Journal of European Integration History – Revue d'histoire de l'

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6Wolfram KaiserIntroductionAlan S. MilwardLes articles que le lecteur trouvera dans ce numéro de la Revue d’histoire de l’intégrationeuropéenne sont centrés autour d’un thème: la première remise en cause,par des Etats non membres, des frontières géographiques de la Communauté tellesqu’elles avaient été définies par les Traités de Paris et de Rome. Le défi a été lancé,avant même la signature des Traités de Rome, quand la Grande-Bretagne a avancéson projet de grande zone de libre-échange, pour y intégrer, à côté du Royaume Uniet d’autres Etats membres de l’OECE, le futur Marché commun. La question allemandeétait au centre de la proposition britannique. Il s’agissait de consolider lesstructures européennes qui avaient accueilli la jeune République fédérale d’Allemagneet d’éviter une éventuelle domination allemande sur la France; d’armer l’industriebritannique contre la concurrence allemande et d’orienter le Marché commundes Six vers une politique commerciale plus ouverte sur le monde. Ce dernierobjectif semblait tout à l’avantage de l’Allemagne, à tel point que sa décision derejeter la proposition britannique reste jusqu’à nos jours objet de controverse historique.Markus Schulte nous propose une nouvelle analyse du choix allemand enfaveur du Marché commun.La décision allemande fut à l’origine de la demande britannique d’ouverture denégociations sur les conditions d’une éventuelle adhésion. Démarche immédiatementsuivie par les demandes d’adhésion du Danemark (sous condition d’adhésionbritannique) et de l’Irlande. Wolfram Kaiser nous offre une analyse de la candidaturebritannique et de ses implications sur la politique commerciale et la politiqueintérieure du Royaume-Uni. Il en conclut que l’échec britannique est dû autant auxcontradictions propres à la Grande-Bretagne qu’au veto de la France. DermotKeogh présente la première étude historique de la candidature de l’Irlande, et duretard que la Communauté mit à la traiter, basée sur des archives irlandaises.La candidature danoise divisa le monde scandinave. La Suède se maintenait àl’écart, espérant pouvoir développer la coopération inter-scandinave alors que la Norvègeannonça, bien plus timidement que la Grande-Bretagne, son désir d’entrer dansla Communauté. Mikael af Malmborg compare les réactions suédoise et norvégienneet la réponse peu enthousiaste de la Communauté à la décision norvégienne.L’extension potentielle de la Communauté, et de son régime commercial, avaitdes répercussions sur la politique commerciale d’autres Etats d’Europe occidentale.Parmi eux, l’Espagne, le plus grand et le plus important de ces pays, et à biendes égards aussi le plus intéressant à cause de son parcours particulier depuis laGuerre civile. Fernando Guirao, à l’aide d’archives espagnoles inédites, dresse unbilan détaillé des premiers efforts de son pays pour établir, sous une forme ou uneautre, une coopération avec la Communauté.Il faudra attendre encore dix ans avant que les frontières de la Communauté nes’élargissent. Les articles ici réunis permettent de mieux comprendre pourquoi il enfut ainsi. Ensemble, ils offrent une contribution originale et substantielle à l’histoirede la construction européenne.

Dieses Dokument wurde erstellt mit FrameMaker 4.0.4.Challenge to the Community 7Challenge to the Community:The Creation, Crisis and Consolidation of the European FreeTrade Association, 1958-72Wolfram KaiserOn 15 December 1958, the negotiations over an industrial free trade area (FTA) inWestern Europe, which had been conducted in Paris in the Maudling Committee ofthe Organisation for European Economic Cooperation (OEEC) since October1957, finally broke down. 1 One month previously, on 14 November, the FrenchInformation Minister Jacques Soustelle had declared publicly that the FTA wasunacceptable to France without extensive tariff harmonisation and substantial compensatoryconcessions in agriculture all of which, however, were unobtainable inthe negotiations. At that time the British government was already aware of the finalFrench decision against the FTA. During a meeting in London on 6 November withthe British Foreign Secretary Selwyn Lloyd and the leader of the British delegationin the Paris negotiations Reginald Maudling, the French Foreign Minister MauriceCouve de Murville had rejected the FTA plan. 2 The following day Prime MinisterHarold Macmillan once more tried to persuade Charles de Gaulle in a private letterto continue the negotiations, but the French President merely replied in a very matter-of-facttone one day after Soustelle's statement, on 15 November:“Ceux-ci ne sauraient, évidemment, comporter l'établissement d'une zone de libreéchange dans les conditions où elle a été proposée du côté des onze. L'existencemême du Marché commun, les obligations qu'il comporte pour les Etats qui en fontpartie, la situation actuelle de leur économie, en tout cas, de celle de la France, seraientincompatibles avec la zone ainsi comprise.” 3The failure of the negotiations over the so-called Plan G for an industrial FTA,put forward by the British government in 1956, 4 had been anticipated for sometime. 5 The Mollet government had indicated even before the start of negotiations in1957 that industrial free trade among the OEEC states on top of increased competi-1. I would like to thank Werner Abelshauser, Mikael af Malmborg and Alan S. Milward for their helpfulcomments on earlier drafts of this article, as well as the Norwegian Nobel Institute in Oslo for supportingmy research into the history of EFTA and its relationship with the EEC and the USA duringthe 1960s.1. Reported from the British perspective by Heathcoat-Amory to Macmillan: Public Record Office(PRO) PREM 11/2826 (16 December 1958).2. Cf. M. COUVE de MURVILLE, Une politique étrangère 1958-1969, Paris 1971, p.49.3. De Gaulle to Macmillan: PRO PREM 11/2532 (15 November 1958).4. The origins of Plan G are discussed in W. KAISER, “Selbstisolierung in Europa. Die britische Regierungund die Gründung der EWG”, in: C. WURM (ed.), Wege nach Europa. Wirtschaft undAußenpolitik Großbritanniens im 20. Jahrhundert, Bochum 1992, pp.125-53.5. On the economic and technical aspects of the FTA negotiations the best work remains K. KAISER,EWG und Freihandelszone. England und der Kontinent in der europäischen Integration, Leiden1963.

6Wolfram KaiserIntroductionAlan S. MilwardLes articles que le lecteur trouvera dans ce numéro <strong>de</strong> la <strong>Revue</strong> d’histoire <strong>de</strong> l’intégrationeuropéenne sont centrés autour d’un thème: la première remise en cause,par <strong>de</strong>s Etats non membres, <strong>de</strong>s frontières géographiques <strong>de</strong> la Communauté tellesqu’elles avaient été définies par les Traités <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> Rome. Le défi a été lancé,avant même la signature <strong>de</strong>s Traités <strong>de</strong> Rome, quand la Gran<strong>de</strong>-Bretagne a avancéson projet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> zone <strong>de</strong> libre-échange, pour y intégrer, à côté du Royaume Uniet d’autres Etats membres <strong>de</strong> l’OECE, le futur Marché commun. La question alleman<strong>de</strong>était au centre <strong>de</strong> la proposition britannique. Il s’agissait <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r lesstructures européennes qui avaient accueilli la jeune République fédérale d’Allemagneet d’éviter une éventuelle domination alleman<strong>de</strong> sur la France; d’armer l’industriebritannique contre la concurrence alleman<strong>de</strong> et d’orienter le Marché commun<strong>de</strong>s Six vers une politique commerciale plus ouverte sur le mon<strong>de</strong>. Ce <strong>de</strong>rnierobjectif semblait tout à l’avantage <strong>de</strong> l’Allemagne, à tel point que sa décision <strong>de</strong>rejeter la proposition britannique reste jusqu’à nos jours objet <strong>de</strong> controverse historique.Markus Schulte nous propose une nouvelle analyse du choix allemand enfaveur du Marché commun.La décision alleman<strong>de</strong> fut à l’origine <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> britannique d’ouverture <strong>de</strong>négociations sur les conditions d’une éventuelle adhésion. Démarche immédiatementsuivie par les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’adhésion du Danemark (sous condition d’adhésionbritannique) et <strong>de</strong> l’Irlan<strong>de</strong>. Wolfram Kaiser nous <strong>of</strong>fre une analyse <strong>de</strong> la candidaturebritannique et <strong>de</strong> ses implications sur la politique commerciale et la politiqueintérieure du Royaume-Uni. Il en conclut que l’échec britannique est dû autant auxcontradictions propres à la Gran<strong>de</strong>-Bretagne qu’au veto <strong>de</strong> la France. DermotKeogh présente la première étu<strong>de</strong> historique <strong>de</strong> la candidature <strong>de</strong> l’Irlan<strong>de</strong>, et duretard que la Communauté mit à la traiter, basée sur <strong>de</strong>s archives irlandaises.La candidature danoise divisa le mon<strong>de</strong> scandinave. La Suè<strong>de</strong> se maintenait àl’écart, espérant pouvoir développer la coopération inter-scandinave alors que la Norvègeannonça, bien plus timi<strong>de</strong>ment que la Gran<strong>de</strong>-Bretagne, son désir d’entrer dansla Communauté. Mikael af Malmborg compare les réactions suédoise et norvégienneet la réponse peu enthousiaste <strong>de</strong> la Communauté à la décision norvégienne.L’extension potentielle <strong>de</strong> la Communauté, et <strong>de</strong> son régime commercial, avait<strong>de</strong>s répercussions sur la politique commerciale d’autres Etats d’Europe occi<strong>de</strong>ntale.Parmi eux, l’Espagne, le plus grand et le plus important <strong>de</strong> ces pays, et à bien<strong>de</strong>s égards aussi le plus intéressant à cause <strong>de</strong> son parcours particulier <strong>de</strong>puis laGuerre civile. Fernando Guirao, à l’ai<strong>de</strong> d’archives espagnoles inédites, dresse unbilan détaillé <strong>de</strong>s premiers efforts <strong>de</strong> son pays pour établir, sous une forme ou uneautre, une coopération avec la Communauté.Il faudra attendre encore dix ans avant que les frontières <strong>de</strong> la Communauté nes’élargissent. Les articles ici réunis permettent <strong>de</strong> mieux comprendre pourquoi il enfut ainsi. Ensemble, ils <strong>of</strong>frent une contribution originale et substantielle à l’histoire<strong>de</strong> la construction européenne.

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