Board games from the city of Vijayanagara (Hampi ... - Gioco dell'Oca.

T. D EPAULIS, UN JEU DE PIONS MAPUCHE AU XVI e SIÈCLE
1901), ce jeu a attiré l’attention d’Erland Nordenskiöld qui l’a étudié dans deux articles
(Nordenskiöld 1910, Nordenskiöld 1918) (7) . Connu de tous les indiens du Chaco selon
l’anthropologue suédois, ce jeu y est nommé, selon les langues, chukaray (Chiriguanos),
chunkuanti, chukanta (Chanés), tsúka, shuke, syuke (Chorotis), tsukoc, syúkak (Ashluslays
= Chulupis), soka (Matacos, Tobas occidentaux), tous termes issus du quechua chunka
“dix”; l’autre appellation, tauva (chez les Tapietes) ou hastâwa (chez les Lenguas), est
clairement dérivée du quechua tawa “quatre”, un des points obtenus par les dés.
Résumé en quelques lignes, le jeu du Chaco se présente comme un circuit en arc de
cercle avec deux fois 10 (ou 12) stations et une “rivière” pour les séparer (fig. 2). A chaque
extrémité des deux bras du parcours, chaque joueur dispose d’une base de départ qui est
sa “maison”. Chacun a un pion actif (une flèche) et 10 “moutons”, pions dormants. Les
dés sont 4 bâtonnets bifaces dont les valeurs sont en tout point identiques à celles notées
par Vivar en 1558:
4 faces convexes = 4; 4 faces concaves = 3 (2 chez les Chorotis); 2 convexes + deux
concaves = 1; 1 concave + 3 convexes ou 3 concaves + 1 convexe = 0
Fig. 2 (d’après Karsten 1930)
Un joueur prend tout “mouton” adverse quand il vient sur une case occupée; si un
pion actif arrive dans la “rivière”, le joueur perd son tour et si, au tour suivant, il fait zéro,
il revient au plus près du départ, là où il reste un “mouton” et recommence son parcours;
quand deux flèches (pions actifs) se retrouvent sur la même case, la flèche occupante est
renvoyée à son point de départ; arrivé à l’autre extrémité du camp adverse, le pion actif
rebrousse chemin.
On le voit, les règles collectées par Nordenskiöld, Karsten et les autres éclairent parfaitement
la description de Vivar. Le décompte des points des haricots correspond exactement
à celui des bâtonnets chaconiens. Le jeu du Chaco paraît avoir simplifié le rôle
des pions, réservant la fonction active à un seul, alors que le jeu du Mapocho mobilise
tous les pions. Mais, pour le reste, tout y est: le nombre de case, la forme générale du parcours,
la “rivière” et ses handicaps, le décompte des points de dés.
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