Leçon 1 Qu’est ce que la monnaie ? I Une définition de la monnaie

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Leçon 1 : Qu’est ce que la monnaie ?I. Une définition de la monnaieIl est très significatif, mais un peu inquiétant, que de nombreux ouvrages surl’économie monétaire ne donnent pas de définition de la monnaie ou bien se contententd’évoquer les fonctions et les formes de la monnaie. Dans les manuels classiques, on peutretenir quelques définitions intéressantes.Parmi les manuels classiques qui dérogent à la règle, nous en retiendrons trois, quidonnent différentes définitions de la monnaie.R.Barre : " un bien d’échange généralement accepté au sein d’une communauté depaiement "A.Chaineau : " la monnaie est constituée par l’ensemble des moyens de paiements,c’est-à-dire par l’ensemble des actifs acceptés partout, par tous et en tous temps pour lerèglement des dettes issus de l’échange "On trouve chez M. de Mourgues trois définitions.Une définition " institutionnelle " : " la monnaie est l’instrument d’échange quipermet l’achat immédiat de tous les biens services et titres sans coûts de transactions nicoûts de recherche et qui conserve la valeur entre deux échanges. C’est un phénomènesocial car elle repose sur la confiance des agents dans le système qui la produit "Une définition dite " fonctionnelle " : " La monnaie est, par nature, l’instrumentd’échange universel dont l’existence préalable est la condition de l’échange. Sa détentionest rationnellement justifiée par lacessité soit de rompre les relations de troc soit dedifférer l’échange en situation d’incertitude. Son utilisation comme numéraire conduit àsimplifier le système de prix relatifs "Une troisième définition qui se réfère aux " propriétés " de la monnaie : " Dans unmonde dominé par l’incertitude et la peur du risque la monnaie est le bien dont la valeurrelative est la plus stable et qui présente une supériorité absolue sur les autres biens pourconserver le pouvoir d’achat en minimisant les risques. C’est la raison pour laquelle elle seratoujours acceptée dans l’échange contre n’importe quel bien "Nous donnerons de la monnaie la définition synthétique suivante qui nous servira defil conducteur, non seulement à ce chapitre, mais aussi à l’ensemble du cours :" La monnaie est un bien ou un actif dont les formes varient en fonctiondes structures économiques et sociales et qui est accepté, sur un certain espace,pour l’évaluation et le règlement des échanges et pour la constitution de1

<strong>Leçon</strong> 1 : <strong>Qu’est</strong> <strong>ce</strong> <strong>que</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> ?I. <strong>Une</strong> <strong>définition</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>Il est très significatif, mais un peu inquiétant, <strong>que</strong> <strong>de</strong> nombreux ouvrages surl’économie monétaire ne donnent pas <strong>de</strong> <strong>définition</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> ou bien se contententd’évo<strong>que</strong>r les fonctions et les formes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>. Dans les manuels c<strong>la</strong>ssi<strong>que</strong>s, on peutretenir <strong>que</strong>l<strong>que</strong>s <strong>définition</strong>s intéressantes.Parmi les manuels c<strong>la</strong>ssi<strong>que</strong>s qui dérogent à <strong>la</strong> règle, nous en retiendrons trois, quidonnent différentes <strong>définition</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.R.Barre : " un bien d’échange généralement ac<strong>ce</strong>pté au sein d’une communauté <strong>de</strong>paiement "A.Chaineau : " <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> est constituée par l’ensemble <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> paiements,c’est-à-dire par l’ensemble <strong>de</strong>s actifs ac<strong>ce</strong>ptés partout, par tous et en tous temps pour lerèglement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes issus <strong>de</strong> l’échange "On trouve chez M. <strong>de</strong> Mourgues trois <strong>définition</strong>s.<strong>Une</strong> <strong>définition</strong> " institutionnelle " : " <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> est l’instrument d’échange quipermet l’achat immédiat <strong>de</strong> tous les biens servi<strong>ce</strong>s et titres sans coûts <strong>de</strong> transactions nicoûts <strong>de</strong> recherche et qui conserve <strong>la</strong> valeur entre <strong>de</strong>ux échanges. C’est un phénomènesocial car elle repose sur <strong>la</strong> confian<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s agents dans le système qui <strong>la</strong> produit "<strong>Une</strong> <strong>définition</strong> dite " fonctionnelle " : " La <strong>monnaie</strong> est, par nature, l’instrumentd’échange universel dont l’existen<strong>ce</strong> préa<strong>la</strong>ble est <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> l’échange. Sa détentionest rationnellement justifiée par <strong>la</strong> né<strong>ce</strong>ssité soit <strong>de</strong> rompre les re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> troc soit <strong>de</strong>différer l’échange en situation d’in<strong>ce</strong>rtitu<strong>de</strong>. Son utilisation comme numéraire conduit àsimplifier le système <strong>de</strong> prix re<strong>la</strong>tifs "<strong>Une</strong> troisième <strong>définition</strong> qui se réfère aux " propriétés " <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> : " Dans unmon<strong>de</strong> dominé par l’in<strong>ce</strong>rtitu<strong>de</strong> et <strong>la</strong> peur du ris<strong>que</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> est le bien dont <strong>la</strong> valeurre<strong>la</strong>tive est <strong>la</strong> plus stable et qui présente une supériorité absolue sur les autres biens pourconserver le pouvoir d’achat en minimisant les ris<strong>que</strong>s. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong><strong>que</strong>lle elle seratoujours ac<strong>ce</strong>ptée dans l’échange contre n’importe <strong>que</strong>l bien "Nous donnerons <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> <strong>la</strong> <strong>définition</strong> synthéti<strong>que</strong> suivante qui nous servira <strong>de</strong>fil conducteur, non seulement à <strong>ce</strong> chapitre, mais aussi à l’ensemble du cours :" La <strong>monnaie</strong> est un bien ou un actif dont les formes varient en fonction<strong>de</strong>s structures économi<strong>que</strong>s et sociales et qui est ac<strong>ce</strong>pté, sur un <strong>ce</strong>rtain espa<strong>ce</strong>,pour l’évaluation et le règlement <strong>de</strong>s échanges et pour <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong>1


éserves. La création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>, effectuée par <strong>de</strong>s institutions, principalementdans le cadre d’opérations <strong>de</strong> crédit, est en re<strong>la</strong>tion d’interdépendan<strong>ce</strong> avecl’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> production et <strong>de</strong>s prix. La régu<strong>la</strong>tion monétaire, dans sescomposantes interne (politi<strong>que</strong> monétaire) et externe, (politi<strong>que</strong> <strong>de</strong> change), estau cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> politi<strong>que</strong> économi<strong>que</strong> ".1. Approche par les formes et les fonctions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.A. La <strong>monnaie</strong> est un bien ou un actif.La <strong>monnaie</strong> a longtemps pris <strong>la</strong> forme d’un bien, d’une marchandise, mais ledéveloppement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> bancaire débouche sur <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> : <strong>la</strong><strong>monnaie</strong> est un actif, une créan<strong>ce</strong> liqui<strong>de</strong> détenue par les agents économi<strong>que</strong>s une créan<strong>ce</strong>bancaire : actif pour les agents économi<strong>que</strong>s et passif pour les ban<strong>que</strong>s.Présentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> dans le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s agents économi<strong>que</strong>s et <strong>de</strong>s ban<strong>que</strong>sLes actifs monétaires constituent l’une <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> détention <strong>de</strong> leur patrimoinepar les agents, au même titre <strong>que</strong> les actifs financiers et les actifs réels :Les agents économi<strong>que</strong>s opèrent donc un arbitrage entre <strong>monnaie</strong> et biens, commele montre l’effet d’encaisse réelle : les agents qui disposent <strong>de</strong> trop <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> achètent<strong>de</strong>s biens. Par ailleurs, ils effectuent un arbitrage entre actifs monétaires et actifs financiers,comme le montre l’analyse keynésienne.2


B. .. aux formes variables.La <strong>monnaie</strong> est une institution sociale fortement dépendante du contexte dansle<strong>que</strong>l elle s’inscrit.Les formes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> <strong>de</strong>s sociétés traditionnelles (coquil<strong>la</strong>ges, sel..) sontdifférentes <strong>de</strong> <strong>ce</strong>lles <strong>de</strong>s sociétés du capitalisme libéral (métal précieux) et <strong>de</strong>s formescontemporaines (avoirs bancaires, billets.. ).De <strong>ce</strong>tte différen<strong>ce</strong> <strong>de</strong> forme résulte une différen<strong>ce</strong> dans les mo<strong>de</strong>s d’émission etdans le pouvoir <strong>de</strong> création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>, qui peut incomber au souverain, aux possesseurs <strong>de</strong>métal précieux, aux ban<strong>que</strong>s..Plus fondamentalement, les sociétés se distinguent selon <strong>la</strong> p<strong>la</strong><strong>ce</strong> qu’elles attribuentà l’échange marchand : si <strong>ce</strong>rtaines sociétés traditionnelles accor<strong>de</strong>nt peu d’importan<strong>ce</strong> àl’échange marchand, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong><strong>ce</strong> occupée par le troc et le don, les sociétésmo<strong>de</strong>rnes reposent sur <strong>de</strong>s échanges marchands généralisés qui n’excluent pas <strong>de</strong>s activitésnon marchan<strong>de</strong>s (à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>ce</strong>llule familiale ou <strong>de</strong> l’entreprise, par exemple).C. .. elle est ac<strong>ce</strong>ptée sur un <strong>ce</strong>rtain espa<strong>ce</strong>.La <strong>monnaie</strong> repose sur <strong>la</strong> confian<strong>ce</strong> <strong>que</strong> lui accor<strong>de</strong>nt les agents économi<strong>que</strong>s.<strong>Une</strong> crise <strong>de</strong> confian<strong>ce</strong> dans <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> se traduit par un échange <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> contre<strong>de</strong>s actifs financiers, <strong>de</strong>s biens ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vises étrangères. La "fuite <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>" induitune dépréciation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> qui peut être interne ou externe.La dépréciation interne provient du remp<strong>la</strong><strong>ce</strong>ment <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> par <strong>de</strong>s biens :appréhendant une nouvelle hausse <strong>de</strong>s prix, les agents accélèrent leurs achats, <strong>ce</strong> quiac<strong>ce</strong>ntue le pro<strong>ce</strong>ssus d’inf<strong>la</strong>tion. La dépréciation interne s’exprime par <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> pouvoird’achat <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>, par <strong>la</strong> hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s biens (inf<strong>la</strong>tion).La dépréciation externe est entraînée par <strong>la</strong> substitution <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises à <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>nationale. Les opérateurs cè<strong>de</strong>nt leurs actifs en <strong>monnaie</strong> nationale et acquièrent <strong>de</strong>s actifsen <strong>monnaie</strong> tier<strong>ce</strong>s. Là aussi, les prévisions sont autoréalisatri<strong>ce</strong>s : si les opérateurss’atten<strong>de</strong>nt à une baisse du dol<strong>la</strong>r par leurs opérations, ils provo<strong>que</strong>nt une telle baisse. Ladépréciation externe s’exprime par une dévalorisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> par rapport au reste dumon<strong>de</strong>, par une baisse du taux <strong>de</strong> change.La <strong>monnaie</strong> est ac<strong>ce</strong>ptée sur un espa<strong>ce</strong> qui, en principe, est l’espa<strong>ce</strong> national : unEtat-nation, une <strong>monnaie</strong>.Toutefois, dans les unions monétaires, une <strong>monnaie</strong> est commune à plusieurs Etats.Tel est le cas <strong>de</strong> l’euro.En sens inverse, Il peut arriver <strong>que</strong>, sur un même espa<strong>ce</strong> national, coexistentdifférentes <strong>monnaie</strong>s; c’est le cas <strong>de</strong> <strong>ce</strong>rtains pays qui subissent les effets <strong>de</strong> dominationd’une <strong>monnaie</strong> étrangère ("dol<strong>la</strong>risation" dans <strong>ce</strong>rtains pays du tiers mon<strong>de</strong>). Toutefois, <strong>la</strong>cohabitation <strong>de</strong> différentes <strong>monnaie</strong>s sur un même espa<strong>ce</strong> peut inciter les agentséconomi<strong>que</strong>s à conserver <strong>la</strong> meilleure et cé<strong>de</strong>r <strong>la</strong> moins bonne, alors " <strong>la</strong> mauvaise <strong>monnaie</strong>chasse <strong>la</strong> bonne " (loi <strong>de</strong> Gresham).3


D .. pour l’évaluation et le règlement <strong>de</strong>s échanges et pour <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong>réserves :La <strong>monnaie</strong> joue bien évi<strong>de</strong>mment un rôle fondamental dans l’échange marchand,puisqu’elle fournit à <strong>la</strong> fois un instrument <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s biens et unecontrepartie du bien (ou du servi<strong>ce</strong>, <strong>de</strong> l’actif financier ..) échangé.La <strong>monnaie</strong> joue aussi un rôle comme instrument <strong>de</strong> réserve. Des auteurs, Keynes enparticulier, ont souligné <strong>ce</strong> rôle. La <strong>monnaie</strong> constitue alors, au même titre <strong>que</strong> les actifsfinanciers, un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> détention <strong>de</strong> son patrimoine. L’importan<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s encaisses est liée auxtaux d’intérêt.E .. c’est donc un actif liqui<strong>de</strong>, aux frontières floues et changeantesLa <strong>monnaie</strong> est un actif qui présente <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité d’être immédiatement utilisabledans l’échange, c’est donc un actif liqui<strong>de</strong>. Mais <strong>la</strong> liquidité comporte <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés, c’est <strong>la</strong>raison pour <strong>la</strong><strong>que</strong>lle les agrégats monétaires sont multiples (incorporant progressivement<strong>de</strong>s actifs moins liqui<strong>de</strong>s) et variables au cours du temps.2. Création et <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>.A. La <strong>monnaie</strong> doit être saisie dans son mouvement <strong>de</strong> création <strong>de</strong>struction.La <strong>monnaie</strong> ne doit pas être envisagée comme un stock immuable. L’ensemble <strong>de</strong>smoyens <strong>de</strong> paiement, à un moment donné, dans une société, résulte d’un flux in<strong>ce</strong>ssant <strong>de</strong>création et <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> signes monétaires : création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> par les opérations <strong>de</strong>crédits et les conversions <strong>de</strong> <strong>de</strong>vises en <strong>monnaie</strong> nationale, <strong>de</strong>struction lors <strong>de</strong>sremboursements <strong>de</strong> crédits et <strong>de</strong>s conversions <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> nationale en <strong>de</strong>vises.Ces mouvements sont étroitement liés à <strong>ce</strong>ux <strong>de</strong> l’économie à l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong>production et du niveau général <strong>de</strong>s prix.B. La <strong>monnaie</strong> est créée par les ban<strong>que</strong>s, principalement dans <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong>crédit.C’est le système bancaire, les ban<strong>que</strong>s et <strong>la</strong> ban<strong>que</strong> <strong>ce</strong>ntrale, qui sont à l’origine <strong>de</strong>l’accroissement du stock <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>s agents économi<strong>que</strong>s.La création <strong>de</strong> signes monétaires s'opère principalement par le crédit : <strong>la</strong> création <strong>de</strong><strong>monnaie</strong> par les ban<strong>que</strong>s est une anticipation sur les richesses à venir. Les entreprises, grâ<strong>ce</strong>au crédit, distribuent <strong>de</strong>s revenus qui permettent d’acheter les biens à venir. Le pro<strong>ce</strong>ssus <strong>de</strong>création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> est donc imbriqué dans les mécanismes <strong>de</strong> finan<strong>ce</strong>ment <strong>de</strong> l’économie.La création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> peut provenir d’autres opérations <strong>que</strong> le crédit, lors<strong>que</strong> lesban<strong>que</strong>s achètent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vises à leur clientèle. En sens inverse, le crédit ne s’accompagne pasné<strong>ce</strong>ssairement d’une création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> : lors<strong>que</strong> le crédit est financé sur une épargnepréexistante, il ne participe pas à <strong>la</strong> croissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse monétaire.4


C. La croissan<strong>ce</strong> du stock <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>, est en re<strong>la</strong>tion d’interdépendan<strong>ce</strong> avecl’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> production et <strong>de</strong>s prix.De façon comptable, et donc incontestable, l’équation <strong>de</strong>s échanges M V = P T estvérifiée. En l’absen<strong>ce</strong> <strong>de</strong> toute hypothèse particulière, elle signifie <strong>que</strong> <strong>la</strong> croissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>masse monétaire est égale à <strong>la</strong> croissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> production en valeur (croissan<strong>ce</strong> en volumeet hausse <strong>de</strong> prix), corrigée <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.Pour <strong>la</strong> théorie quantitative <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>, c’est P, le niveau général <strong>de</strong>s prix, <strong>la</strong>variable endogène déterminée dans le cadre <strong>de</strong> l’équation.Pour Keynes, l’ajustement peut s’opérer par <strong>la</strong> variable T, le niveau <strong>de</strong> production,qui influe sur le niveau <strong>de</strong> l’emploi, comme sur <strong>la</strong> variable P niveau général <strong>de</strong>s prixToutefois, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si <strong>la</strong> variable M ne peut pas être considérée commeendogène, dépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> production et <strong>de</strong>s prix : dans <strong>ce</strong> cas, <strong>la</strong> croissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> massemonétaire n’est pas un pro<strong>ce</strong>ssus exogène, purement dépendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>s autoritésmonétaires, il peut être relié à <strong>la</strong> production et à <strong>la</strong> hausse <strong>de</strong>s prix.D. La régu<strong>la</strong>tion monétaire est au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> politi<strong>que</strong> économi<strong>que</strong>.La régu<strong>la</strong>tion monétaire interne consiste à agir sur l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse monétaireet les taux d’intérêt et, par consé<strong>que</strong>nt, sur <strong>de</strong>s variables macroéconomi<strong>que</strong>s telles <strong>que</strong> leniveau général <strong>de</strong>s prix, le niveau <strong>de</strong> production et d’emploi, l’investissement.La régu<strong>la</strong>tion externe, <strong>la</strong> politi<strong>que</strong> <strong>de</strong> change vise à agir sur le taux <strong>de</strong> change <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>monnaie</strong>, <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> par rapport aux autres <strong>monnaie</strong>s. Elle dépend du régime<strong>de</strong> change :en régime <strong>de</strong> parités fixes, les autorités monétaires doivent maintenir le taux <strong>de</strong>change à l’intérieur <strong>de</strong> marges <strong>de</strong> fluctuations définies autour d’une parité officielle ;en régime <strong>de</strong> flottement administré, les autorités monétaires ne sont pas tenues parune parité officielle.De plus, les autorités monétaires peuvent rechercher une dépréciation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>ou au contraire jouer <strong>la</strong> carte <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> forte.Politi<strong>que</strong> monétaire et politi<strong>que</strong> <strong>de</strong> change sont donc <strong>de</strong>s piè<strong>ce</strong>s maîtresses <strong>de</strong> <strong>la</strong>politi<strong>que</strong> économi<strong>que</strong>. Si, pour l’analyse keynésienne, <strong>la</strong> politi<strong>que</strong> monétaire est, avec <strong>la</strong>politi<strong>que</strong> budgétaire, un instrument <strong>de</strong>s politi<strong>que</strong>s économi<strong>que</strong>s <strong>de</strong> re<strong>la</strong>n<strong>ce</strong>, au cours <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rnières années, <strong>ce</strong> sont <strong>de</strong>s politi<strong>que</strong>s monétaires <strong>de</strong> lutte contre l’inf<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>forte qui ont pris le <strong>de</strong>ssus.La politi<strong>que</strong> monétaire française a été marquée, à partir du début <strong>de</strong>s années 80, par<strong>la</strong> libéralisation du système financier, par l’adoption <strong>de</strong> règles monétaires ayant pour objectifd’asseoir <strong>la</strong> crédibilité monétaire et par les consé<strong>que</strong>n<strong>ce</strong>s d’une intégration européenne quis’est traduite par un système monétaire européen d’autant plus contraignant <strong>que</strong> lescapitaux circulent librement. Avec l’instauration <strong>de</strong> l’euro, <strong>la</strong> politi<strong>que</strong> monétaire estmarquée par une priorité absolue donnée à <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong>s prix dans un contexte <strong>de</strong>flottement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> uni<strong>que</strong>.5


II.Les formes et les fonctions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>1. L’évolution histori<strong>que</strong> <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> : les formes <strong>de</strong>dématérialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>La réflexion sur les formes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> passe par un détour histori<strong>que</strong> qui permetd'éc<strong>la</strong>irer <strong>la</strong> réalité actuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.A. Les systèmes monétaires métalli<strong>que</strong>s1. La <strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong> est à <strong>la</strong> base du système.L'essor du capitalisme au XIX° siècle s'inscrit dans un système monétaire métalli<strong>que</strong>reposant sur l'or (l'étalon-or) ou sur l'or et l'argent (bimétallisme), comme c'est le cas pour <strong>la</strong>Fran<strong>ce</strong> ; <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong> est à <strong>la</strong> base du système. Que le système monétaire reposesur un métal précieux, l'étalon-or, ou sur <strong>de</strong>ux, le bimétallisme or/argent, les formes <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>monnaie</strong> au début du XIX° siècle se hiérarchisent autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong>.Dans les systèmes métalli<strong>que</strong>s, <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> est définie par un poids <strong>de</strong>métal précieux. Ce métal constitue donc l'étalon qui permet d'évaluer une <strong>monnaie</strong> et donc,au niveau international, d'établir une re<strong>la</strong>tion stricte entre les valeurs <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>monnaie</strong>s,également définies par rapport à un métal précieux.Le bien qui revêt les caractéristi<strong>que</strong>s d'une <strong>monnaie</strong> reste toutefois unemarchandise. Les variations <strong>de</strong> l'offre (découverte et exploitation <strong>de</strong> nouvelles mines) et <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (émanant, pour partie, <strong>de</strong> l'industrie) <strong>de</strong> <strong>ce</strong>tte marchandise se répercutent sursa valeur, c'est-à-dire sur le niveau général <strong>de</strong>s prix. C'est ainsi qu'une augmentation <strong>de</strong>l'offre <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> résultant d'un afflux d'or tend à faire monter les prix, exprimés en or, <strong>ce</strong>qui correspond à une baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> l'or. Cette re<strong>la</strong>tion entre masse monétaire et prixest systématisée par <strong>la</strong> théorie quantitative <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> (voir plus loin).La <strong>monnaie</strong> marchandise circule effectivement sous forme <strong>de</strong> lingots, <strong>de</strong> piè<strong>ce</strong>s qui"valent leur pesant d'or"; lors<strong>que</strong> <strong>la</strong> valeur faciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> piè<strong>ce</strong> est équivalente à sa valeurréelle, il s'agit véritablement d'une "<strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong>".L'émission <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> résulte <strong>de</strong> <strong>la</strong> "frappe libre" : les détenteurs <strong>de</strong> métal précieux,en fait les commerçants, portent à l'"Hôtel <strong>de</strong>s <strong>monnaie</strong>s" <strong>de</strong>s barres ou <strong>de</strong>s lingots qui sonttransformés en piè<strong>ce</strong>s. La création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> est à l'initiative <strong>de</strong>s possesseurs d'or etd'argent, les ban<strong>que</strong>s n'ayant qu'un rôle passif dans <strong>la</strong> création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong>. Ce6


égime monétaire mar<strong>que</strong> <strong>la</strong> domination d’une bourgeoisie commerçante et industrielledétenteur d’un pouvoir, <strong>ce</strong>lui <strong>de</strong> créer <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>, qui a été enlevé au souverain.2. Il existe d'autres formes <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>sIl existe d'autres formes <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>s, les billets, qui sont émis par les ban<strong>que</strong>s, etles comptes en ban<strong>que</strong> utilisables par jeux d'écriture, détenus par <strong>ce</strong>rtains agentséconomi<strong>que</strong>s (les entreprises, gran<strong>de</strong>s ou moyennes).Mais <strong>ce</strong>s formes monétaires sont sous <strong>la</strong> dépendan<strong>ce</strong> étroite <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>métalli<strong>que</strong>. La valeur du billet dérive <strong>de</strong> <strong>ce</strong>lle <strong>de</strong> l'or : le billet n'a pas <strong>de</strong> légitimité propre etprovient <strong>de</strong> <strong>ce</strong> <strong>que</strong> les agents économi<strong>que</strong>s peuvent le transformer librement en or ou enargent. Le billet est convertible, sauf dans les pério<strong>de</strong>s troublées : c’est ainsi <strong>que</strong> le "coursforcé" du franc, -c'est-à-dire son inconvertibilité- a été décidé en 1848, 1870 et en 1914.Même si le billet n'est plus un "<strong>ce</strong>rtificat <strong>de</strong> dépôt d'or" et si les ban<strong>que</strong>s peuvent émettre unvolume <strong>de</strong> billets supérieur à leurs réserves, l'émission <strong>de</strong>s billets par les ban<strong>que</strong>s estétroitement reliée au stock d'or détenu : en raison du ratio imposé entre le volume <strong>de</strong> billetsémis et le volume <strong>de</strong> métal précieux, les variations du stock d’or déterminent le niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong>masse monétaire.B. La dématérialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers siècles, le système monétaire s'est profondémenttransformé, entraînant une dématérialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.1. Le remp<strong>la</strong><strong>ce</strong>ment <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong> par <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> manuelle<strong>Une</strong> première forme <strong>de</strong> dématérialisation : <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> manuelle se substitue à <strong>la</strong><strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong>. L'inconvertibilité <strong>de</strong>s billets, en Fran<strong>ce</strong>, en 1914, sonne le g<strong>la</strong>s dusystème métalli<strong>que</strong>. Le finan<strong>ce</strong>ment <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, puis <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconstruction, par <strong>la</strong> "p<strong>la</strong>nche àbillets" rend impossible, non seulement le retour à <strong>la</strong> parité d'avant guerre, mais aussi <strong>la</strong>reconduction d'un système fondé sur l'or : l'or <strong>ce</strong>sse <strong>de</strong> circuler, le billet s'émancipe <strong>de</strong> l'or.Avec l'inconvertibilité <strong>de</strong>s billets en or, naît en fait <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> "fiduciaire" : <strong>la</strong> valeur<strong>de</strong>s billets ne repose plus sur une équivalen<strong>ce</strong> avec l'or mais sur <strong>la</strong> confian<strong>ce</strong> <strong>que</strong> luiaccor<strong>de</strong>nt les utilisateurs (fiducia en <strong>la</strong>tin : confian<strong>ce</strong>).La suspension <strong>de</strong> <strong>la</strong> convertibilité <strong>de</strong>s billets en or s'accompagne d'une quasidisparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s piè<strong>ce</strong>s d'or et d'argent au profit <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> fiduciaire (lesbillets) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> « <strong>monnaie</strong> divisionnaire » : les piè<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> utilisées dans les échangesont une valeur faciale supérieure à leur valeur réelle, <strong>ce</strong> n’est plus à proprement parler <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>monnaie</strong> métalli<strong>que</strong>.Ces formes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> correspon<strong>de</strong>nt à un système monétaire dominé par <strong>la</strong>ban<strong>que</strong> <strong>ce</strong>ntrale, qui émet les billets et le Trésor public, qui émet les piè<strong>ce</strong>s.2. Le progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale au détriment <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> manuelle.7


<strong>Une</strong> <strong>de</strong>uxième forme <strong>de</strong> dématérialisation : <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale progresse plusvite <strong>que</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> manuelle.Dans un mouvement qui s'accélère après <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième guerre mondiale, <strong>la</strong> détention<strong>de</strong> comptes en ban<strong>que</strong> se diffuse, jusqu'à couvrir <strong>la</strong>quasi totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, qui estainsi "bancarisée". C'est l'essor <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale, qui prend <strong>la</strong> forme d'avoirsbancaires utilisables par jeux d'écritures.L’usage du chè<strong>que</strong> se développe : forme <strong>la</strong> plus répandue <strong>de</strong> <strong>ce</strong>s jeux d'écriture, quipermettent le règlement <strong>de</strong>s échanges, le chè<strong>que</strong> est un "mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> règlement" mais n'estpas véritablement <strong>de</strong> <strong>la</strong> "<strong>monnaie</strong> scripturale".La <strong>monnaie</strong> manuelle, billets, piè<strong>ce</strong>s, régresse et, une part croissante <strong>de</strong>s échangess'opère par débit d'un compte bancaire et crédit d'un autre compte, même si les individusont <strong>que</strong>l<strong>que</strong>fois l'illusion <strong>que</strong> <strong>ce</strong>tte <strong>monnaie</strong> scripturale a pour contrepartie <strong>de</strong>s réserves <strong>de</strong>billets dans le coffre <strong>de</strong>s ban<strong>que</strong>s. L'essor <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale mar<strong>que</strong> un dép<strong>la</strong><strong>ce</strong>mentdu pouvoir <strong>de</strong> création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> : <strong>ce</strong> sont les ban<strong>que</strong>s commerciales qui, par le biais <strong>de</strong>sopérations <strong>de</strong> crédit, émettent <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>, dans un cadre régulé par <strong>la</strong> ban<strong>que</strong> <strong>ce</strong>ntrale.Re<strong>la</strong>tion entre forme <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> et pouvoir <strong>de</strong> création <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>Forme dominante <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> Acteur principal <strong>de</strong> <strong>la</strong> création <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>Monnaie métalli<strong>que</strong>Détenteurs d'or (commerçants)Monnaie fiduciaireMonnaie scripturaleBan<strong>que</strong> <strong>ce</strong>ntrale, TrésorBan<strong>que</strong>s commerciales3. Le progrès <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> paiements sans support matériel.<strong>Une</strong> troisième forme <strong>de</strong> dématérialisation : l'informatisation <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> paiement.La <strong>de</strong>rnière forme <strong>de</strong> dématérialisation touche, moins <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>, qui reste une <strong>monnaie</strong>scripturale, <strong>que</strong> les moyens <strong>de</strong> paiements, qui bénéficient <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> technologie <strong>de</strong>l'information, au détriment <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> paiements traditionnels.Le chè<strong>que</strong> connaît une régression re<strong>la</strong>tive. En effet, bien <strong>que</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturaleait représenté, par rapport aux billets et aux piè<strong>ce</strong>s, une forme <strong>de</strong> dématérialisation, lechè<strong>que</strong>, support <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale, est un pro<strong>ce</strong>ssus lourd, qui suppose <strong>la</strong> traductiond'inscriptions manuscrites (<strong>de</strong>stinataire, montant <strong>de</strong> <strong>la</strong> somme) en signes lisibles par <strong>de</strong>smachines et le transfert physi<strong>que</strong> entre ban<strong>que</strong>s. Ce pro<strong>ce</strong>ssus lourd est coûteux.C'est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong><strong>que</strong>lle les ban<strong>que</strong>s ont incité les agents économi<strong>que</strong>s à utiliserles mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> paiements informatisés : paiements par cartes, virements et prélèvementsinformatisés, qui ne se traduisent, ni par <strong>de</strong>s transferts physi<strong>que</strong>s, ni par <strong>de</strong>s inscriptionsmanuscrites. A <strong>ce</strong> point <strong>de</strong> l'évolution, <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> prend une forme purifiée : il s'agit d'unesimple information sur le niveau d’actifs liqui<strong>de</strong>s détenus par un agent économi<strong>que</strong> (leniveau <strong>de</strong> son compte en ban<strong>que</strong>) et les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> règlement sont <strong>de</strong> simples mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>circu<strong>la</strong>tion d'informations qui correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> pouvoirs d'achat.8


2. Monnaie et moyens <strong>de</strong> paiementsA. Trois formes actuelles <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>On distingue aujourd’hui trois formes <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>s.La <strong>monnaie</strong> divisionnaire est constituée <strong>de</strong>s piè<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>s émises par le Trésorpublic et mises en circu<strong>la</strong>tion par <strong>la</strong> ban<strong>que</strong> <strong>ce</strong>ntrale. D'un pouvoir libératoire limité -on nepeut régler <strong>de</strong>s sommes importantes exclusivement en piè<strong>ce</strong>s- elles sont utilisées pour leséchanges <strong>de</strong> faibles montants.La <strong>monnaie</strong> fiduciaire est constituée <strong>de</strong>s billets sont émis par <strong>la</strong> ban<strong>que</strong> <strong>ce</strong>ntrale. La<strong>monnaie</strong> divisionnaire et <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> fiduciaire composent ainsi <strong>ce</strong> <strong>que</strong> l’on appelle <strong>de</strong> façonexpressive <strong>la</strong> " <strong>monnaie</strong> manuelle ".La <strong>monnaie</strong> scripturale est composée <strong>de</strong> tous les avoirs bancaires utilisablesdirectement pour régler les <strong>de</strong>ttes. La <strong>monnaie</strong> scripturale circule entre les agents par <strong>de</strong>sjeux d’écriture (d’où le terme <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> " scripturale ") par le biais <strong>de</strong> différents moyens(ou instruments) <strong>de</strong> paiements : le chè<strong>que</strong>, le virement, le prélèvement, <strong>la</strong> carte bancaire ...La <strong>monnaie</strong> scripturale permet aux agents économi<strong>que</strong>s <strong>de</strong> régler <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes sans qu’il soitné<strong>ce</strong>ssaire <strong>de</strong> transformer <strong>ce</strong>s avoirs en billets, en <strong>monnaie</strong> fiduciaire. Elle présente, parrapport à <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> fiduciaire, un triple avantage :• elle permet le règlement à distan<strong>ce</strong> sans dép<strong>la</strong><strong>ce</strong>ment physi<strong>que</strong> <strong>de</strong>s coéchangistes;• elle offre <strong>de</strong>s garanties plus fortes <strong>de</strong> protection contre le vol ou <strong>la</strong> perte;• elle produit <strong>de</strong>s tra<strong>ce</strong>s dans <strong>la</strong> comptabilité bancaire qui peuvent servir <strong>de</strong> preuves en cas<strong>de</strong> contestation.Ces comptes chè<strong>que</strong>s ou comptes courants peuvent prendre <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> comptesouverts dans les ban<strong>que</strong>s commerciales, <strong>de</strong> comptes chè<strong>que</strong>s postaux (C.C.P.), <strong>de</strong> comptesouverts auprès <strong>de</strong>s comptables publics. Les comptes, tels les livrets <strong>de</strong> caisse d'épargne quisont liqui<strong>de</strong>s - leurs titu<strong>la</strong>ires peuvent les transformer instantanément en <strong>monnaie</strong>fiduciaire- mais qui ne peuvent être mobilisés directement par le biais <strong>de</strong> chè<strong>que</strong>s, ne sontpas <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> au sens strict.B. Monnaie et moyens <strong>de</strong> paiementsIl est absolument né<strong>ce</strong>ssaire <strong>de</strong> distinguer <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> et les moyens <strong>de</strong> paiements.La <strong>monnaie</strong> est un actif, un élément <strong>de</strong> patrimoine détenu par les agentséconomi<strong>que</strong>s. Les moyens <strong>de</strong> paiements qui sont les instruments utilisés par les agentséconomi<strong>que</strong>s pour faire circuler <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.Les piè<strong>ce</strong>s, <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> divisionnaire sont, sont à <strong>la</strong> fois, <strong>monnaie</strong> et instruments <strong>de</strong>paiements. Les piè<strong>ce</strong>s constituent <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> divisionnaire : c’est un stock <strong>de</strong> richesse qui9


fait partie <strong>de</strong> l’actif <strong>de</strong> l’agent économi<strong>que</strong> ; les piè<strong>ce</strong>s sont aussi <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> paiementsqui sont utilisés pour régler <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes. Il en est <strong>de</strong> même pour <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> fiduciaire, pourles billets qui sont <strong>de</strong>s éléments du patrimoine <strong>de</strong>s agents - <strong>ce</strong> sont <strong>de</strong>s composantes <strong>de</strong> <strong>la</strong>masse monétaire- et moyens <strong>de</strong> paiement : leur circu<strong>la</strong>tion permet <strong>de</strong> régler <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes.Il en va différemment pour <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale : <strong>ce</strong>lle-ci constituée d’avoirsbancaires est, quant à elle, un avoir, un chiffre, représentant le crédit d'un agentéconomi<strong>que</strong> dans une ban<strong>que</strong> et qui peut être utilisé par différents moyens.Si l’on néglige les effets <strong>de</strong> commer<strong>ce</strong>, qui représentent une part faible et endécroissan<strong>ce</strong>, on retient cinq mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transferts <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale.A l’initiative du débiteur, le chè<strong>que</strong> s’est fortement développé après <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxièmeguerre mondiale, lors<strong>que</strong> le paiement par jeu d’écritures a été rendu obligatoire, à partir <strong>de</strong><strong>ce</strong>rtains seuils <strong>de</strong> paiement. Il est, aujourd’hui encore, le premier instrument <strong>de</strong> paiement,malgré une régression re<strong>la</strong>tive en raison d’un développement <strong>de</strong>s autres mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>règlement.Prati<strong>que</strong>, notamment pour les échanges entre individus et les règlements à distan<strong>ce</strong>, lechè<strong>que</strong> est, pour les ban<strong>que</strong>s, coûteux (<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 à 5 francs par chè<strong>que</strong> ), en raison <strong>de</strong><strong>la</strong> né<strong>ce</strong>ssité <strong>de</strong> saisir, par <strong>de</strong>s signes lisibles par <strong>de</strong>s machines, les inscriptions manuscritessur le chè<strong>que</strong> (<strong>de</strong>stinataire, montant).Les ban<strong>que</strong>s tentent donc <strong>de</strong> faire payer les servi<strong>ce</strong>s liés à l’utilisation <strong>de</strong>s chè<strong>que</strong>s(délivran<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s chéquiers..) pour couvrir les coûts et en dissua<strong>de</strong>r l’utilisation; ellesfavorisent, en outre, l’usage <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> paiements moins coûteux par<strong>ce</strong> qu’informatisés.Surtout dans <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> ré<strong>ce</strong>nte, elles développent <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> transferts d’images quipermettent <strong>de</strong> faire l’économie du transfert physi<strong>que</strong> <strong>de</strong>s chè<strong>que</strong>s.Le virement consiste à opérer le transfert <strong>de</strong> fonds à l’initiative du débiteur sansintervention du créancier. C’est ainsi <strong>que</strong> les sa<strong>la</strong>ires, qui sont une <strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s employeurs àl’égard <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés, font le plus souvent l’objet <strong>de</strong> virements. L’essor du virement (plus <strong>de</strong> 15% <strong>de</strong>s opérations scripturales) est essentiellement dû à <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s virements automatisés(plus <strong>de</strong> 95% <strong>de</strong> l’ensemble). Il s’avère particulièrement prati<strong>que</strong> pour le règlement <strong>de</strong>ssa<strong>la</strong>ires, en raison <strong>de</strong> l’informatisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires et <strong>de</strong>s bulletins <strong>de</strong> paye parles entreprises.L’avis <strong>de</strong> prélèvement est à l’initiative du créancier : dans le cas <strong>de</strong> règlementspériodi<strong>que</strong>s, et dans le cadre d’une autorisation donnée par le titu<strong>la</strong>ire du compte, lecréancier opère un prélèvement qui présente l’avantage, pour le créancier et <strong>la</strong> ban<strong>que</strong>,d’être automatisé; le débiteur n’a pas à intervenir à cha<strong>que</strong> opération. C’est ainsi <strong>que</strong> lesménages, qui sont débiteurs par rapport à différents prestataires <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong>s (EDF, Télécom,..), peuvent recourir à l’avis <strong>de</strong> prélèvement. En essor, et mis en oeuvre pour différentsrèglements il représente 10% <strong>de</strong>s transferts scripturaux.Le titre interbancaire <strong>de</strong> paiement (T.I.P.) est ré<strong>ce</strong>nt, - il date <strong>de</strong> 1988- et a, pour lemoment, une importan<strong>ce</strong> marginale, mais il doit connaître un développement rapi<strong>de</strong>. Ledébiteur donne son accord pour le paiement <strong>de</strong> cha<strong>que</strong> opération mais le titre faitultérieurement l’objet d’un traitement informatisé. Il constitue, en <strong>que</strong>l<strong>que</strong> sorte, un10


intermédiaire entre le chè<strong>que</strong> et l’avis <strong>de</strong> prélèvement : il associe l’intervention active, pourcha<strong>que</strong> opération, du titu<strong>la</strong>ire du compte, et l’automatisation <strong>de</strong>s opérations, qui présenteun avantage pour le créancier comme pour <strong>la</strong> ban<strong>que</strong>.La carte <strong>de</strong> paiement enregistre un progrès très rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis les années 1980 grâ<strong>ce</strong>à l’interbancarité (en 1984) et le développement, à partir <strong>de</strong> 1993, <strong>de</strong> l’usage généralisé <strong>de</strong><strong>la</strong> carte à mémoire. Les cartes bancaires sont, le plus souvent, <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> crédit, quipermettent un différé dans le règlement. L’intégration dans <strong>la</strong> carte d’un micro pro<strong>ce</strong>sseur,qui permet d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>la</strong> carte et <strong>de</strong> vérifier l’i<strong>de</strong>ntité du porteur grâ<strong>ce</strong> au co<strong>de</strong> secret,donne <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s garanties au titu<strong>la</strong>ire du compte comme aux commerçants.Dans l’avenir <strong>de</strong>vrait se développer une <strong>monnaie</strong> électroni<strong>que</strong>.3. Les fonctions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>Toute présentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> repose sur une distinction entre les formes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>et les fonctions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>. L'expérien<strong>ce</strong> quotidienne incite à privilégier <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>monnaie</strong>, l'aspect sous le<strong>que</strong>l se présente <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>, <strong>ce</strong>lle-ci prenant <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> billets, <strong>de</strong>piè<strong>ce</strong>s, d'avoirs bancaires utilisables par jeux d'écriture .. Mais on ne peut comprendre <strong>ce</strong>qu’est <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> uni<strong>que</strong>ment à partir <strong>de</strong> sa forme, il faut aussi et avant tout saisir sesfonctions. L’analyse économi<strong>que</strong> privilégie trois fonctions :• Instrument <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s valeurs• Contrepartie dans l’échange• Instrument <strong>de</strong> réserveA. La <strong>monnaie</strong> comme instrument <strong>de</strong> mesureLa <strong>monnaie</strong> joue une fonction <strong>de</strong> numération, d’évaluation : <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> est une unité<strong>de</strong> compte, un numéraire, qui sert à mesurer <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s.Etalon <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s valeurs, <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> permet le calcul économi<strong>que</strong>, et ellehomogénéise les prix <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s en fournissant une unité <strong>de</strong>mesure uni<strong>que</strong>.A <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> Walras, on peut comparer un système dans le<strong>que</strong>l les prix <strong>de</strong>smarchandises seraient exprimés <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux (une table vaut x chaises, une chaise vaut ytabourets ..) à un système dans le<strong>que</strong>l le prix <strong>de</strong> cha<strong>que</strong> bien est exprimé dans une unité <strong>de</strong>compte uni<strong>que</strong>. Bien évi<strong>de</strong>mment le nombre <strong>de</strong> prix est beaucoup plus faible dans <strong>ce</strong><strong>de</strong>uxième cas et il est rationnel d’avoir une unité <strong>de</strong> compte.11


B. La <strong>monnaie</strong> comme mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> règlementLa <strong>monnaie</strong> joue un <strong>de</strong>uxième rôle dans l’échange, elle constitue un instrument <strong>de</strong>règlement <strong>de</strong>s échanges. Dans l’échange monétaire, les agents utilisent une marchandise(piè<strong>ce</strong> d’or) ou une créan<strong>ce</strong> sur une ban<strong>que</strong> -qui prend <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> piè<strong>ce</strong>s, <strong>de</strong> billets ou <strong>de</strong><strong>monnaie</strong> scripturale- pour servir <strong>de</strong> contrepartie au bien ou au servi<strong>ce</strong> échangé.De façon très c<strong>la</strong>ssi<strong>que</strong>, on met en évi<strong>de</strong>n<strong>ce</strong> <strong>ce</strong>tte fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> enopposant l’échange monétaire au troc.Le troc, l’échange <strong>de</strong> marchandises contre <strong>de</strong>s marchandises est, en fait, extrêmementcomplexe et contraignant.• Il faut <strong>que</strong> les désirs <strong>de</strong>s agents soient symétri<strong>que</strong>s : <strong>ce</strong>lui qui propose un ordinateurcontre une paire <strong>de</strong> chaussures doit trouver un agent souhaitant opérer l'échangestrictement inverse.• Il faut <strong>que</strong> les valeurs <strong>de</strong>s biens échangés soit considérées comme strictementéquivalentes.• Il faut par ailleurs <strong>que</strong> <strong>ce</strong>s désirs soient simultanés.Le recours à une <strong>monnaie</strong> permet <strong>de</strong> simplifier et <strong>de</strong> multiplier les échanges.• Les opérations <strong>de</strong> vente et d’achat sont désynchronisées : on peut vendre sansacheter et acheter sans vendre.• Les échangistes n'ont nul besoin <strong>de</strong> trouver un partenaire aux intentionssymétri<strong>que</strong>s; le ven<strong>de</strong>ur d'ordinateurs cherche un acheteur d'ordinateur - et il n'estpas exigé <strong>de</strong> <strong>ce</strong> <strong>de</strong>rnier qu'il soit aussi offreur <strong>de</strong> chaussures..• De plus, les échanges n'ont nullement besoin d'être simultanés : le sa<strong>la</strong>rié peuttoucher, à un moment donné le sa<strong>la</strong>ire correspondant à une pério<strong>de</strong>, un mois, enéta<strong>la</strong>nt ses achats tout au long du mois.C. La <strong>monnaie</strong> instrument <strong>de</strong> réserve.Les agents économi<strong>que</strong>s peuvent détenir une partie <strong>de</strong> leurs avoirs, <strong>de</strong> leurs richessesous forme monétaire. La <strong>monnaie</strong>, en permettant <strong>de</strong> dissocier <strong>la</strong> vente d'un bien <strong>de</strong> l'achatd'un autre bien, constitue une réserve <strong>de</strong> valeur. La <strong>monnaie</strong> est "un pont entre le présent etl'avenir".Cette troisième fonction, à <strong>la</strong> différen<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux précé<strong>de</strong>ntes, fonctions d'évaluationet <strong>de</strong> règlement <strong>de</strong>s échanges, a été envisagée <strong>de</strong> façon radicalement différente par lesdifférents courants <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée économi<strong>que</strong> : elle mar<strong>que</strong> une rupture entre l’analysec<strong>la</strong>ssi<strong>que</strong> et l’analyse keynésienne.En effet, l’analyse c<strong>la</strong>ssi<strong>que</strong>, et en particulier, <strong>de</strong> façon remarquable, J.B.Say,considèrent <strong>que</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> est une voile et qu’en fait les marchandises s’échangent contreles marchandises.Dans <strong>ce</strong>tte perspective, lors<strong>que</strong> les agents obtiennent <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> (c’est en fait <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>) en vendant <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s, ils ont pour objectif d’utiliser12


<strong>ce</strong>tte <strong>monnaie</strong> pour un autre échange et non <strong>de</strong> <strong>la</strong> conserver. La <strong>monnaie</strong> n’est pas<strong>de</strong>mandée pour elle même.Keynes, en revanche, accor<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> importan<strong>ce</strong> à <strong>ce</strong> qu’il appelle <strong>la</strong>préféren<strong>ce</strong> pour <strong>la</strong> liquidité.- " le motif <strong>de</strong> transaction, c’est-à-dire le besoin <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> pour <strong>la</strong> réalisation courante <strong>de</strong>séchanges personnels et professionnels " (p.181) " <strong>Une</strong> première raison <strong>de</strong> conserver <strong>la</strong><strong>monnaie</strong> est <strong>de</strong> combler l’intervalle entre l’encaissement et le décaissement du revenu "(p.204),- " le motif <strong>de</strong> précaution c’est-à-dire le désir <strong>de</strong> sécurité en <strong>ce</strong> qui con<strong>ce</strong>rne l’équivalent futuren argent d’une <strong>ce</strong>rtaine proportion <strong>de</strong> ses ressour<strong>ce</strong>s totales " (p.181) " le souci <strong>de</strong> parer auxéventualités exigeant une dépense soudaine, l’espoir <strong>de</strong> profiter d’occasions non prévuesd’achats avantageux et enfin le désir <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r un avoir <strong>de</strong> valeur nominale immuable pourfaire fa<strong>ce</strong> à une obligation future stipulée en <strong>monnaie</strong> sont autant <strong>de</strong> nouveaux motifs àconserver <strong>de</strong> l’agent liqui<strong>de</strong> "- " le motif <strong>de</strong> spécu<strong>la</strong>tion c’est à dire le désir <strong>de</strong> profiter d’une connaissan<strong>ce</strong> meilleure <strong>que</strong><strong>ce</strong>lle du marché <strong>de</strong> <strong>ce</strong> <strong>que</strong> réserve l’avenir ". Keynes montre comment, compte tenu <strong>de</strong>s tauxd’intérêt et <strong>de</strong>s anticipations sur leur évolution future, les agents économi<strong>que</strong>s constituent<strong>de</strong>s encaisses monétaires plus ou moins importantes.Cette distinction entre différents motifs <strong>de</strong> préféren<strong>ce</strong> pour <strong>la</strong> liquidité permet àKeynes <strong>de</strong> définir une composante <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong> liée au revenu (motif <strong>de</strong>transaction et motif <strong>de</strong> précaution) et un autre liée au taux d’intérêt (motif <strong>de</strong> spécu<strong>la</strong>tion).13


QUESTIONS DE REFLEXIONLES FORMULES SUIVANTES SONT ELLES VRAIES OU FAUSSES ?• La <strong>monnaie</strong> fiduciaire (du <strong>la</strong>tin fiducia confian<strong>ce</strong>) est composée <strong>de</strong>s piè<strong>ce</strong>s, <strong>de</strong>s billets et<strong>de</strong>s chè<strong>que</strong>s dont <strong>la</strong> valeur intrinsè<strong>que</strong> diffère <strong>de</strong> leur valeur nominale.• Le progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> manuelle a constitué une forme <strong>de</strong> dématérialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>monnaie</strong>.• La <strong>monnaie</strong> est le bien qui brise le troc.• Lors<strong>que</strong> l’on a 5 biens, il existe 10 prix re<strong>la</strong>tifs, 10 prix dans un système sans <strong>monnaie</strong>.• Lors<strong>que</strong> l’on a 6 biens, il existe 30 prix dans un système sans <strong>monnaie</strong> et 6 prix dans unsystème dans le<strong>que</strong>l un bien représente <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.• Lors<strong>que</strong> l’on a n biens dont un est <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>, il existe n(n-1) prix re<strong>la</strong>tifs et n prixmonétaires.• Les chè<strong>que</strong>s font partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> scripturale.• L’idée d’un motif <strong>de</strong> spécu<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> détention <strong>de</strong> liquidité signifie <strong>que</strong> dans <strong>ce</strong>rtains casles agents économi<strong>que</strong>s peuvent gagner <strong>de</strong> l’argent (ou ne pas en perdre) en détenant<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong>.• Le cours <strong>de</strong>s obligations se forme <strong>de</strong> telle façon <strong>que</strong> le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s anciennesobligations, sur le marché secondaire, soit égal au ren<strong>de</strong>ment et donc au taux d’intérêtsur les nouvelles obligations.• Il existe <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> <strong>monnaie</strong>, les billets et <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> fiduciaire.• Le développent <strong>de</strong>s paiements par carte est une forme <strong>de</strong> dématérialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>monnaie</strong>.• Le niveau <strong>de</strong> l’intérêt d’une obligation varie en fonction du cours <strong>de</strong> l’obligation sur lemarché boursier• Lors<strong>que</strong> le taux d’intérêt sur les obligations nouvellement émises s’accroît, le cours <strong>de</strong>sobligations anciennement émises diminue. Juste : <strong>ce</strong><strong>la</strong> permet à l’acquéreur d’avoir unren<strong>de</strong>ment i<strong>de</strong>nti<strong>que</strong> sur les nouvelles et sur les anciennes obligations• Lors<strong>que</strong> les agents économi<strong>que</strong>s s’atten<strong>de</strong>nt à une baisse <strong>de</strong>s taux d’intérêt, ils sontincités à détenir <strong>de</strong>s titres.• Lors<strong>que</strong> les agents n’ont pas confian<strong>ce</strong> dans une <strong>monnaie</strong>, <strong>ce</strong>lle-ci peut perdre <strong>de</strong> <strong>la</strong>valeur, <strong>de</strong> façon externe mais aussi <strong>de</strong> façon interne• Pour remplir <strong>la</strong> fonction d’unité <strong>de</strong> compte un bien doit être durable et facilementtransportable.• La vitesse <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>monnaie</strong> est d’autant plus forte <strong>que</strong> <strong>la</strong> thésaurisation estfaible14

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