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number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Gérard Bossuat<br />

marché <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'organiser. C<strong>et</strong>te ambiguïté illustrait un dilemme: comment faire confiance<br />

au marché européen sans bouleverser le fragile tissu économique français?<br />

L'administration française abritait <strong>de</strong>ux groupes, les résistants à la libération <strong>de</strong>s<br />

échanges <strong>et</strong> les croyants. Les croyants l'emportèrent, mais leur foi était modérée.<br />

En eff<strong>et</strong> les Britanniques venaient <strong>de</strong> proposer une libération immédiate <strong>de</strong> 50%<br />

<strong>de</strong>s échanges privés, pour faire échouer la contractualisation à la française<br />

(novembre 1949). La logique française <strong>de</strong> l'organisation concertée <strong>de</strong>s marchés<br />

avait échoué <strong>de</strong>vant la logique plus libérale <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne.<br />

En 1950 les progrès <strong>de</strong> l'intégration européenne étaient nuls. Le Finebel relança<br />

la réflexion sur l'intégration. La Direction <strong>de</strong>s Finances extérieures du ministère <strong>de</strong>s<br />

Finances (Guillaume Guin<strong>de</strong>y) lança un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> libération commerciale <strong>et</strong> financière<br />

en Europe (mai 1949). Guin<strong>de</strong>y pensait à une Europe à <strong>de</strong>ux étages 42 .<br />

Guin<strong>de</strong>y répondait aux difficultés <strong>de</strong>s échanges commerciaux en Europe <strong>et</strong> à l'impatience<br />

américaine. Il voulait supprimer le contrôle <strong>de</strong>s changes, mais pas les barrières<br />

douanières 43 . Les taux <strong>de</strong> change varieraient librement. Alexandre Kojève<br />

tenta <strong>de</strong> réintroduire les accords <strong>de</strong> spécialisation industrielle <strong>et</strong> agricole, chers aux<br />

Français. Le SGCI <strong>de</strong>manda une Banque <strong>de</strong>s investissements 44 . Les Américains<br />

furent enchantés sur le moment parce que Finebel marquait une étape "sur la voie<br />

d'une intégration <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Europe occi<strong>de</strong>ntale" 45 .<br />

La négociation démarra en octobre 1949 avec le Benelux <strong>et</strong> l'Italie qui <strong>de</strong>mandèrent<br />

une participation alleman<strong>de</strong> <strong>et</strong> anglaise 46 . L'innovation était remarquable.<br />

Or fait extraordinaire <strong>et</strong> inconnu jusqu'alors, le mémorandum français du 14<br />

novembre 1949 acceptait l'hypothèse d'une participation alleman<strong>de</strong> 47 . <strong>Robert</strong><br />

Schuman, ministre <strong>de</strong>s Affaires Etrangères, adm<strong>et</strong>tait pour la première fois <strong>de</strong> parler<br />

d'une entente avec l'Allemagne dans le cadre d'une négociation internationale 48 .<br />

Mais les Français reculèrent.<br />

La Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne contre-attaqua avec un proj<strong>et</strong> "d'entente financière <strong>et</strong> économique",<br />

Uniskan, proposé aux trois pays scandinaves. Guin<strong>de</strong>y ne réussit pas à<br />

faire <strong>de</strong> son proj<strong>et</strong> un acte politique majeur. Le proj<strong>et</strong> d'UEP <strong>de</strong> Bissell était plus<br />

attractif. La France apparut comme le pion <strong>de</strong>s Américains. Elle aurait pu se tailler<br />

une influence tout autre si elle avait su accepter immédiatement l'Allemagne.<br />

Les Français jouèrent un faible rôle dans l'UEP. Tout partit <strong>de</strong>s Etats-Unis <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />

Britanniques. Le ministère <strong>de</strong>s Finances considérait comme malsain que <strong>de</strong>s crédits<br />

financent <strong>de</strong>s déséquilibres permanents. Il souhaitait, avec les Belges, que l'or soit<br />

42. "Entr<strong>et</strong>ien avec Guillaume Guin<strong>de</strong>y", Paris X Nanterre, 1er février 1980, dactylogr. p. 24, en<br />

réponse à une question <strong>de</strong> Mme Carré <strong>de</strong> Malberg.<br />

43. F 60 ter 469, Paris, le 13 mai 1949, s.o. semble être une note, reçue par le SGCI ou confectionné<br />

par lui.<br />

44. CE 56 M. <strong>de</strong>s Finances <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Affaires économiques, DREE AK n˚ 7875/s, 25 novembre 1949; CE<br />

56 TCT 23, novembre 1949 à H. Alphand.<br />

45. CE 03, Bonn<strong>et</strong>, 3268-72 DET, 182, 3 septembre 1949, "Conversation avec Kennan"; "i<strong>de</strong>m", AMF<br />

12/7/1.<br />

46. CE 68 Rome, 27 octobre 1949, 20h 30 , N˚ 32 DET 1019-23.<br />

47. F 60 ter 469, HA MAE, 14 novembre 1949, "Mémorandum", secr<strong>et</strong>.<br />

48. CE 56 Garnier, La Haye, 2 décembre 1949, 12h 50, n˚ 680-81.

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