number 1 - Centre d'études et de recherches européennes Robert ...

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Gérard Bossuat
processus de confiance. La signature du Pacte Atlantique et des accords sur l'Allemagne
en avril 1949 fut l'occasion d'arrêter à trois un règlement allemand qui ne dut rien à
l'esprit européen.
Le mûrissement de la nouvelle politique française se poursuivit néanmoins.
André François-Poncet, le Haut Commissaire français en Allemagne, présenta à
Auriol l'idée d'un consortium du charbon et de l'acier 77 . Jean Forgeot, Secrétaire
général de la Présidence de la République, évoqua une "exploitation internationale"
du grand bassin Ruhr-Moselle 78 . Dans les services français d'Allemagne, des hommes
réclamaient une entente franco-allemande pour éviter le neutralisme. L'internationalisation
des industries-clefs était à l'ordre du jour 79 . La politique de la main
tendue remplaçait progressivement la tension. Toutefois la rivalité commerciale et
industrielle franco-allemande augmentait. Les Français voulaient internationaliser
la propriété de la Ruhr 80 . Les accords franco-sarrois du 3 mars 1950 furent reçus
comme une provocation par Adenauer 81 .
Monnet cristallisa dans la déclaration du 9 mai 1950 le changement. Il s'insérait
dans l'idéal des Mouvements européens, dans les projets de la conférence économique
de Westminster (avril 1949). Adenauer venait de proposer une union économique
franco-allemande. Des projets de coopération européenne dans les industries
lourdes avaient été présentés. Le Conseil de l'Europe travaillait sur les compagnies
européennes 82 . L'ambiance générale portait à une entente de raison franco-allemande
dans un cadre européen 83 .
Les questions de sécurité ont compté. La conférence de Londres du 10 mai 1950
risquait de dissoudre le groupe de contrôle du charbon et de l'acier, de pérenniser la
loi 75, de démanteler l'Autorité internationale de la Ruhr 84 . Le temps de tous les
dangers était revenu pour la France. Avec la Haute Autorité, Monnet fournit à
Schuman un projet opératoire, adapté à la conjoncture.
Les réactions à la Déclaration du 9 mai furent vives dans l'administration
française. Alexandre Kojève (DREE) demanda à son ministre "sinon d'écarter, du
moins de surveiller les agissements de M. Monnet" 85 . Il remplaça dans le texte de
Schuman "France et Allemagne" par "pays de l'OECE",et "Haute Autorité" par
BEI 86 . Il tenta de récupérer le projet Schuman au profit de la politique française à
l'OECE. Le ministre des Finances, Maurice Petsche, prit contact secrètement avec
77. V. AURIOL, Journal du Septennat, 1949 Paris, pp.451 et 461 (23 et 28 décembre).
78. 4 AU 55, dr 5, (Archives nationales, fonds Auriol) 17 mars 1950, "Note pour M. le Président", Jean
Forgeot, JF/cb, Présidence de la République, le secrétaire général.
79. B 33887, S Meyer, Bad-Godesberg, 11 janvier 1950, "Note sur le rapprochement économique
franco-allemand".
80. 4 AU 39 Dr 2 sdrj, Paris le 22 décembre 1949, 24h très urgent, DAEF, Schuman à Londres, Washington
et Bonn, Dusseldorf.
81. R. POIDEVIN, Robert Schuman, homme d'Etat, 1886-1963, Coll."Personnages", Paris 1986,
p.218.
82. CE 89 OW 1 mai 1950, CE Note pour la DE, "a/s compagnies européennes".
83. Raymond Poidevin, Robert Schuman, p. 211 et p. 251.
84. Europe généralités 1949-1955, 87, Dossier du 21 avril 1950, du MAE sur l'Allemagne pour la conférence.
85. F 60 ter 474, 19 mai 1950, Kojève, Finances, note pour M. Filippi objet: "le combinat" et l'OECE".