number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Gérard Bossuat
à Morawsky en avril 1944 16 . Mais les Anglais n'imaginaient pas de fédération en
Europe continentale sans y intéresser les Etats-Unis. En conséquence Massigli
demanda de suspendre les études sur un "groupement occidental" pour se limiter à
des ententes particulières sur des problèmes économiques et financiers 17 .
Cet échec redonna un espoir aux partisans d'un démembrement de l'Allemagne.
Le Quai d'Orsay imagina de créer un cordon douanier autour de la Rhénanie
(60.000 km2 et 16 millions d'habitants). L'ouest de la zone serait administré par la
France et l'est (la Ruhr) par une commission internationale. Le projet de démantèlement
fut soumis à une commission de géographes et de politologues connus (de
Martonne, Sorre, Siegfried) 18 . En septembre 1945, de Gaulle expliquait aux
lecteurs du Times que la Ruhr et le Rhin devaient être internationalisés. Le couple
franco-anglais tiendrait une place de choix dans l'organisation européenne. Il
réfutait la fusion des souverainetés en Europe.
Le bilan des projets d'unité européenne en septembre 1945 était mitigé. Des
hommes avaient été imaginatifs. Ce groupe du "mouvement", -Monnet, Alphand,
Baraduc, Mayer, Massigli- encouragé par de Gaulle, proposait des abandons de
souveraineté. De Gaulle avait brouillé les pistes en utilisant le mot de fédération.
Mais le prurit nationaliste l'avait emporté sur le réflexe européen. En effet, les thèses
françaises sur l'Allemagne de septembre 1945 ignoraient l'Europe. Les Français
n'avaient pas su définir un projet clair; Belgique et Pays-Bas avaient tergiversé
devant la méfiance des Anglais, des Américains et des Soviétiques. Les brillantes
idées des "européens" du GPRF n'ont pu s'imposer ni à leurs pairs ni aux alliés.
II
La reconstruction politique et économique du pays s'effectue sous le signe de l'effort
national. Or ce mouvement est remis en cause par l'aide américaine en 1947.
Quelle fut la réaction des hauts fonctionnaires français à la création de l'OECE et
surtout quelle part y ont-ils pris?
Le débat sur l'ouverture mondiale et européenne avait été mené par les
responsables français au moment de Bretton Woods. Il était entendu, qu'un jour,
l'Europe serait ouverte aux échanges. Le grand large, id est Bretton-Woods, avait
été accepté par l'Assemblée constituante en décembre 1945. Mais elle n'était pas
sans conditions. Les services de l'Etat réclamaient une longue transition pour réussir
la modernisation et accepter la libération des échanges. Les fonctionnaires des
16. Guerre 39-45, Alger-CFLN-GPRF, vol 718, microfilm 1830, conversations avec l'ambassadeur de
Pologne, Alger 3/IV/44, CFLN Massigli.
17. Guerre 39-45, Alger-CFLN-GPRF, vol 717, JMB, projet de télégramme pour M. Dejean, avril
1944, et Guerre 39-45, Alger-CFLN-GPRF, vol 718, CFLN, note, séance du 19/04/1944; document
n˚ 4 .
18. AME 58/1/1, direction des Affaires économiques; a/s du problème rhénan, très secret, date non
précisée mais postérieure à août 1944.