TRIBUNAUX SPÉCIALISÉSTribunal des droits de la personne : un tribunal judiciaire spécialisé, autonomeet indépendantLe Tribunal des droits de la personne 27 , présidé par un juge de la Courdu Québec, a été créé en 1990, au moment de l’entrée en vigueurd’amendements majeurs apportés à la Charte des droits et libertésde la personne du Québec. L’objectif poursuivi par le législateur étaitalors, notamment, d’assurer une plus grande accessibilité à la justiceet plus d’efficacité dans l’adjudication relative à des domaines relevantde droits et libertés fondamentaux.Michèle Pauzé, présidenteÀ titre d’instance judiciaire spécialisée, le Tribunal a compétence pourdisposer de litiges relatifs à la discrimination et au harcèlement fondéssur différents motifs interdits par la Charte, tels que la race, le sexe,la grossesse, l’orientation sexuelle, la religion, la condition sociale, lehandicap ou l’utilisation d’un moyen pour le pallier. Il peut égalemententendre des dossiers relatifs à l’exploitation de personnes âgées ouhandicapées et à des programmes d’accès à l’égalité.Le respect des droits fondamentaux et de la dignité humaine sont les fondements mêmes du Tribunal,dont les décisions, de ce fait, jouent un rôle important dans l’interprétation des droits protégéspar la Charte. À titre d’exemple, le 18 avril 2012, le Tribunal a rendu sa première décision dans undossier de profilage racial 28 . Dans le jugement, qui pourrait faire jurisprudence, le Tribunal a ainsi pucirconscrire les principales caractéristiques attribuées au profilage racial et les composantes pertinentesà l’appréciation de la preuve produite dans ce cas.Par ailleurs, le Tribunal a toute compétence pour accorder des dommages-intérêts matériels, morauxet punitifs, et pour rendre toutes les ordonnances nécessaires reliées à sa juridiction. À ces mesuresréparatrices de nature individuelle peuvent s’en ajouter d’autres, à caractère plus systémique, demanière à faire cesser l’atteinte rapportée et à en prévenir la répétition. C’est ainsi que pour lapremière fois, en avril 2012, le Tribunal a entériné le dépôt d’un programme d’accès à l’égalité parune entreprise 29 . Il s’agissait d’un recours intenté par huit femmes dont les candidatures à un postenon traditionnel avaient été rejetées. De plus, dans un jugement rendu par le Tribunal en septembre2008 30 , l’implantation d’un programme d’accès à l’égalité a été ordonnée afin de supprimer les règleset les pratiques du système d’emploi qui avaient été considérées comme discriminatoires.Le Tribunal se compose d’au moins sept personnes, soit un président et six assesseurs. Leur mandatest d’une durée de cinq ans et est renouvelable. Le gouvernement peut également y nommer, pourentendre une demande et décider de celle-ci ou pour une période déterminée, des juges de la Courdu Québec. C’était le cas, pour l’année 2011-2012, des juges Carole Brosseau, Jean-Paul Braun etHélène Bouillon. Tous les membres sont choisis en fonction de leur expérience, leur expertise, leursensibilisation et leur intérêt marqués en matière de droits et libertés de la personne. Le Tribunalsiège dans tous les districts judiciaires du Québec, et ce, en division de trois membres, soit le présidentou l’un des juges désignés par celui-ci, assisté de deux assesseurs jouant un rôle d’assistance etde conseil. Toutefois, seul le juge qui préside la division décide de la demande et signe la décision.27Pour en apprendre davantage sur ce tribunal, consultez son site Internet :http://www.tribunaux.qc.ca/TDP/index-tdp.html28Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse c. Montréal (Service de police de la Villede) (SPVM), 2012 QCTDP 5, requête pour permission d’appeler rejetée : Chartrand c. Commission des droits dela personne et des droits de la jeunesse, 2012 QCCA 1501.29Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse c. Gaz Métropolitain, 2012 QCTDP 6.30Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse c. Gaz Métropolitain, 2008 QCTDP 24.64 <strong>COUR</strong> <strong>DU</strong> <strong>QUÉBEC</strong> | RAPPORT PUBLIC 2012
Depuis le début du mandat de la juge Michèle Pauzé en tant que présidente du Tribunal, des effortsconsidérables ont été déployés dans la gestion interne des dossiers afin, notamment, de diminuer lesdélais d’attente et de permettre, ainsi, une plus grande accessibilité à la justice pour le citoyen etune diminution des coûts pour les justiciables.Tribunal des professionsLe Tribunal des professions 31 a été créé en 1973, au moment del’adoption du Code des professions. À l’époque, 38 ordres professionnelsy étaient assujettis. Aujourd’hui, leur nombre est passé à 44.À l’instar de la Cour d’appel du Québec, le Tribunal siège à trois jugespour l’audition au fond. Dans les autres cas, il siège à un juge, désignépar la présidente. Ses jugements sont définitifs.Le Tribunal siège en appel des décisions des conseils de discipline et,depuis 1994, de certaines décisions autres que disciplinaires prises parles conseils d’administration ou les comités exécutifs.Louise Provost, présidenteLe Tribunal peut confirmer, modifier ou infirmer toute décision qui luiest soumise et qui, à son jugement, aurait dû être rendue en premierlieu.Sauf sur une question de compétence, aucun des recours extraordinaires prévus au Code de procédurecivile ne peut être exercé contre ses décisions.La présidente du Tribunal occupe ses fonctions de façon exclusive, alors que les 10 autres membres,juges de la Cour du Québec, y siègent à temps partiel.En 2012, le Tribunal a rendu 180 jugements.Les juges composant le Tribunal au 31 décembre 2012 étaient :Louise Provost, présidenteMartin Hébert, vice-présidentDenis LavergneJacques PaquetJulie VeilleuxRobert MarchiJean R. BeaulieuRené de la SablonnièreLucie GodinRenée LemoineJacques Tremblay31Pour en apprendre davantage sur ce tribunal, consultez son site Internet :http://www.tribunaux.qc.ca/Tribunal_professions/index_professions.htmlRAPPORT PUBLIC 2012 | <strong>COUR</strong> <strong>DU</strong> <strong>QUÉBEC</strong>65