journal of european integration history revue d'histoire de l ...

A propos des archives Emile Noël 81
«I) Formation d’un mouvement européen de la jeunesse dans l’idée d’une union
européenne avec la participation de tous les groupements de la jeunesse quelle que soit
leur tendance politique ou religieuse dans tous les pays formant l’Europe unie. II)
Education de la jeunesse dans l’esprit de coordination dans le sens économique, politique
et culturel pour la sauvegarde de la paix et des droits de l’homme. [Sa réalisation requiert
l’emploi de] tous les moyens (conférences, causeries, meetings et presse) pour que [la
jeunesse] soit le point d’appui d’une base solide pour la propagation et la réalisation
voir[e] même le maintien de l’idée d’une Europe unie dans les temps futurs».
L’organisation de congrès et de camps de la jeunesse européenne «pour développer
l’esprit de coordination et de fraternité entre les jeunes» est cependant mise en exergue. A
valeurs anciennes, souffle nouveau. Ce zèle se conjugue notamment aux échanges culturels
franco-allemands qui se développent depuis le rétablissement de la paix et dont l’esprit
éducatif vise la «découverte mutuelle des réalités françaises et allemandes». 16 Ensemble ils
constituent le prélude au camp de la Lorelei (dont la participation est internationalisée grâce
aux efforts fédéralistes) et à la Campagne européenne de la jeunesse. 17
Au cours de ces activités, Emile Noël côtoie des «maîtres à penser». 18 Les
dirigeants de l’Union européenne des fédéralistes Alexandre Marc 19 et Henri Brugmans
le marquent profondément. Tous deux contribuent à lui révéler l’horizon européen, eux
qui participent depuis l’entre-deux-guerres au façonnement d’une Europe outrepassant
la dimension culturelle - née de la familiarité de pensée - et la dimension autoritaire -
sinistrement expérimentée sous le joug de conquérants ou de traités arbitraires. 20 Emile
Noël n’oubliera pas l’enseignement du premier sur les fondements spirituels du
fédéralisme communautaire et sa contribution à la libération de l’homme, faisant
preuve d’un respect permanent pour le militant et son œuvre. 21 Mais il se rangera le
plus souvent à la tactique du second, tête de proue du courant pragmatique. Au
crépuscule de sa vie, Emile Noël se qualifiera encore de «militant européen» devant le
Mouvement européen 22 et rédigera un hommage posthume à Henri Brugmans:
«Ses disciples, connus et inconnus […], par fidélité à Henri Brugmans […] sauront
faire leur la fière devise d’Orange: ‘Je maintiendrai’». 23
16. Note sur la réunion franco-allemande de Spire des 16/08-16/09/1949 (ME 1920). Pour le reste, cf.
la table ronde sur le rapprochement franco-allemand, op.cit.
17. Sur l’intervention du fédéraliste A. Marc venu représenter les mouvements européens à la Lorelei, cf. le
témoignage de J. MOREAU, in: table ronde sur le rapprochement franco-allemand, op.cit. La
Campagne européenne de la jeunesse, lancée en 1951, sera dirigée par J. Moreau lui-même. Enfin, M.
Noël-Bauer mentionne la participation de son père à une rencontre de jeunes en Allemagne dès 01/1947.
18. Projet d'hommage d'E. Noël à H. Brugmans, 02/1993.
19. E. Noël a fait la connaissance d'A. Marc à Aix-en-Provence dans les milieux de la Résistance. Cela
l'a-t-il amené, à l'époque, à entrer en contact avec la pensée fédéraliste dont A. Marc est l'un des
principaux chantres? Les documents présents dans le fonds ne permettent pas une réponse certaine.
20. Cette allusion à l’histoire européenne s’inspire des réflexions d’E. Noël, in: Chronique européenne
des pays de la Loire, 08/1994.
21. A. Marc trouvera toujours en E. Noël une oreille attentionnée notamment sur la question du
financement du Centre international de formation européenne.
22. Dans son intervention lors d'un colloque du Mouvement européen en 09/1990, E. Noël s'interroge:
«Que pouvons-nous faire, nous, militants européens?».
23. Hommage d'E. Noël à H. Brugmans, op.cit.