journal of european integration history revue d'histoire de l ...

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Catherine Previti Allaire
défiance envers l’Europe! Là commence la «tragédie» 33 de Guy Mollet qui convoite
l’appui du prestigieux Labour.
Cette attention à la question britannique, sous une forme dédramatisée, se retrouvera
clairement chez Emile Noël qui, depuis Bruxelles, écrira à Guy Mollet au sujet des
candidatures d'adhésion du Royaume-Uni à la Communauté 34 et tentera de contenir les
effets des manœuvres gaullistes. Face à ce qu'il ressentira comme des excès de zèle
britanniques, une tactique dilatoire - refus déguisé - de la France et un attentisme des
autres gouvernements, Emile Noël, le modérateur, recherchera «ce qui, dans la position
française, peut être considéré comme raisonnable ou, à la rigueur, acceptable». Il
préconisera de faire prévaloir les arguments concrets sur les déclarations d’intention,
c’est-à-dire de ne pas politiser la chose, en faisant ressortir la réalité de l’engagement
européen de la Grande-Bretagne sur les questions économiques et monétaires,
scientifiques et technologiques. 35
Quant au rôle d'éducateur à la démocratie parlementaire du Conseil de l'Europe, Emile
Noël continuera à en apprécier la portée. Suite aux bouleversements de l'Europe de l'Est à
la fin des années 1980, alors que «la structure finale de la plus grande Europe reste à
inventer» 36 , il se déclarera favorable aux «formules intermédiaires pour assurer la
cohésion des années 90», 37 c'est-à-dire à la revalorisation de relais avec le noyau dur
communautaire, tels la CSCE, l'OCDE et, plus encore, le Conseil de l’Europe. Le berceau
de sa carrière aura fini par donner, à ses yeux, sa pleine mesure dans le seul domaine qui
lui a été concédé, en apportant la première pierre à la 'maison commune'. En outre,
l’adhésion à la Convention européenne des droits de l’Homme est le «passage obligé»
pour sceller la reconnaissance du retour d’un pays à la démocratie. 38
2. Assemblée ad hoc
Tandis qu'Emile Noël œuvre aux côtés de Guy Mollet au Conseil de l'Europe, une
initiative française partie du Commissariat général du plan et relayée par le gouvernement
donne lieu au lancement de l'Europe communautaire; c'est vers elle
qu'Emile Noël va bientôt bifurquer. Comme lui-même le rappelle, «la France sait
qu’elle ne peut opposer un simple refus» à la pression des Etats-Unis, de la
Grande-Bretagne et du Benelux en faveur de la libéralisation de la production
d’acier germanique ainsi que de la restitution du contrôle sur l’extraction
charbonnière passée entre ses mains. Dépassant le marchandage de la diplomatie
traditionnelle, elle insuffle ingénieusement un nouvel état d’esprit entre les peuples
réunis en une «zone d’amitié à l’ouest de l’Europe». Dès 1950, elle formule la
Communauté européenne du charbon et de l’acier: le mérite de Robert Schuman et
33. Ibid.
34. Note d'E. Noël à G. Mollet, 1967.
35. Voir aussi lettre d'E. Noël au professeur J. Mitchell, 08/11/1967.
36. Conférence d’E. Noël à Gorizia, 04/1990.
37. Contribution d'E. Noël intitulée Quelques réflexions sur la nouvelle architecture de l’Europe, in:
Liber amicorum dédié à H. von Verschuer, 07/1991.
38. Conférence d'E. Noël à Gorizia, op.cit.