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Les hauts fonctionnaires français et le processus d’unité en Europe 97
choisit la taxe 68 et promit de libérer. La médication douce du gouvernement Mendès
France prépara le retour à la loi de l'OECE après deux ans et demi de ratés.
Malgré les ratés français à l'OECE à partir de 1952, gouvernants comme hauts
fonctionnaires avaient travaillé à l'effort de libération des échanges en vue d'une
coordination harmonieuse des économies sous la houlette d'une BEI 69 . Ils avaient
apporté une contribution originale à l'intégration économique européenne.
III
Le jeu de l'OECE signifiait le relèvement de l'Allemagne. La politique allemande
de la France en fut nécessairement modifiée.
De hauts fonctionnaires français s'employèrent dès 1948 à tenir compte du relèvement
allemand. Ils sentirent l'intérêt d'une entente franco-allemande dans le
domaine des exportations agricoles tout en mesurant les risques de la concurrence
industrielle allemande 70 . Ils imaginèrent une nouvelle politique. La direction
Europe travailla sur une entente sidérurgique Ruhr-Lorraine-Luxembourg, à égalité
de droits 71 . Monnet proposa l'intégration des "bassins occidentaux" sidérurgiques
72 . Un fonctionnaire recommanda de "poser les bases d'une association économique
et politique franco-allemande qui viendrait s'intégrer dans le cadre de
l'organisation occidentale en lente gestation" 73 . Un vent nouveau soufflait sur certains
services.
Mais les résistances à la nouvelle donne furent les plus fortes 74 . L'activisme pro
allemand de Clay suscita une protestation de Koenig 75 . Le Président de la République
Vincent Auriol prononça un discours d'alerte à Rethondes le 11 novembre 1948 76 . Il y
avait bien deux politiques françaises pour l'Allemagne à l'automne 1948. La nouvelle
politique ne put s'épanouir. La peur dominait toujours. La France voulait contenir la
puissance économique allemande pour sa sécurité. Les difficultés de mise en oeuvre de
l'Autorité internationale de la Ruhr (AIR), les problèmes des réparations et des industries
interdites, l'échec d'une direction franco-britannique de l'OECE, bloquaient le
68. CE 68, Bidault, 12 mars 1954, à M. des Finances et des Affaires économiques, "Problème de la
libération des échanges".
69. F 60 ter 466, BEI, 29 août 1952, s.o. F 60 ter 474, M. des Finances, DFE, 21 mai 1953, Guindey et
PPS, TCT, Clappier, approuvé par Buron et Bourgès-Maunoury, note pour le ministre des Finances
et le ministre des Affaire économiques.
70. Z Europe 1944-49, Allemagne, 83, VH T, 23 juin 1948, "Perspectives économiques allemandes et
relèvement de l'économie française, conclusions des conversations du 18 juin."
71. YI 1944-49,399, D.Europe, 12 juin 1948, "Note".
72. ZE 1944-49, Allemagne 83, MAE, Direct. Europe, 30 novembre 1948, "Perspectives d'une politique
française à l'égard de l'Allemagne". Note de Romain Gary, collaborateur de Paris, pour un jury
d'examen. Ce travail a été communiqué à Massigli et à Bonnet pour avis.
73. Z E, 1944-49, Allemagne 83, "Note", 24 juillet 1948. Note du Quai?
74. YI 1944-49, 372, DAEF, FV, 8 octobre 1948, "Note pour le Président".
75. ZE 1944-49, Allemagne 83, Wes Gallagher A.P. dans Telegraf du 11 novembre.
76. ZE 1944-49, Allemagne 83, MAE, 12 novembre 1948, circ. 304 IP, Discours d'Auriol à Rethondes.