Y a-t-il place pour une socio-traductologie? 209lyse” lors de son dernier cours au Collège de France (publié en 2001). Une analysede la sorte est analogue à celle de l’ethno-analyse des Boas, Malinowski, Mead,Leach… ou comment penser contre ses propres conditionnements et habitudes,reconnaître ses sources antérieures, discuter les objections faites, expliciter etmesurer les enjeux de ses discours, etc.Ni confession, ni autobiographie, un tel effort crée la distance pour appréhenderla genèse, l’usage de certains concepts en traductologie, pour mettreà jour les impensés, les “inconscients académiques” dissimulés dans tout ce quiva de soi, touchant par exemple les catégories de perception, les emprunts interdisciplinaires,les méthodes d’enquête, les logiques institutionnelles, les propositionsspéculatives, les prétendus modèles explicatifs, le recours non questionné àune lingua franca, etc. Berman (1989) a été sans doute l’un des premiers a poséles jalons pour la saisie à la fois des tâches et des discours de la traductologie. Lacompréhension de nos opérations, des représentations qu’on se fait de nos pratiques,y compris de nos pratiques discursives, relève d’une socio-traductologieencore à construire, pour rompre à la fois avec un certain idéalisme et avec lerelativisme qui restreint les recherches et les chercheurs aux déterminismes socio-historiques.Les travaux sur l’Homo academicus (1984) et la Noblesse d’Etat(1989) pourraient aider à la mise en place d’une telle socio-traductologie, sinonl’inspirer, puisque la traductologie est aussi (avant tout?) une discipline universitaire,prise dans un espace de positions, de productions, de pouvoirs établis.Cela n’implique pas qu’il faille rester entre universitaires. La recherche orientéevers l’action (Action Research/Recherche action), faisant appel à d’autres agentssociaux en interaction et négociation, peut être aussi une solution de réflexion surses réflexions (Gambier 2005). Les projets de socio-biographie (Simeoni 1995),les autoportraits de traducteurs littéraires (Lauber 1996), les récits de vie sousforme d’interview audiovisuelle sont également d’autres moyens de mise à jourdes logiques à l’œuvre dans les efforts traductologiques.Une historiographie de la traductologie encore à élaborerBien des dichotomies hantent les réflexions traductologiques, comme par exemplel’opposition entre texte de départ et texte d’arrivée, équivalence et acceptabilité,domestication et étrangéité, traduction libre et traduction littérale, facteur linguistiqueet facteur culturel, recherche en traduction (processus abstrait des conditionsmatérielles, culturelles, sociales de travail – par exemple études sur corpus, TAP/think aloud protocol ou verbalisation concourante) et recherche sur la traduction(produit qui circule, avec des effets escomptés et donnés), approche descriptive
210 Yves Gambier(plutôt centrée sur la cible, la réception) et approches dites engagées (“commitedapproaches”, comme celles féministe, post-coloniale. Cf. Brownlie 2003), etc.Une mise en perspective historique, s’interrogeant sur les situations socioculturellesdes chercheurs, prenant en considération les emprunts conceptuelset méthodologiques à d’autres disciplines (linguistique textuelle, psycholinguistique,sémantique, neurolinguistique, anthropologie, sémiotique, études interculturelles,etc.), permettrait d’appréhender hypothèses, problématiques, notionsclés,modèles ne se répandant pas “comme des gènes”, ne se propageant pas parimitation (Chesterman 1997: Ch. 1 et 2), comme si une proposition théoriquen’était qu’une réaction à une autre proposition antérieure, selon une logique dedominos. Une telle évolution linéaire, reprise dans des ouvrages comme ceux deVenuti (2000) et de Munday (2001), aussi différents qu’ils soient, laisse perplexe:peut-on à la fois insister sur la contextualisation de toute traduction et théoriseren occultant les conditions hic et nunc qui justifient cette théorisation? (Delabastita1991). Les modes d’approche et de légitimation du champ sont-ils pareils, del’Europe à la société chinoise, de l’Amérique du Nord à la communauté indienne,de la fédération russe aux Caraïbes, à l’Afrique? Par ailleurs, la traductologie doitellereprendre à son compte la conception d’une histoire qui a dominé longtempspar exemple en littérature – histoire perçue comme continuité chronologiqueavec filiations, croisements, dettes, etc., à la manière d’une évolution biologique?Quelle est la conception de l’histoire dans une approche systémique de la traduction– linéaire, en reflet, romantique, dialectique, nationale, cyclique? Répondre àcette question, c’est aussi répondre à propos de la place et du rôle du traducteur,par exemple par rapport aux normes: en est-il simple reproducteur, conservateur,transgresseur? (Toury 1995: 255–258). C’est également envisager la place et le rôledu traductologue, dans le devenir de sa “discipline” – avec ses permanences et seschangements, ses catégories et ses représentations, ses a priori et ses innovations,ses paradigmes et ses hésitations, ses critères de preuve et ses lieux de transmission(D’hulst 1990).La traductologie pour le moment a la mémoire assez courte, ayant marginalisésa propre histoire, avant même les polémiques qui ont tourné autour deson appellation à la fin des années 1970. Mais à l’auto-socio-analyse des chercheursdoit faire écho désormais l’élaboration d’une archéologie des discours entraductologie, d’une historiographie du champ qui ne soit pas cumulative et fractionnée(Lambert 1993; D’hulst 1995). L’élaboration d’encyclopédies, de “readers”,d’anthologies est un signe en ce sens.D’autres orientations d’une socio-traductologie sont possibles, notammentcelle portant sur les institutions et les activités contemporaines du champ.
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