Board games from the city of Vijayanagara (Hampi ... - Gioco dell'Oca.

Un jeu de pions mapuche au XVI e siècle /
Thierry Depaulis
Il y a quarante ans, on ne savait rien de Jerónimo de Vivar ni de sa chronique du “royaume”
du Chili achevée en 1558 et riche de nombreux détails sur ce pays et ses habitants.
Révélé en 1966 par la publication en fac-similé du manuscrit, aujourd’hui détenu par
la Newberry Library à Chicago qui l’avait acquis quelques années auparavant (Vivar
1966), le récit de Vivar s’avère d’un extraordinaire intérêt pour l’histoire des peuples indigènes
du Chili au XVIe siècle. Depuis lors, trois éditions ont paru (Vivar 1979; Vivar
1987; Vivar 1988) dont celle d’Ángel Barral Gómez qui fait désormais autorité.
La chronique de Jerónimo de Vivar suit étroitement les exploits de Pedro de Valdivia
(1497-1553) qui avait été chargé par Charles Quint en 1540 d’explorer les territoires
situés au sud du Pérou et qui réalisa ainsi la conquête du Chili. De l’auteur nous ne
savons presque rien. Jerónimo (Gerónimo) de Vivar (Bibar) (1) se dit natif de Burgos.
Ángel Barral (Vivar 1988) l’imagine né vers 1525. Arrivé au Chili avant 1548 (Orellana
1988), il y séjourna jusqu’en 1558, puis une fois rentré rédigea aussitôt le récit de ses
voyages. Après quoi on perd sa trace.
Le manuscrit avait sans doute assez tôt franchi l’Atlantique car quelques bibliographes
espagnols du XVIIe siècle le mentionnent. Il paraît avoir changé de mains plusieurs fois.
Pendant la guerre civile espagnole (1936-39), son propriétaire d’alors, fuyant les troupes
républicaines, le déposa dans une banque à Perpignan. Après sa mort, le manuscrit, qui
avait gagné la Suisse, fut mis en en vente à Genève à une date que je n’ai pu découvrir
(avant 1956) et acheté par un libraire américain qui le recéda à la Newberry Library de
Chicago.
C’est le chapitre XCI qui nous préoccupe ici. Celui-ci s’intitule:
“Capítulo xci que trata de una manera de juego que tienen estos indios de Mapocho (2)
y todos los demás en esta comarca” (3) .
En voici le texte original. Je le fais suivre de ma traduction en français et de commentaires
sur le jeu. En annexe, on trouvera une traduction anglaise.
Su manera de juego de estos indios es de esta manera que en el suelo hacen una placita
pequeña, y por une parte de ella hacen una raya como una Ce al derecho y otra Ce
en contra al revés. Y en medio de estas dos Ces, digo en las cabezas, está un hoyuelo
pequeño, y por las dos Ces va por cada una de ellas diez hoyuelos más pequeños. Y ponen
por ellos piedras o maíces o palos, de manera que difieren en la color los unos de los
otros. Y desde fuera de este circuito hincan una varita de tres palmos y la cabeza de ella
cae en medio de este circuito de las Ces. Hacen de una varita de mimbre una O atada
allí, que será tan grande como una ajorca.
Siéntose los que quieren jugar, que son dos o cuatro compañeros, y no pueden jugar
más de cuatro. Y toman cuatro frísoles blancos, porque los hay de muchas colores y por
la una parte los tornan negros, y échanlos por de dentro de la mimbre que está en alto,