Le Tribunal des droits de la personne

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LA VIE JUDICIAIRE DU TRIBUNALLes décisions rendues par le TribunalLES DÉCISIONS RENDUES PAR LE TRIBUNAL„ LES RECOURS INTRODUITS PAR LA COMMISSIONC.D.P.D.J. (Danielle Payette) c. Ville de LavalRÉFÉRENCES :J.E. 2006-1921[2006] R.J.Q. 2529(2006) CHRR Doc. 06-675TYPE DE RECOURS :Demande introductive d’instanceMOTIF DU RECOURS :Discrimination fondée sur la religion dans ledomaine de l’accès aux lieux publicsDATE DE LA DÉCISION :2006-09-22DIVISION :Mme la juge Michèle RivetMe William HartzogM. Jean DecosterARTICLES DE LA CHARTE INVOQUÉS :3, 4, 9.1, 10, 13, 15, 44, 52RÉFÉRENCES AU DROIT INTERNATIONAL :• Déclaration universelle des droits de l’homme• Pacte international relatif aux droits civils et politiques• Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels• Observations générales nos 18 et 22• Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religionou la convictionRÉSUMÉ :Il est de tradition depuis la création de la Ville de Laval, en 1965, que le président ouvre laséance du Conseil municipal par une prière. Le 6 décembre 1982, la Ville de Laval adoptele Règlement numéro L-5480 concernant la régie interne du Conseil municipal de Ville de Laval,dont les articles 11 et 12 marquent officiellement l’intégration de la prière dans le protocoled’ouverture d’une séance publique du Conseil, sans toutefois y insérer le texte.Le 2 avril 2001, madame Payette, résidente de la Ville de Laval, assiste à une séance duConseil municipal. Lors de cette séance, les conseillers entrent les premiers et les gensse lèvent dès l’arrivée du maire et du président dans la salle. C’est à ce moment que l’oncommence la récitation de la prière, qui se lit comme suit : « Daignez Seigneur, nous vousen supplions, nous accorder votre grâce et les lumières nécessaires pour la conduite denotre assemblée et la bonne administration de notre Ville. Amen ! »24

LA VIE JUDICIAIRE DU TRIBUNALLes décisions rendues par le TribunalMadame Payette mentionne avoir ressenti beaucoup d’inconfort parce que les gens autourd’elle étaient debout et qu’elle restait assise, se voyant ainsi contrainte de dévoiler sesconvictions personnelles de non croyante. À la fin de la lecture de la prière, elle relate quele président de l’assemblée, le maire et les conseillers font un signe de croix. Le 11 juin 2001,elle porte plainte auprès de la Commission, alléguant avoir été victime de discriminationfondée sur la religion. Par la suite, elle assiste à d’autres séances du Conseil municipal, lesquellesse déroulent de façon identique à celle du 2 avril 2001, incluant la récitation de laprière.Tenant compte de la tradition et de l’usage, du recours intenté par la Commission afinde faire cesser la prière et de l’intention du Conseil de Ville de Laval de maintenir le textede la prière lors de l’ouverture de chaque assemblée du Conseil, celui-ci a formellementconsacré le libellé de la prière, par résolution, le 3 avril 2006. La Ville de Laval allègue quela séance du Conseil ne vise pas les membres du public, puisqu’il s’agit de l’assemblée desélus de la Ville. Par conséquent, la prière serait uniquement dirigée vers les membres duConseil et pour les membres du Conseil. Quant à l’objectif de la récitation de cette prière, laVille de Laval signale qu’il s’agit de rappeler un moment de solennité ainsi que l’importancedu travail des conseillers. Plus précisément, la récitation de la prière aurait pour objectif decontinuer une tradition.Quant à la Commission, elle allègue que la prière récitée s’adresse autant aux membres del’assistance qu’aux conseillers, compte tenu du caractère public d’une telle séance. L’objectifde l’article 12 du Règlement étant d’officialiser la tradition de la récitation de la prière lorsde l’ouverture des séances publiques du Conseil municipal, la Commission prétend qu’il estincompatible avec l’objectif de la Charte lorsqu’il est question de l’exercice et de la reconnaissance,en pleine égalité, du droit à la liberté de religion et de conscience protégé par lesarticles 3 et 10. De plus, la Commission signale qu’un tel but ne prend pas en considérationl’obligation de neutralité imposée à l’État.Le Tribunal conclut que la pratique de la récitation de la prière lors des séances publiquesdu Conseil municipal de la Ville de Laval contraint madame Payette à participer à une pratiquereligieuse et à subir une conception religieuse qui ne respecte pas ses convictions25

LA VIE JUDICIAIRE DU TRIBUNAL<strong>Le</strong>s décisions rendues par le <strong>Tribunal</strong>LES DÉCISIONS RENDUES PAR LE TRIBUNAL„ LES RECOURS INTRODUITS PAR LA COMMISSIONC.D.P.D.J. (Danielle Payette) c. Ville <strong>de</strong> LavalRÉFÉRENCES :J.E. 2006-1921[2006] R.J.Q. 2529(2006) CHRR Doc. 06-675TYPE DE RECOURS :Deman<strong>de</strong> introductive d’instanceMOTIF DU RECOURS :Discrimination fondée sur <strong>la</strong> religion dans ledomaine <strong>de</strong> l’accès aux lieux publicsDATE DE LA DÉCISION :2006-09-22DIVISION :Mme <strong>la</strong> juge Michèle RivetMe William HartzogM. Jean DecosterARTICLES DE LA CHARTE INVOQUÉS :3, 4, 9.1, 10, 13, 15, 44, 52RÉFÉRENCES AU DROIT INTERNATIONAL :• Déc<strong>la</strong>ration universelle <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>droits</strong> <strong>de</strong> l’homme• Pacte international re<strong>la</strong>tif aux <strong>droits</strong> civils et politiques• Pacte international re<strong>la</strong>tif aux <strong>droits</strong> économiques, sociaux et culturels• Observations générales nos 18 et 22• Déc<strong>la</strong>ration sur l’élimination <strong>de</strong> toutes les formes d’intolérance et <strong>de</strong> discrimination fondées sur <strong>la</strong> religionou <strong>la</strong> convictionRÉSUMÉ :Il est <strong>de</strong> tradition <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> création <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ville <strong>de</strong> Laval, en 1965, que le prési<strong>de</strong>nt ouvre <strong>la</strong>séance du Conseil municipal par une prière. <strong>Le</strong> 6 décembre 1982, <strong>la</strong> Ville <strong>de</strong> Laval adoptele Règlement numéro L-5480 concernant <strong>la</strong> régie interne du Conseil municipal <strong>de</strong> Ville <strong>de</strong> Laval,dont les articles 11 et 12 marquent officiellement l’intégration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prière dans le protocoled’ouverture d’une séance publique du Conseil, sans toutefois y insérer le texte.<strong>Le</strong> 2 avril 2001, madame Payette, rési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ville <strong>de</strong> Laval, assiste à une séance duConseil municipal. Lors <strong>de</strong> cette séance, les conseillers entrent les premiers et les gensse lèvent dès l’arrivée du maire et du prési<strong>de</strong>nt dans <strong>la</strong> salle. C’est à ce moment que l’oncommence <strong>la</strong> récitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> prière, qui se lit comme suit : « Daignez Seigneur, nous vousen supplions, nous accor<strong>de</strong>r votre grâce et les lumières nécessaires pour <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong>notre assemblée et <strong>la</strong> bonne administration <strong>de</strong> notre Ville. Amen ! »24

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