number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Marie-Thérèse Bitsch
pièces, non sans beaucoup de tâtonnements, cette première fonction publique européenne
adopte quelques règles plus ou moins explicites: respect d'un certain équilibre
entre nationalités surtout pour les postes à responsabilité, priorité à la
compétence étant entendu qu'on espère attirer les meilleurs grâce aux salaires élevés.
Le statut du personnel, arrêté seulement en décembre 1955 lorsque René
Mayer cherche à insuffler une plus grande rigueur dans cette administration,
n'exclut pas une certaine souplesse dans la pratique.
L'organigramme de cette administration n'est pas, lui non plus, très rigide. Très
vite, à l'automne 1952, se mettent en place un certain nombre de services ou "divisions":
production, investissement, marché, questions sociales, transport, statistique,
service financier... et surtout service juridique qui est consulté par tous et joue
rapidement un rôle essentiel. Afin de faciliter la préparation des décisions de la
Haute Autorité sont créés aussi des groupes de travail, présidés chacun par un
membre du collège et comprenant une ou plusieurs divisions. Ces groupes sont au
nombre de six au départ: Marché-Entente-Transport, Investissements-Production,
Travail, Relations extérieures, Objectifs généraux, Questions administratives. Mais
les compétences n'étant pas toujours clairement réparties, la révision de l'organigramme
est presque constamment à l'ordre du jour. Chaque nouveau président
cherche à améliorer le fonctionnement de l'administration, à éviter les double
emplois, à obtenir plus d'efficacité. Parvenir à une organisation plus rationnelle
devient un véritable leitmotiv mais le résultat ne paraît jamais tout à fait satisfaisant.
René Mayer, fermement déterminé à remodeler les groupes de travail n'a
pas le temps d'appliquer ses idées. La scission envisagée du gigantesque groupe
Marché-Entente-Transport n'intervient qu'à l'ère Finet qui réalise une réorganisation
générale autour de huit groupes de travail. Avec Malvestiti, de nouveaux
aménagements ramènent le nombre de groupes à sept. Mais l'enjeu essentiel est
alors surtout de limiter le nombre de services et de directions générales pour permettre
une économie de personnel, surtout de rang élevé.
Si l'organigramme paraît très mouvant, il existe par contre une grande permanence
des hommes. Présents dès 1952, Pierre Uri, à la tête de la division économique,
et Michel Gaudet, codirecteur du service juridique, restent jusqu'à leur départ
à Bruxelles en 1958. La division financière est dirigée pendant plusieurs années par
Paul Delouvrier (nommé ensuite délégué général en Algérie par de Gaulle) puis par
son adjoint Hans Skribanowitz. Pendant des années, les mêmes responsables
s'occupent du charbon (Hermann Dehnen), de l'acier (Tony Rollmann), des problèmes
sociaux (François Vinck). Le secrétariat général confié à Max Kohnstamm par
Monnet passe, à l'époque Mayer, à Edmond Wellenstein qui s'occupe aussi des
relations extérieures et de l'information. Ces "grands commis" de l'Europe sont
aussi compétents que dévoués à l'institution et étroitement associés à l'élaboration
des décisions puisque les chefs de services participent habituellement aux séances
de la Haute Autorité lorsqu'une question de leur ressort est en discussion.
❋
A la lecture de l'ouvrage se dégage l'impression que la vie de la Haute Autorité est,
dans les premiers temps du moins, une invention de tous les jours. Sans autres références
qu'un traité de cent articles et quelques textes annexes, elle doit définir ses