number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Gérard Bossuat
bizone. Alphand se sentit trompé: "La France doit s'y opposer pour des raisons évidentes
de sécurité" 26 . Monnet fut stupéfait 27 . La direction Europe du Quai condamna
le fait accompli 28 . L'intégration économique européenne était-elle possible?
Bevin, le ministre anglais des Affaires étrangères, parla le 22 janvier 1948 d'une
Western Union. Les Français voulurent en faire une union douanière 29 . Mais les
Cinq signèrent le Pacte de Bruxelles qui ne fut ni une union douanière, ni le cadre
de la coopération économique entre les pays du plan Marshall.
Les débats sur une organisation européenne aboutirent à la création de l'OECE
le 16 avril 1948. Français et Italiens désiraient une organisation permanente et
forte, destinée à intégrer progressivement les économies 30 . Ils se heurtèrent aux
Britanniques et aux Scandinaves partisans de la coopération 31 . Monnet avait proposé
de son côté une Fédération européenne de l'Ouest, avec l'Angleterre 32 . L'organisation
européenne (OECE) fut seulement une organisation de coopération.
L'OECE pouvait évoluer dans sa pratique et intégrer les économies européennes.
Monnet et le gouvernement français proposèrent à l'organisation le modèle du
plan français de modernisation et d'équipements 33 . Ils voulaient bâtir l'intégration
économique de l'Europe par la cartellisation et la spécialisation des industries, la
libération partielle des échanges, la création d'un marché intérieur, l'organisation
commune des exportations, la signature de contrats collectifs à long terme 34 .
Le succès de ces projets dépendait de la puissante Angleterre. Or les conversations
franco-britanniques de la mi-février 1949 furent un échec cuisant. Les Anglais
manifestèrent une évidente répugnance pour la spécialisation et
l'harmonisation. Les Français, Monnet le premier, se firent des illusions sur l'entente
franco-britannique à l'OECE. Lord Plowden, interlocuteur de Monnet en avril
1949, estimait que l'alliance française était de peu de valeur pour la sécurité britannique
35 . L'échec réactiva les conflits internes en France. Certains recommandaient
un repli national 36 . Neuf mois de discussions firent apparaître l'impossibilité de
26. CE 44, HA. DAEF,18 juillet 1947,à Londres, 1974-83, Washington, Berlin.
27. AMF 14/1/2, "Note de Jean Monnet au Président". 17 juillet 1947.
28. Y International. 1944-49, 382, (Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris,) direct
Europe, JCP, 12 janvier 1948, note.
29. Z Europe. 1944-49, Généralités 20, (Archives du ministère des Affaires étrangères, Paris,) Massigli,
O.W. 5 février 1948, à G.Bidault, 276. Z E. 1944-1949, Généralités 20, SG, 31 janvier 1948,"
Note compte rendu Secrétaire général Harvey".
30. 457 AP 21 (Archives nationales, Archives privées de Georges Bidault) PB, 24 mars 1948, DAEF,
"Note pour le Président, Négociations des 16".
31. CE 47, Rome, Fouques-Duparc, 25 janvier 1948, 16h 30, 112-117, de Marjolin à Alphand. R.
MARJOLIN, Le travail d'une vie, Mémoires 1911-1986, Paris 1986, p.191.
32. J. MONNET, Mémoires, tome 1, p.393, ed. Livre de Poche. J. MONNET-R. SCHUMAN, Correspondances
1947-1953, Lausanne 1986, p.37. 18 avril 1948, AMF 22/1/5.
33. AMF 11/5/1d, 2 juin 1948, Monnet à Président du Conseil, 2 juin 1948, projet. AMF 11/5/1f,
"Mémorandum du 2 juin 1948", repris le 23 juin 1948 (AMF 11/5/2) et envoyé à G. Bidault, R.
Schuman, R. Mayer, V. Auriol, L. Blum, A. Marie, P. Reynaud.
34. F 60 ter 389, PPS, SGCI, 18 janvier 1949, n˚ 487, "Note préparatoire pour les conversations avec
sir Stafford Cripps, note sur les positions françaises et britanniques sur les PLT". F 60 391, note
source SGCI?, "Remarques sur le télégramme de M. Bonnet du 21 décembre 1948", de Washington.
CE 64, note de VL. Coopération économique,18 janvier 1949, "Note".