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number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Introductory note – Introduction – Einführung 5<br />

Un mot d’introduction<br />

Gilbert Trausch<br />

Depuis les années <strong>de</strong> l’immédiat après-guerre jusqu’aux controverses d’aujourd’<br />

hui sur l’imminente conférence intergouvernementale (1996) qu’on commence à<br />

appeler Maastricht II, les débats sur l’Europe se situent entre <strong>de</strong>ux pôles: un<br />

modèle d’intégration <strong>et</strong> un modèle d’étroite collaboration intergouvernementale.<br />

Entre les <strong>de</strong>ux, il y a place pour toute une gamme <strong>de</strong> solutions intermédiaires. C’est<br />

sur ces <strong>de</strong>rnières que se concentrent les discussions, la plupart <strong>de</strong>s observateurs<br />

s’accordant pour estimer hors <strong>de</strong> portée tant la possibilité d’appliquer les règles<br />

d’un Etat fédéral que le r<strong>et</strong>our vers une simple collaboration.<br />

Les débats sont encore marqués par le flou qui pèse sur la terminologie <strong>et</strong> les<br />

ambiguïtés créées par leur traduction d’une langue à l’autre. Des mots courants tels<br />

que «fédéral» ou «intégration» n’ont pas tout à fait le même sens en français <strong>et</strong> en<br />

anglais. Est-ce que tous ceux qui, tels Winston Churchill (1946) ou Jean Monn<strong>et</strong><br />

(1955), ont utilisé la formule «les Etats-Unis d’Europe» ont toujours été conscients<br />

<strong>de</strong>s implications que ce genre <strong>de</strong> formule entraîne sur le plan <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong><br />

l’Europe?<br />

C’est la notion <strong>de</strong> supranationalité qui a été au coeur <strong>de</strong>s débats du <strong>de</strong>rnier<br />

<strong>de</strong>mi-siècle. Elle était dès le départ (1950) <strong>et</strong> elle est re<strong>de</strong>venue avec Maastricht<br />

(1991) la pierre <strong>de</strong> touche sur laquelle les esprits se séparent. Les lignes <strong>de</strong> clivage,<br />

bien définies en théorie, le sont beaucoup moins dans la pratique, notamment dans<br />

la bouche d’hommes politiques soucieux <strong>de</strong> rassembler <strong>de</strong>s électeurs.<br />

On oppose souvent les années allant du plan Schuman aux Traités <strong>de</strong> Rome,<br />

considérées comme l’époque faste <strong>de</strong> l’intégration européenne, à la longue phase<br />

<strong>de</strong> stagnation que sont les années 60 <strong>et</strong> 70. Une relance européenne s’esquisse dans<br />

la secon<strong>de</strong> moitié <strong>de</strong>s années 1980, mais les événements <strong>de</strong> 1989-1991 laissent planer<br />

un doute sur sa poursuite. En fait, dans une formule délibérément provocatrice,<br />

on peut penser que le déclin <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> supranationalité commence... au len<strong>de</strong>main<br />

<strong>de</strong> la déclaration <strong>de</strong> <strong>Robert</strong> Schuman du 9 mai 1950. En eff<strong>et</strong>, dès qu’il s’agit<br />

<strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en pratique les principes généraux élaborés par Jean Monn<strong>et</strong>, on assiste à<br />

une montée vigoureuse <strong>de</strong>s intérêts nationaux qui s’enten<strong>de</strong>nt pour réduire au strict<br />

minimum les transferts <strong>de</strong> souverain<strong>et</strong>é. Si néanmoins la Communauté n’a pas<br />

sombré <strong>et</strong> a même pu avancer, elle le doit à la même montée <strong>de</strong>s intérêts nationaux<br />

qui, à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés divers, ont pu trouver leur avantage dans <strong>de</strong>s abandons <strong>de</strong> souverain<strong>et</strong>é<br />

bien ciblés.<br />

Les historiens discutent à perte <strong>de</strong> vue sur les raisons qui ont incité les différents<br />

Etats à se joindre à la Communauté <strong>et</strong> à y rester, une fois entrés. Les débats sur la<br />

primauté <strong>de</strong> l’économique ou du politique n’ont pas toujours été très fructueux. Si<br />

la Communauté européenne s’est constituée sur une base économique, ce fait<br />

n’exclut nullement l’intervention <strong>de</strong> facteurs politiques <strong>et</strong> cela dès le départ. Selon<br />

la bonne métho<strong>de</strong> historique les raisons, même économiques, qui sous-ten<strong>de</strong>nt le<br />

processus européen, ne se postulent pas mais sont à déterminer à chaque étape du

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