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Marie-Thérèse Bitsch
les Affaires étrangères et les Affaires économiques, le chancelier Adenauer arbitre
en faveur du ministère de l'Economie comme maître d'oeuvre pour les problèmes
de la CECA mais Etzel, le vice-président allemand de la Haute Autorité, préfère
traiter avec le ministère des Affaires étrangères si bien que l'ambiguïté demeure. De
même en Belgique, la Haute Autorité est en liaison à la fois avec les Affaires étrangères
et les ministères économiques. Au Pays-Bas, par contre, la coordination est
assurée par un service du ministère des Affaires économiques, la Direction
générale des relations économiques extérieures. Seule l'Italie, prétextant de son
éloignement, parvient à imposer un représentant permanent auprès de la Haute
Autorité qui n'est autre que son ambassadeur à Luxembourg.
Vis-à-vis des tiers, la position est toute autre: la Haute Autorité souhaite au contraire
l'installation de délégations auprès d'elle car c'est pour elle un moyen de s'affirmer
sur la scène internationale. Dès le 2 septembre 1952, répondant au voeu de
Monnet, les Etats-Unis installent une petite mission à Luxembourg en attendant de
renforcer encore les liens, début 1953, avec l'arrivée de l'administration républicaine.
En 1960, onze pays ont déjà établi une représentation diplomatique auprès
de la CECA: outre les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l'Autriche, la Suisse,
le Danemark, la Norvège, la Suède, la Grèce, le Portugal, le Japon. Dans les
années suivantes, une dizaine d'autres Etats vont suivre cet exemple.
L'ouvrage souligne avec force combien les relations extérieures constituent un
objectif majeur pour la Haute Autorité. Il paraît clair que c'est elle qui représente la
CECA dans la vie internationale. Dans les négociations avec les tiers, c'est elle qui
intervient comme mandataire des gouvernements des Etats membres même si elle
agit presque toujours sur la base d'instructions délibérées en Conseil à l'unanimité.
Ainsi, c'est elle qui intervient auprès du GATT (General Agreement on Tariffs and
Trade) pour obtenir la dérogation nécessaire à la suite de la création du marché
commun du charbon et de l'acier afin que les autres pays ne puissent pas réclamer
le bénéfice de la clause de la nation la plus favorisée. En 1956, elle se fait donner
un mandat pour négocier, toujours au sein du GATT, divers arrangements tarifaires.
Dans les années 1960, elle participe au Kennedy-round. La Haute Autorité établit
aussi des relations avec les autres organisations européennes: minimales et difficiles
au début avec le Conseil de l'Europe, plus confiantes et fondées surtout sur une
volonté d'information réciproque avec l'OECE. Mais la grande affaire à l'époque
Monnet est l'accord d'association avec le Royaume-Uni accepté de part et d'autre
pour des raisons politiques plutôt que souhaité par intérêt économique. Les vicissitudes
des négociations puis du fonctionnement de l'association sont expliquées longuement,
avec minutie et nuances. De même, les pourparlers entamés avec la
Suisse ou l'Autriche pour des accords douaniers ou ferroviaires illustrent à merveille
la méthode de négociation de la Haute Autorité, faite de patience, de ténacité,
de marchandages, de compromis.
❋
Plus encore que ses relations extérieures, sa politique financière constitue l'un des
grands succès de la Haute Autorité. Elle est à la fois le garant de son indépendance,
le symbole de sa crédibilité et la force de frappe qui lui permet d'intervenir dans la
vie économique et sociale. Ses ressources proviennent principalement d'un prélève-