvre, traitent <strong>de</strong> ce qu'on appela aussitôt la « métaphysique <strong>du</strong>cœur » : La Surprise <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> (1722) <strong>et</strong> La Secon<strong>de</strong> Surprise <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> (1727),La Double Inconstance (1723), <strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasard (1730), <strong>Le</strong>s FaussesConfi<strong>de</strong>nces (1737). Marivaux en a lui-même résumé le principe : « J'ai gu<strong>et</strong>té dans lecœur humain toutes les niches différentes où peut se cacher <strong>l'amour</strong> lorsqu'il craint <strong>de</strong> semontrer, <strong>et</strong> chacune <strong>de</strong> mes comédies a pour obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> le faire sortir d'une <strong>de</strong> sesniches. »Marivaux m<strong>et</strong> en présence <strong>de</strong>s personnages qui s'aiment <strong>et</strong> dont l'un au moins neveut pas se l'avouer, ou l'avouer. Ces réserves, faites pour les « maîtres », sontaccompagnées en contrepoint par les amours que les domestiques mènenttambour battant. Comment le sentiment naît, se cache, avec quelle casuistique lesamoureux tentent <strong>de</strong> le nier, avec quelle naïv<strong>et</strong>é ils le révèlent, font l'obj<strong>et</strong> d'undialogue d'une extraordinaire finesse dont chaque mot porte.Toutes les pièces <strong>de</strong> Marivaux ne plurent pas <strong>de</strong> son temps, mais il est […] l'auteur leplus joué <strong>de</strong> la première moitié <strong>du</strong> XVIII e siècle avec Voltaire. <strong>Le</strong>s générations suivantesle taxèrent <strong>de</strong> mièvrerie <strong>et</strong> <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> sérieux, malgré le bel éloge que d'Alembert luiconsacra en 1785. Il faut attendre Xavier <strong>de</strong> Courville, dans les années 1920-1930, pourdécouvrir sa force scénique. Depuis, le succès <strong>de</strong> Marivaux va croissant. Ma<strong>de</strong>leineRenaud reprend les rôles <strong>de</strong> Silvia <strong>de</strong> 1935 à 1960, consacrant le texte. Puis Marivaux<strong>de</strong>vient un tremplin pour les m<strong>et</strong>teurs en scène les plus expérimentaux : Vilar, Planchon,Chéreau, Vitez explorent toutes les ressources <strong>de</strong> mises en scène crues, ironiques,violentes, chorégraphiques. A la délicatesse se substitue la cruauté, à la sympathie ladérision, auxquelles le même texte encore se prête, témoignant <strong>de</strong> sa théâtralité. »M. <strong>de</strong> ROUGEMONTArticle extrait <strong>du</strong> Dictionnaire Encyclopédique <strong>du</strong> ThéâtreMarivaux a écrit une quarantaine <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> théâtre :<strong>Le</strong> Père pru<strong>de</strong>nt <strong>et</strong> équitable (1706, mais édité en 1712, à Limoges)L'Amour <strong>et</strong> la Vérité (1720)Arlequin poli par <strong>l'amour</strong> (1720)Annibal (1720), sa seule tragédieLa Surprise <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> (1722)La Double Inconstance (1723)<strong>Le</strong> Prince travesti (1724)La Fausse Suivante ou <strong>Le</strong> Fourbe puni (1724)<strong>Le</strong> Dénouement imprévu (1724)L'Île <strong>de</strong>s esclaves (1725)L'Héritier <strong>de</strong> village (1725)Mahom<strong>et</strong> second (1726 ? tragédie en prose inachevée)10


L'Île <strong>de</strong> la raison ou <strong>Le</strong>s p<strong>et</strong>its hommes (1727)La Secon<strong>de</strong> Surprise <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> (1727)<strong>Le</strong> Triomphe <strong>de</strong> Plutus (1728)La Nouvelle Colonie (1729), per<strong>du</strong>e puis réécrite en 1750 sous le titre <strong>de</strong> la Colonie<strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasard (1730)La Réunion <strong>de</strong>s Amours (1731)<strong>Le</strong> Triomphe <strong>de</strong> <strong>l'amour</strong> (1732)<strong>Le</strong>s Serments indiscr<strong>et</strong>s (1732)L'École <strong>de</strong>s mères (1732)L'Heureux Stratagème (1733)La Méprise (1734)<strong>Le</strong> P<strong>et</strong>it-Maître corrigé (1734)<strong>Le</strong> Chemin <strong>de</strong> la fortune (1734), davantage une suite <strong>de</strong> scènes qu’une pièce.La Mère confi<strong>de</strong>nte (1735)<strong>Le</strong> <strong>Le</strong>gs (1736)<strong>Le</strong>s Fausses Confi<strong>de</strong>nces (1737)La Joie imprévue (1738)<strong>Le</strong>s Sincères (1739)L'Épreuve (1740)La Commère (1741)La Dispute (1744)<strong>Le</strong> Préjugé vaincu (1746)La Colonie (1750)La Femme fidèle (1750)Félicie (1757)<strong>Le</strong>s Acteurs <strong>de</strong> bonne foi (1757)La Provinciale (1761)11


La scénographieImage ayant inspiré la création <strong>de</strong> la scénographie(extrait <strong>du</strong> dossier <strong>de</strong> Sauda<strong>de</strong> Cie)Photo <strong>de</strong> la scénographie(extrait <strong>du</strong> dossier <strong>de</strong> Sauda<strong>de</strong> Cie)© Anne Gayan12


<strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> l’amour <strong>et</strong> <strong>du</strong> hasardExtraitsACTE PREMIERScène première13


ACTE PREMIERScène 215


ACTE PREMIERScène 616


<strong>Le</strong>s échos <strong>de</strong> la presseMétro, octobre 200918


France Culture, octobre 200919


Saison 2010-20112011Contacts <strong>Jeu</strong>ne PublicMarion Echevin / 02 28 24 28 18echevin@legrandT.frPascale Degrieck / 02 28 24 28 08<strong>de</strong>grieck@legrandT.frFlorence Danveau / 02 28 24 28 16f.danveau@legrandT.frAnnie Ploteau / 02 28 24 28 17ploteau@legrandT.fr<strong>Le</strong> <strong>Grand</strong> TBP 3011144001 Nantes ce<strong>de</strong>x 01Tel 02 28 24 28 24Fax 02 28 24 28 38De nombreuses pistes <strong>de</strong> travail autour <strong>de</strong>s spectaclessont disponibles dans le document« Aller au théâtre :lire, voir, dire, écrire <strong>et</strong> faire… avec les élèves »Ren<strong>de</strong>z-vous sur :http://www.legrandT.fr/IMG/pdf/aller_au_theatre.pdf<strong>Dossier</strong> réalisé à partir <strong>de</strong>s documents fournis par la compagnie Sauda<strong>de</strong>.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!