journal of european integration history revue d'histoire de l ...

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Catherine Previti Allaire
Premières expériences dans les institutions européennes
1. Conseil de l'Europe
«J'ai rencontré pour la première fois Guy Mollet au début de 1949. Comme jeune
universitaire […], j'avais déjà eu l'occasion de travailler pour la Cité Malesherbes
(documentation, éléments pour des articles). J'étais alors engagé dans le Mouvement
européen et Guy Mollet cherchait qu'un jeune camarade l'aide à suivre ce dossier
auquel il attachait une très grande importance. […] Mes rapports ont été au début
ceux d'un jeune collaborateur à l'égard d'un 'patron' leader d'un grand parti politique.
Ils se sont ensuite approfondis dans le travail pour devenir des rapports d'amitié
véritable et de confiance mutuelle». 24
Cette rencontre est fondamentale dans le parcours intellectuel et professionnel
d'Emile Noël. Européiste, mais aussi socialiste, il met sa plume et ses convictions
au service du secrétaire général de la Section française de l’Internationale ouvrière
(SFIO). Ce dernier, devenu rapporteur de la commission des Affaires générales de
l’Assemblée consultative, le veut à ses côtés et le fait nommer secrétaire de ladite
commission (1949). Le jeune homme ne débarque pas en terre inconnue. Il a déjà
coopéré, en tant qu'externe, 25 aux travaux de la nouvelle institution dont la
naissance doit beaucoup aux efforts du Mouvement européen. Avec son maître et
nouveau camarade, c'est le début d'une longue collaboration et d'un rapport auquel
il restera, encore une fois, fidèle.
Tel est le portrait admiratif laissé par Emile Noël:
«Je relève d’abord les qualités pédagogiques de Guy Mollet. […] Cela correspondait à sa
formation de professeur, mais c’était aussi l’expression de son respect pour
l’interlocuteur, camarade du parti comme adversaire. […] Je pense aussi à la simplicité et
à l’humanité de Guy Mollet. […] Guy Mollet avait aussi une grande sensibilité, qu'il
dissimulait sous une froideur apparente, mais qui était réelle et profonde. Elle se
traduisait par la fidélité dans l'amitié […]. Enfin, Guy Mollet apparaît comme un militant
exemplaire. Il garde le contact avec la ‘base’, même appelé aux plus hautes fonctions.
[…] C’est un exemple pour tous ceux qui assument un engagement politique». 26
On ne peut s'empêcher de noter les reflets de cette description dans les portraits
d'Emile Noël:
«Tout d’abord, une courtoisie d’une autre époque […]. Une réserve et parfois une
pudeur, qui n’étaient pas de la timidité, et qui contrastaient avec sa forte
personnalité. Contraste aussi entre la rigueur et la sévérité dont il pouvait faire
preuve et la disponibilité à écouter tout un chacun […], entre la froideur cartésienne
- et normalienne - et un humanisme profond». 27
24. Lettre d'E. Noël à l'historien B. Vanneste, 13/05/1986.
25. Cf. contribution de M. Noël-Bauer, op.cit.
26. Intervention d'E. Noël, in: Bulletin de la fondation Guy Mollet, n°15, 11/1989.
27. Tous les témoignages concordent. Ici sont rapportés les propos d'un collaborateur d'E. Noël au secrétariat
général de la Commission, G. Ciavarini Azzi (in: Bulletin du Centre Guy Mollet, n°28, op.cit.).