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number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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104<br />

Gérard Bossuat<br />

Les réactions <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s directions <strong>de</strong>s ministères révélèrent les enjeux <strong>de</strong> la<br />

négociation. La direction du Trésor (Pierre Paul Schweitzer) contesta l'adhésion au<br />

Marché commun parce que la France ne respectait pas ses engagements <strong>de</strong> libération<br />

à l'OECE. Elle s'inquiétait <strong>de</strong>s conséquences sur l'Union française <strong>de</strong>s<br />

abandons <strong>de</strong> souverain<strong>et</strong>é . Le Marché commun perm<strong>et</strong>trait-il <strong>de</strong>s avancées sociales?<br />

Une dévaluation du franc était inévitable. Schweitzer était décourageant 126 .<br />

Jean Sadrin, le puissant directeur <strong>de</strong>s Finances extérieures, expliqua que le proj<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> Marché commun était révolutionnaire par son ampleur <strong>et</strong> ses implications<br />

politiques. Mais il croyait aux bienfaits <strong>de</strong> la nouvelle construction. Sadrin était un<br />

atout pour les "européens".<br />

Michel Cépè<strong>de</strong>, à l'Agriculture, plaidait pour une organisation <strong>de</strong>s marchés<br />

agricoles 127 . Le ministère <strong>de</strong>s Affaires sociales redoutait la fluidité <strong>de</strong> la maind'oeuvre<br />

entre les Six. Le directeur du Budg<strong>et</strong> refusait les charges nouvelles<br />

générées par le Marché commun 128 . Le secrétariat d'Etat aux Affaires économiques<br />

déplorait l'engagement définitif dans le Marché commun. Il montrait que Spaak<br />

avait fait l'impasse sur les TOM. <strong>et</strong> l'Afrique du Nord. Il prévoyait une dévaluation.<br />

Il défendait une organisation <strong>de</strong>s marchés agricoles par un Fonds spécial d'investissement<br />

129 . Marc Beaurepaire au ministère <strong>de</strong> l'Industrie <strong>et</strong> du Commerce exigeait<br />

une clause <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> unilatérale 130 .<br />

Le ministre <strong>de</strong>s Finances lui-même, Paul Ramadier (SFIO), redoutait la fin <strong>de</strong><br />

l'économie planifiée. Il conseillait donc une dévaluation <strong>et</strong> une pério<strong>de</strong> d'adaptation<br />

<strong>de</strong> 20 ou 30 ans, assortie d'une possibilité <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rait 131 . Alors que les négociations<br />

allaient aboutir, Ramadier <strong>de</strong>manda <strong>de</strong>s contreparties financières sérieuses à l'ouverture<br />

<strong>de</strong>s TOM. aux Européens, le maintien <strong>de</strong> l'autonomie monétaire, bancaire<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s changes <strong>de</strong>s Etats, la règle <strong>de</strong> l'unanimité pour les budg<strong>et</strong>s du fonds <strong>de</strong> réadaptation<br />

<strong>de</strong> la main-d'oeuvre <strong>et</strong> pour celui d' Euratom 132 .<br />

François Valéry, au Quai d'Orsay, remarquait que le rapport Spaak amorçait "un<br />

véritable gouvernement économique supranational" 133 . François Gutmann annonçait<br />

que la France ne pourrait réaliser un Marché commun en raison <strong>de</strong>s évolutions<br />

politiques dans l'Union française <strong>et</strong> <strong>de</strong>s traditions protectionnistes françaises 134 .<br />

Voilà pourquoi le Quai d'Orsay marqua la plus gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce sur le calendrier <strong>de</strong><br />

mise en route du Marché commun. Les services n'étaient pas prêts à s'engager au-<br />

126. 52 J 114, 17 mai 1956, Direction du trésor, PPS/dp, n˚ CD 280, "Note pour le ministre, obj<strong>et</strong>:<br />

proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> Marché commun européen".<br />

127. 52 J 114, note <strong>de</strong> Cépè<strong>de</strong>, n.d.<br />

128. 52 J 114, note du budg<strong>et</strong>, 7 mai 1956.<br />

129. 52 J 114, Jean Masson, 18 mai 1956, SE AE, à Prési<strong>de</strong>nt du Conseil, n˚ 1559 CAB, a/s Marché<br />

commun.<br />

130. 52 J 115, note pour Plescoff, 24 septembre 1956, note <strong>de</strong> Prate.<br />

131. 52 J 114, MAEF, le ministre, 24 mai 1956, note sur le Marché commun.<br />

132. 52 J 115, "Le ministre <strong>de</strong>s Affaires économiques <strong>et</strong> financières, à M. le ministre <strong>de</strong>s Affaires<br />

étrangères, obj<strong>et</strong>: Négociations sur le Marché commun".<br />

133. 52 J 114, note <strong>de</strong> F. Valéry, 7 mai 1956, historique du marché commun.<br />

134. DDF 1956, tome 1, n˚ 251, note <strong>de</strong> la DGAEF, Euratom <strong>et</strong> Marché commun. Commentaires sur<br />

le rapport <strong>de</strong>s experts, Paris, le 17 avril 1956.

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