Board games from the city of Vijayanagara (Hampi ... - Gioco dell'Oca.

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B OARD G AME S TUDIES 6, 2003
Nordenskiöld avait souligné la présence d’un vocabulaire emprunté au quechua,
notamment pour les résultats des bâtonnets-dés: par exemple, en tapiete et en chulupi,
on compte tsúka “1”, chimi (kima en choroti) “3”, tauva “4”, où l’on reconnaît les termes
quechuas chunka “10” (pris pour 1) (8) , kimsa “3” et tawa “4” respectivement. Le savant
suédois avait cru retrouver ce jeu mentionné dans l’Historia del Nuevo Mundo du père
Bernabé Cobo (1653), sous le nom de chuncara (sur le jeu inca chunkana, voir Depaulis
1998: 31). Poussant plus loin ses spéculations, Nordenskiöld était allé jusqu’à voir dans
un objet composite, qui devait se révéler être un abaque (Depaulis 1998: 40-1), le tablier
de ce jeu inca.
Le rapprochement que j’opère ici entre le jeu du Chaco et la description de Vivar permet
de penser qu’il s’agit pour l’essentiel du même jeu – un peu simplifié dans la version
du Chaco – avec un dénominateur commun évident: le présence inca. Selon Margarita
Gentile Lafaille, les terres basses du Chaco (quechua chako “terrain de chasse”) ont servi
de refuge aux fonctionnaires incas après la chute de Cuzco (Gentile 1998: 111 avec réf.).
On n’est donc pas surpris que les Indiens du Chaco pratiquent des jeux dont l’origine inca
est hautement probable. Certains jeux se retrouvent aussi dans l’aire araucane, telle la
chueca – sorte de hockey – qui est connue dans les deux cultures (Cooper 1949: 506-8.)
Côté chilien, nous savons que la région du Mapocho était une colonie inca depuis
le XVe siècle et qu’elle était soumise à un gouverneur venu du Cuzco. Dès avant la fondation
de Santiago par Pedro de Valdivia en 1541, le site avait été une forteresse inca et
l’arrière-pays avait de ce fait subi une importante influence culurelle. Ici aussi, le quechua
avait servi de lingua franca. Il est raisonnable de penser que le jeu décrit par Vivar a été
introduit dans la région par les Incas.
Appendix
English translation of Jerónimo de Vivar’s text:
Chapter XCI which deals with a kind of game that the Mapocho Indians and all
others in this region have
The way these Indians play is thus: on the ground they make a small place and, in a
part of it, they make a design like a C to the right and another, reversed C facing [it].
Between these Cs, that is on the tops, there is a small hole and, on each of these two Cs,
there are 10 smaller holes. On these they set up stones, maize grains or small sticks, so
that they differ one from each other by the colour. Outside this circuit, they stick a bracket
3-span [high] [±30 cm] whose summit falls in the middle of this circuit of the Cs.
With a twig of willow they make an O fastened thereon, which will be as large as a bracelet.
Those who want to play – two or four fellows – sit down; one cannot play with more
than four. They take 4 white beans, because these offer more colours and they make
them black on one side; they throw them through the willow twig that is on top, like a
bracelet as I said. While throwing them they beat their breasts and right thighs with
their hands – that is the same – speaking loudly. They [the beans] fall down on the place.