LA VIE JUDICIAIRE DU TRIBUNAL<strong>Le</strong>s décisions rendues par le <strong>Tribunal</strong><strong>Le</strong>s défen<strong>de</strong>resses, bien qu’elles aient nié l’essentiel <strong><strong>de</strong>s</strong> faits allégués par <strong>la</strong> Commissiondans leurs procédures écrites, ne se sont pas présentées <strong>de</strong>vant le <strong>Tribunal</strong> le jour <strong>de</strong> l’auditionpour faire valoir leurs prétentions.<strong>Le</strong> <strong>Tribunal</strong> conclut que les défen<strong>de</strong>resses ont compromis le droit <strong><strong>de</strong>s</strong> p<strong>la</strong>ignants d’êtretraités en pleine égalité, sans distinction ou exclusion fondée, dans le cas <strong>de</strong> madameBergeron , sur <strong>la</strong> grossesse et dans le cas <strong>de</strong> monsieur Bourque, sur l’état civil, en tant quefutur parent et conjoint d’une femme enceinte, en refusant <strong>de</strong> conclure avec eux un bail<strong>de</strong> logement.Par ailleurs, le <strong>Tribunal</strong> considère qu’en donnant <strong><strong>de</strong>s</strong> directives discriminatoires à sa préposée,<strong>la</strong> défen<strong>de</strong>resse, madame Gosselin-Ross, prési<strong>de</strong>nte, secrétaire et administratrice <strong>de</strong> <strong>la</strong>compagnie propriétaire <strong>de</strong> l’immeuble, 9020-6376 Québec inc., a non seulement engagé<strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> sa compagnie, mais également sa responsabilité <strong>personne</strong>lle.C.D.P.D.J. (Lucille <strong>Le</strong>febvre-Trottier) c. Simonne Gosselin-Ross et Rol<strong>la</strong>nd RossRÉFÉRENCE :J.E. 2006-2017TYPE DE RECOURS :Deman<strong>de</strong> introductive d’instanceMOTIF DU RECOURS :Représailles contre une <strong>personne</strong>RÉSUMÉ :DATE DE LA DÉCISION :2006-10-04DIVISION :M me <strong>la</strong> juge Michèle RivetM e Yeong-Gin Jean YoonM e Taya di PietroARTICLES DE LA CHARTE INVOQUÉS :4, 49, 82Madame <strong>Le</strong>febvre-Trottier est concierge <strong>de</strong> l’immeuble à logements appartenant à <strong>la</strong>compa gnie <strong>de</strong> madame Gosselin-Ross, en vertu d’une entente qu’elle a signée avec cette<strong>de</strong>rnière. La convention, <strong>de</strong>vant être en vigueur jusqu’à <strong>la</strong> fin juin 2003, prévoit que madame<strong>Le</strong>febvre-Trottier, en considération d’une somme monétaire déduite <strong>de</strong> son loyer mensuel,doit remplir certaines fonctions, dont celle <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong> <strong>la</strong> location <strong><strong>de</strong>s</strong> logementsappartenant à <strong>la</strong> compagnie <strong>de</strong> madame Gosselin-Ross. <strong>Le</strong> 1 er février 2003, elle reçoit <strong>la</strong>visite <strong>de</strong> monsieur Bourque et <strong>de</strong> madame Bergeron, qui désirent louer un logement. In-28
LA VIE JUDICIAIRE DU TRIBUNAL<strong>Le</strong>s décisions rendues par le <strong>Tribunal</strong>formée que madame Bergeron est enceinte, madame <strong>Le</strong>febvre-Trottier les avise que ce nesera pas possible, puisque les propriétaires ne veulent pas d’enfants dans l’immeuble. Suiteà ce refus, ils portent p<strong>la</strong>inte à <strong>la</strong> Commission.En mars 2003, ayant été avisée <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte déposée par madame Bergeron et monsieurBourque et <strong>de</strong> l’enquête menée par <strong>la</strong> Commission, madame Gosselin-Ross encouragemadame <strong>Le</strong>febvre-Trottier à mentir à <strong>la</strong> Commission re<strong>la</strong>tivement à son lien d’emploi,ce qu’elle refuse <strong>de</strong> faire. En avril 2003, madame Gosselin-Ross met fin avant terme à <strong>la</strong>convention <strong>la</strong> liant à madame <strong>Le</strong>febvre-Trottier, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ignante, lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> ne plusexécuter ses tâches <strong>de</strong> concierge dans l’immeuble. Du même coup, elle lui annonce qu’ellen’a plus droit à <strong>la</strong> déduction mensuelle <strong>de</strong> loyer.<strong>Le</strong> 12 mai 2003, les défen<strong>de</strong>urs font parvenir une lettre à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ignante, dans <strong>la</strong>quelle ilsallèguent que c’est elle-même qui a sollicité <strong>la</strong> résiliation <strong>de</strong> <strong>la</strong> convention et que conséquemment,elle doit leur payer le plein montant du loyer pour les mois <strong>de</strong> mai et <strong>de</strong> juin.Dans cette même lettre, les défen<strong>de</strong>urs préviennent <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ignante qu’à défaut pour elle<strong>de</strong> se conformer à cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, ils saisiront ses biens. Vers <strong>la</strong> fin mai 2003, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ignanteporte p<strong>la</strong>inte à <strong>la</strong> Commission pour représailles contre les défen<strong>de</strong>urs. Suite au dépôt <strong>de</strong> sap<strong>la</strong>inte, les défen<strong>de</strong>urs adressent une lettre à <strong>la</strong> Commission, indiquant que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ignantea causé <strong><strong>de</strong>s</strong> dommages au logement qu’elle occupait et que, si elle ne se désiste pas <strong>de</strong> sap<strong>la</strong>inte pour représailles, ils prendront <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures légales contre elle.<strong>Le</strong>s défen<strong>de</strong>urs, bien qu’ils aient nié l’essentiel <strong><strong>de</strong>s</strong> faits allégués par <strong>la</strong> Commission dansleurs procédures écrites, ne se sont pas présentés <strong>de</strong>vant le <strong>Tribunal</strong> le jour <strong>de</strong> l’auditionpour faire valoir leurs prétentions.<strong>Le</strong> <strong>Tribunal</strong> conclut que madame <strong>Le</strong>febvre-Trottier a été victime <strong>de</strong> représailles <strong>de</strong> <strong>la</strong> part<strong>de</strong> madame Gosselin-Ross et <strong>de</strong> monsieur Ross, au sens <strong>de</strong> l’article 82 <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charte. Eneffet, selon le <strong>Tribunal</strong>, <strong>la</strong> décision <strong><strong>de</strong>s</strong> défen<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> mettre fin uni<strong>la</strong>téralement et prématurémentà <strong>la</strong> convention les liant à madame <strong>Le</strong>febvre-Trottier, après qu’elle ait refusé <strong>de</strong>mentir à <strong>la</strong> Commission concernant son lien d’emploi, ainsi que <strong>la</strong> menace d’intenter <strong><strong>de</strong>s</strong>29