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number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Les hauts fonctionnaires français <strong>et</strong> le processus d’unité en Europe 105<br />

<strong>de</strong>là d'une première étape 135 . Le comité Verr<strong>et</strong> marqua sa pru<strong>de</strong>nce sur les formules<br />

institutionnelles supranationales.<br />

L'Outre-mer <strong>de</strong>vint un point essentiel <strong>de</strong> la négociation. Gaston Defferre,<br />

ministre <strong>de</strong> la France d'Outre-mer, roda l'idée d'un Marché commun eurafricain<br />

après le vote <strong>de</strong> la loi-cadre sur l'autonomie <strong>de</strong>s TOM en mars 1956 136 . Il <strong>de</strong>manda<br />

"l'admission <strong>de</strong>s TOM dans le Marché commun, assortie <strong>de</strong> clauses spéciales liées<br />

à leur état <strong>de</strong> sous-développement" 137 . Les partenaires <strong>de</strong> la France acceptèrent<br />

progressivement d'associer les T.O.M. <strong>et</strong> l'Afrique du Nord au Marché commun. La<br />

France obtint <strong>de</strong>s Européens une participation aux investissements pour environ<br />

200 milliards <strong>de</strong> francs par an 138 . Mais les nostalgiques avaient peur d'être dépossédés<br />

<strong>de</strong>s colonies par une Europe rapace. En fait, les partenaires <strong>de</strong> la France ne<br />

souhaitaient nullement partager le far<strong>de</strong>au comprom<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> l'Outre-mer. Pour<br />

Defferre <strong>et</strong> Moll<strong>et</strong>, au contraire, l'Eurafrique était le moyen <strong>de</strong> lier indissolublement<br />

l'Afrique à l'Europe alors que se profilaient les indépendances africaines. Ils<br />

gagnèrent en fin <strong>de</strong> compte.<br />

Si la volonté compte en politique, les négociations du Marché commun en<br />

furent un exemple. Elles aboutirent en mars 1957. Les institutions ne furent pas<br />

aussi supranationales que celles <strong>de</strong> la CECA, la transition fut fixée entre 12 <strong>et</strong> 15<br />

ans, le flou persista sur le tarif extérieur commun, une clause <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> gérée<br />

par l'Europe fut introduite. L'harmonisation <strong>de</strong>s charges sociales fut limitée, mais<br />

une BEI au capital d’un milliard <strong>de</strong> dollars fut créée. Le principe d'un marché commun<br />

agricole fut accepté 139 . Après un large débat préalable <strong>de</strong>vant les Assemblées<br />

parlementaires françaises, les Traités <strong>de</strong> Rome furent signés le 25 mars 1957. Il fallut<br />

à Guy Moll<strong>et</strong> une volonté politique puisée au plus profond <strong>de</strong> ses convictions<br />

<strong>européennes</strong> pour défendre auprès <strong>de</strong>s services l'adhésion <strong>de</strong> la France au Marché<br />

commun. La conjoncture était défavorable 140 .<br />

Le débat sur le Marché commun posait la question <strong>de</strong> la p<strong>et</strong>ite <strong>et</strong> <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

Europe. La Gran<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, opposée au Marché commun, tenta <strong>de</strong> contre-attaquer<br />

sur le thème <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> Europe. Elle proposa une zone <strong>de</strong> libre-échange.<br />

L'intérêt <strong>de</strong>s Britanniques pour une zone <strong>de</strong> libre échange réactiva le combat dans<br />

les services entre les partisans <strong>de</strong> l'OECE <strong>et</strong> ceux <strong>de</strong> l'Europe <strong>de</strong>s Six. Pour manifester<br />

son intérêt pour l'OECE, le gouvernement fit passer le taux <strong>de</strong> libération <strong>de</strong><br />

79% à 82% en avril 1956. Mais Paul Ramadier, ministre <strong>de</strong>s Finances protesta 141 .<br />

L'aggravation du déficit <strong>de</strong>s comptes extérieurs s'accentua alors que Guy Moll<strong>et</strong><br />

s'opposait à une dévaluation. Clappier, directeur <strong>de</strong>s Relations économiques<br />

135. 52 J 115, MAE, 4 septembre 1956, mémorandum sur les instructions à donner à la délégation<br />

française à la conférence internationale pour le marché commun.<br />

136. 52 J 115, MAE, SE Affaires Maroc <strong>et</strong> Tunisie, cab 30 août 1956 J/B/cp 385 à MAE <strong>et</strong> F Tunisie/<br />

Maroc <strong>et</strong> Marché commun.<br />

137. 52 J 114, "Le ministre <strong>de</strong> la FOM, direction <strong>de</strong>s Affaires économiques <strong>et</strong> du Plan, à M. le Prési<strong>de</strong>nt<br />

du Conseil, 17 mai 1956, obj<strong>et</strong>: Problèmes posés par la France d'Outre-mer par le proj<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

Marché commun européen".<br />

138. 52 J 115, G. Plescoff à Prési<strong>de</strong>nt, 18 octobre 1956, Marché commun <strong>et</strong> POM.<br />

139. 52 J 115, note pour le Prési<strong>de</strong>nt , 16 janvier 1957, DFE, Négociations sur le Marché commun.<br />

140. Entr<strong>et</strong>iens avec Maurice Faure, par Gérard Bossuat, 17 décembre 1986.

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