number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Gérard Bossuat
paysans conservent "les valeurs fondamentales de la civilisation occidentale et
l'équilibre du corps social" 95 .
Un nouveau ministre de l'Agriculture, Camille Laurens, était déterminé à renier
les principes du Plan Schuman, ce qui réjouit les Anglais 96 . Une conférence préparatoire
des quinze pays du Conseil de l'Europe plus l'Autriche et la Suisse, réunie à
Paris en mars 1952, exprima des doutes sur une telle autorité 97 . Le gouvernement
s'empêtrait dans ce projet comme dans celui de la CED et de l'APE. Olivier Wormser,
bon observateur, expliquait que "le gouvernement n'avait pas (...) de vues bien
précises en ce qui concerne le système qu'il voulait voir adopter" 98 . Il suggéra, avec
Paul Delouvrier, de confier ces négociations inopportunes à l'OECE 99 . Cette position
"sage" illustrait la méfiance de toute une partie de l'administration française
pour la petite Europe des Six et les hautes autorités supranationales. L'OECE s'en
saisit pour l'enterrer.
Dans la foulée de la guerre de Corée, Monnet et Pleven inventèrent l'armée
européenne pour empêcher les Américains de réarmer l'Allemagne. Pour sauver
l'idéal d'intégration européenne, Monnet proposa à Pleven, Président du Conseil,
une organisation fédérale de la Défense avec participation allemande 100 . Le projet
fut annoncé à l'Assemblée nationale le 24 octobre 1950.
Le 13 septembre 1952 les Six de la Communauté européenne du Charbon et de
l’Acier (CECA) décidèrent de réfléchir à une Communauté politique européenne
(CPE). Des thèses maximalistes préconisèrent des transferts de pouvoirs "pratiquement
illimités" en politique étrangère et financière. Les conseillers français
redoutèrent que la France soit étouffée par la supranationalité, dépouillée de sa
puissance mondiale et coloniale, inondée de produits allemands 101 . De plus Beyen,
le ministre hollandais des Affaires étrangères, présenta un projet de marché commun
et de monnaie commune 102 .
Les services français s'opposèrent à une extension des pouvoirs de l'Autorité
européenne. Ils remarquèrent que la CPE exercerait un dangereux pouvoir sur
l'Outre-mer 103 . La direction des Affaires économiques du Quai d'Orsay s'interrogeait
sur l'élargissement des compétences économiques de la CPE 104 . Le projet
Beyen leur semblait dirigé contre la politique française à l'OECE. Les services
95. F 60 ter 475, "Note du gouvernement français, 15 février 1951 de la part de Maestracci", secret.
96. CE 07, CE 11, OW à Londres 5717, "Pool vert 27 mars 1952".
97. CE 07, OW, DGAEF, CE, 29 mars 1952, 20h 30 ,circ. n˚ 40; 457 AP 41, "Réunion préparatoire
sur l'organisation européenne des marchés agricoles", AG/prep/ doc 1, 1er séance, 25 mars 1952.
98. 457 AP 38, OW, 14 février 1953, DGAEF, CE, "Note Wormser", note pour le Président.
99. 457 AP 38, "Note rédigée par un haut fonctionnaire du M. des Aff. économ. le 11 février 1953 à
la demande de Delouvrier pour Merveilleux du Vignaux; CE 84 DAEF, CE 14, février 1953,
"Note pour le Président".
100. Monnet à Schuman, "Mémorandum non envoyé", 9 septembre 1950, AMI 4/4/1.
101. CE 84 FS, 15 janvier 1953, DG politique Europe, Note, "a.s. CPE".
102. CE 13 Fouques-Duparc, 21 février 1953, 18h 10, 99/113.
103. Europe généralités, 1949-55, 32, Jurgensen, 26 décembre 1952, DGAEF, "Europe/ Union
française".
104. Europe généralités, 1949-55, 32 AF, 29 décembre 1952, DGAEF, "a/s attribution économique de
la CPE".